Quelques jours après la publication de son rapport sur le Tchad, le Conseil de paix et sécurité (CPS) de l’Union africaine n’a toujours pas communiqué le contenu de ses décisions. Mais, quelques informations ont pu fuiter. Il n’y aura pas de sanctions contre la junte militaire tchadienne, mais une volonté affirmée d’accompagner le processus de transition.

Après avoir tergiversé pendant quatre semaines, le Conseil de paix et sécurité de l’Union africaine s’est séparé, vendredi 14 mai 2021, sur une position très conciliante pour le nouveau pouvoir. La mission d’enquête de l’organisation panafricaine préconisait pourtant, dans son rapport, d’exercer «des pressions» pour qu’on arrive, comme au Mali, à une transition conduite par un président civil et un vice-président issu de l’armée.
Mais cette recommandation n’apparaît plus dans le texte adopté par le CPS vendredi. Les nombreux soutiens de Mahamat Idriss Déby, à la tête du Conseil militaire de transition (CMT) et du pays, ont mis en avant la nécessité de «préserver la stabilité du Tchad et de toute la région», selon des sources au siège de l’organisation panafricaine.
Mais, pas question pour autant de lui donner un blanc-seing à la tête de l’Etat. Le CPS veut qu’il y ait «un partage équilibré du pouvoir» entre les militaires qui en ont le quasi-monopole et le gouvernement civil. Autre condition qui devrait faire l’affaire de l’opposition et de la société civile, cette fois: les membres du Conseil militaire de transition ne pourraient pas se présenter aux prochaines élections.
La mission de l’Union africaine affirme dans le rapport présenté au Conseil de paix et sécurité que le chef de la junte militaire au pouvoir, le général Mahamat Idriss Déby, leur a assuré que «les 15 membres du Conseil militaire de transition ne se présenteront pas aux prochaines élections, à la fin de la transition de 18 mois».
Le CPS a endossé cette promesse et a décidé de l’étendre à l’ensemble de tous les membres du gouvernement de transition, toujours selon nos sources, alors que la charte de transition est muette sur cette question.
L’Union africaine va donc nommer rapidement un envoyé spécial qui sera chargé notamment d’«aider le Tchad à rétablir l’ordre constitutionnel». Cela passe par l’organisation d’un dialogue national inclusif, qui doit aboutir à une charte de transition «amendée», la réconciliation nationale et une nouvelle Constitution pour le pays. Avec en point de mire l’organisation «d’élections libres, justes et crédibles» au bout d’une seule période de 18 mois, selon certaines sources.

Gaule D’AMBERT