Au moins dix organisations de la société civile, entre autres, les universitaires, avocats, organisations des femmes et des jeunes ont appelé la population à manifester lundi 30 août dernier à travers le pays. La société civile du Soudan du Sud accuse ces deux personnalités d’avoir plongé le pays dans le chaos.

Dix ans après son indépendance, le Soudan du Sud demeure l’un des pays les plus pauvres de la planète. Les spécialistes de la Banque mondiale estiment que 82% de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté. Ce, malgré des réserves de pétrole dont regorge son sous-sol, et l’aide de la communauté internationale. Principales responsables: la guerre, l’insécurité, la corruption, et la rivalité alimentée par le président Sava Kiir et son vice-président Riek Machar.
Rajab Mohandis de l’organisation Coalition du peuple pour l’action, déplore que «quand ils gouvernent ensemble, rien ne bouge! ils ne sont d’accord sur rien. Et quant ils ne sont pas ensemble, ils se battent et sont responsables de souffrances, de destructions, et de nombreux décès des civils». Et ‘ajouter: «Plusieurs accords de paix ont été signés entre les deux hommes, à chaque fois ils promettent de travailler ensemble, et à chaque fois ces accords sont oubliés. Leur désaccord remonte à la guerre d’indépendance et continue jusqu’à aujourd’hui».
Trois ans après la signature du dernier accord, la situation politique n’a pas évolué positivement. Pour la société civile sud-soudanaise, les deux leaders font passer leurs intérêts personnels avant le pays. «Le président Salva Kiir a tellement peur d’être délogé qu’il passe son temps à essayer de se maintenir au pouvoir au détriment du pays. En plus, tous deux sont conscients que des crimes contre l’humanité ont été perpétrés. Et le jour où ils ne sont plus au pouvoir, ils pourraient être traduits en justice. De nombreux Sud-soudanais pourraient diriger ce pays mieux qu’eux. Il est temps de changer, car nos leaders ont échoué et nous ne pouvons pas plus continuer ainsi», martèle un des responsables de la société civile. Ces propos ont suscité la réaction d’un des hommes proches du pouvoir qui a mis en garde contre ce qu’il qualifie de «déclaration de guerre».
Toutefois, les élections générales au Soudan du Sud sont prévues pour 2023, selon l’accord de paix conclu entre les deux protagonistes tout le temps en conflit.

Gaule D’AMBERT