L’Université catholique d’Afrique centrale (UCAC) et l’Institut catholique de Yaoundé (Faculté de philosophie) en collaboration avec le Groupe interdisciplinaire de recherches sur l’Eglise (GIRES), le Laboratoire Ratzinger d’études francophones (LREF), le Cercle d’études et de recherches chrétiennes (CERC) et le Groupe Jogoo, philosophie Africaine, débats et questions ont organisé du 18 au 19 juillet 2024 à l’hôtel de l’ACERAC, à Brazzaville, un symposium international sous le thème: «Philosophie, synodalité et société, perspectives et enjeux africaines».
L’objectif a été de rassembler les évêques, les prêtres, les personnes consacrées, les hommes de lettres et de culture, les chercheurs, les universitaires, les séminaristes des deux grandes maisons de formation (théologat et philosophat), les étudiants, les journalistes et les fidèles laïcs du Christ autour de cette thématique. Une centaine de personnes venues de tous les horizons ont été conviées pour réfléchir sur la synodalité, concept cher au Pape François qui veut que tous convergent dans la même direction à l’instar des premières communautés chrétiennes qui vivaient ensemble.

La cérémonie d’ouverture a connu la présence de Mgr Roberto Lucchini, premier secrétaire à la Nonciature apostolique, représentant le nonce apostolique; de Mme Jacqueline Lydia Mikolo, ministre des Petites et moyennes entreprises et de l’artisanat, et de M. Valère Eteka Yemet, président de la Commission nationale des droits de l’homme. Mgr Bienvenu Manamika Bafouakouahou, archevêque métropolitain de Brazzaville et président de la Conférence épiscopale du Congo (CEC) a rappelé à l’ouverture des travaux que la synodalité est le chemin initié par le magistère de l’Eglise famille de Dieu.
Mgr Roberto Lucchini a, pour sa part souligné que c’était «une opportunité pour l’Eglise du Congo de focaliser sa réflexion sur un sujet d’actualité dont le Pape François attache du prix».
Mgr Abel Liluala, archevêque métropolitain de Pointe-Noire en sa qualité de parrain de ces journées scientifiques, a ouvert les travaux en expliquant que c’est une nouvelle vision de l’évangélisation de notre Eglise locale qui s’ouvre. Il a exhorté les participants à s’impliquer davantage dans cette démarche synodale comme le veut le Pape François afin de former un corps dynamique dans notre Eglise famille de Dieu où les évêques, les prêtres et les fidèles laïcs du Christ échangent, se parlent et s’écoutent.
La Lectio magistralis (leçon inaugurale) a été donnée par le professeur abbé Léonard Santedi Kinkupu, recteur de l’université catholique du Congo (UCC) en République Démocratique du Congo, sur la «synodalité et sa portée: dimensions personnelles, sociales et ecclésiales». Selon lui, le concept de synodalité est un processus ancien dans l’Eglise primitive où les premières communautés chrétiennes mettaient tout en commun. Il désigne un nouveau style de vie dans l’Eglise, celui de l’écoute et du partage (l’arbre à palabre, le Mbongui). Un nouveau chemin de conversion pour marcher ensemble avec la famille humaine guidée par l’Esprit-Saint pour avancer au large. C’est un mode de vie adopté par le peuple de Dieu pour manifester sa volonté de marcher ensemble avec d’autres composantes. C’est donc un acquis pour l’Eglise qui permet aux évêques, prêtres et personnes consacrées d’être à l’écoute mutuelle du peuple de Dieu pour collaborer ensemble.
Synode et Concile sont deux concepts intimément liés. Le synode est une assemblée restreinte qui regroupe un petit nombre de personnes, à l’instar de l’assemblée spéciale des ouvriers apostoliques (ASOA) comme synode diocésain tenue à Brazzaville en juin-juillet 2022. Le Concile est une grande assemblée qui regroupe tous les évêques du monde entier autour du Pape (Cf. Concile Vatican II de 1965).
Les différents panelistes ont abordé le concept de synodalité sous plusieurs angles: philosophique, anthropologique, social, théologique, historique et pastoral. La synodalité implique la formation du clergé et des laïcs. La famille en Afrique se fonde sur les valeurs de solidarité et de dialogue (l’arbre à palabre ou le Mbongui qui est un processus de dialogue et de résolution des conflits), comme qui dirait, l’union fait la force. La synodalité est le chemin de l’Eglise du 3e millénaire tracé par le Pape François. C’est un idéal et une source d’espérance pour faire participer tout le monde.
Le clou de ces journées a été le panel épiscopal qui a regroupé quatre évêques: NN. SS Abel Liluala, Urbain Ngassongo, Daniel Mizonzo et Ildevert Mathurin Mouanga, avec pour modérateur l’abbé professeur Brice Armand Ibombo, ancien secrétaire général de la CEC.
Mgr Abel Liluala a estimé que ce symposium était une belle opportunité de revisiter ensemble les problèmes qui se posent à notre société, car la synodalité renvoie à la communion fraternelle et à la collégialité.
Pour Mgr Urbain Ngassongo, la synodalité et la mission sont des concepts qui viennent renforcer l’efficacité missionnaire selon le charisme de chaque communauté. Elles offrent à l’Eglise la communion ecclésiale qui se manifeste à travers les cellules d’écoute dans les diocèses, les paroisses et dans les mouvements d’apostolat. Elles s’ouvrent aussi à l’œcuménisme à travers la Semaine de prière universelle pour l’unité des chrétiens.
Mgr Daniel Mizonzo a parlé d’une Eglise synodale qui prêche la fraternité et non la tribu ou l’ethnie.
Mgr Ildevert Mathurin Mouanga a rappelé les vertus de la famille africaine qui se base sur le Mbongui: l’arbre à palabre.
La fin des travaux a été marqué par l’invite du comité d’organisation à capitaliser les enseignements reçus.
Pascal BIOZI KIMINOU