L’amour du Christ l’a étreint, étant passé de la mort à la vie qui ne finit pas, car Mgr Nsayi ne vit plus pour lui-même aujourd’hui, mais pour son Sauveur. Dieu a béni le travail de son serviteur, étreint par l’amour de Jésus, si bien que dans sa souffrance, Mgr Nsayi opérait des transformations incroyables qui se sont produites aux yeux de tous ceux qui le côtoyaient.

En 2013, lors du Congrès sur la famille à Rome, nous étions avec quelques membres de la Communauté chrétienne pour l’éducation familiale (CCEF), il m’offrit le livre du père Michel Wackenheim: «Qui sont ma mère et mes frères» aux éditions du Cerf. Il insista sur la partie du mot «dehors» «Tes frères sont dehors». Toujours souriant et taquin, il me dit: «comment un frère qui est dans le Christ et avec le Christ peut-il être dehors, il écoutera tout l’enseignement du Christ dehors, et à quel moment recevra-t-il le Christ dedans». Cet enseignement m’avait beaucoup stimulé à la ponctualité aux exercices de piété et à l’Eucharistie. Ne pas être dehors à chaque rendez-vous avec le Christ, ne pas être dehors quand comme Marie, la sœur de Lazare, assise aux pieds de Jésus, elle écoutait attentivement et avec amour les paroles du Christ, je peux même dire, elle les «dévorait» passionnément.
Séduits au-dedans de nous par Jésus, nous sommes en mesure de sentir sa présence, voilà l’un des beaux stimuli qu’il m’a offert. Et, chaque fois que je lis la lettre aux Colossiens 3, 12: «Revêtez-vous comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, d’affection miséricordieuse, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience, vous supportant les uns, les autres», j’ai souvent une pensée pieuse envers Mgr Nsayi. Je voyais en lui, un autre Cardinal Emile Biayenda, humble, patient et miséricordieux. Il parlait peu, lentement et toujours avec beaucoup de douceur. Oui, nous dit le Seigneur dans Matthieu 12, 48-50: «Quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux Cieux, c’est lui mon frère, ma sœur, ma mère». Mgr Nsayi l’a vécu toute sa vie en aimant tout le monde sans distinction de races, peuples et nations. Partout où il est passé en Afrique et en Europe, il était aimé de tous et tout de suite intégré. A Rome, un Italien m’a confié qu’il était émerveillé de le voir, même souffrant, dire la messe avec sérénité, dévotion et persévérance. Il ne montrait jamais de signes de douleur et de fatigue, mais pourtant le connaissant malade, il le voyait supporter le tout dans le silence, sans se plaindre de quoi ce soit, ni gémir; parlant constamment de prières et de confiance dans le Seigneur.

Qui était Mgr Bernard Nsayi?
Né à Mindouli en 1943, de maman Julienne Bikodi et de papa Bernard Mboro. Il est le troisième fils d’une fratrie de six enfants dont deux filles: Céline Nsele et Suzanne Lahou, puis quatre garçons dont lui, Bernard N’sayi, Louis Miamingui Miyilama alias «Cranos», René Mboro et Jean Mboro.
Son père travaillait dans la Compagnie nationale du Chemin de fer Congo Océan en sigle «CFCO», un homme brave et plein d’entrain et sa mère, très travailleuse était très assidue dans la prière. Bernard Nsayi grandit à Pointe-Noire, dans le quartier Foucks au milieu des siens. Il fréquenta l’école primaire de Saint François, puis avec sa vocation sacerdotale très déterminante, il entra au Petit Séminaire de Mbamou de 1958 à 1964 pour le compte du diocèse de Pointe-Noire. Le directeur du Séminaire de Mbamou, le père Clément Piers, de la Congrégation des pères du Saint-Esprit (Spiritains), remarqua en lui: sa vive intelligence, sa promptitude et son obéissance. Chemin faisant dans sa formation de futur prêtre, il est admis au Grand séminaire Libermann de Brazzaville de 1965 à 1970 avec comme recteur, le révérend père Joseph Gross, également de la Congrégation des pères du Saint-Esprit.
Au milieu de tous, Il se fait remarquer par son sens de l’écoute envers les autres et l’amour de la lecture spirituelle. Un ancien séminariste en parlant de lui, disait: «il aimait échanger sur la parole du jour, commenter les récits des textes de l’Ancien Testament et il vous expliquait les Evangiles comme s’il se mettait à la place des Apôtres qui étaient avec le Seigneur» Et moi de reprendre: «il voulait devenir prêtre, donc il revêtait l’être du Christ en lui-même et je suis sûre que Jésus était fier de son Serviteur en herbe en ces temps-là.»
L’abbé Bernard Nsayi fut ordonné diacre en 1970 à Mindouli des mains de Mgr Emile Biayenda et reçut l’ordination presbytérale en la paroisse Saint François d’Assise à Pointe-Noire le 17 Juin 1971, par son évêque, Mgr Jean-Baptiste Fauret. Oui, en effet, tout était «Nsayi na Nsayi», le Peuple de Dieu fut comblé de joie comme le chanterait le psalmiste: «Seigneur, je rendrai grâce de tout mon cœur, je redirai toutes tes merveilles, tu me fais jubiler au comble de la joie (Nsayi), et je chante ton nom, Dieu très haut» (Ps.9, 1-3).
La même année de son ordination sacerdotale, son évêque Mgr Fauret, l’envoie poursuivre ses études bibliques à Rome de 1971 à 1975, puis il continue d’autres formations à Paris de 1975 à 1982 pour approfondir ses connaissances en sciences et en théologie. Il acquiert un bagage intellectuel bien fourni de haut niveau, mais le tout, dans une humilité la plus totale de sa personne: toujours discrète, toujours effacée. Nous l’avons connu ainsi; il était resté le même dans sa tenue d’humble Serviteur.
En 1984, il est nommé professeur en théologie au Grand séminaire de Brazzaville, ensuite, il devint secrétaire de la Conférence épiscopale du Congo de 1985 à 1988. Actif et plein d’entrain, il a le zèle apostolique et de ce fait, se voit nommer recteur du Grand séminaire de théologie de Brazzaville de 1988 à 1990 au cours de l’Assemblée plénière des Evêques du Congo tenue à Pointe-Noire du 18 au 24 avril 1988. Le Pape Jean Paul II, le nomme Evêque de Nkayi, le 7 juillet 1990 en remplacement de Mgr Ernest Kombo, qui fut nommé Evêque d’Owando. La devise de Mgr Bernard Nsayi nous reflète ce qu’il a été parmi nous: «Annuntiate Verbum Dei» «Annoncez la Parole de Dieu».
Nous nous souvenons qu’il avait choisi comme évêque consécrateur, Mgr Beniamino Stella, nonce apostolique en République Populaire du Congo (Rappelons entre autre que Mgr Beniamino Stella, né le 18 août 1941 à Pieve di Soligo en Italie, était créé Cardinal le 22 février 2014 par le Pape François, aujourd’hui, il est préfet de la Congrégation pour le clergé)). Les autres Co-Consécrateurs étaient NN. SS. Ignace Matondo Kwa Nzambi, CICM, évêque de Basankusu au Zaïre (RDC) (né le 12 avril 1932 à Bwamanda, religieux scheutiste Congolais, fondateur du groupe «Bilengé ya mwinda», Jeunes des Lumières en 1974, décédé le 9 septembre 2011 à Kinshasa) et Ernest Kombo premier jésuite Congolais, évêque d’Owando (ordonné prêtre par le Cardinal Emile Biayenda le 8 Juillet 1973 à la Basilique Sainte Anne du Congo, décédé le 22 octobre 2008 à l’hôpital Val de grâce à Paris et enterré dans la Cathédrale Sacré-Cœur de Brazzaville)
Serviteur de l’Evangile, témoin véritable du Christ, Mgr Bernard Nsayi, s’adonne à sa charge épiscopale et au travail pastoral sans relâche: Il est attentionné pour son clergé, les Mabundu, il visite les familles, les malades exhorte les jeunes de villages en villages. Il marche à pieds comme un vrai missionnaire pour vivre avant tout, un amour fervent, hospitalier les uns envers les autres, sans murmurer. C’est le pasteur qui sème le bon grain.
Il devint le président de la Conférence épiscopale du Congo entre 1993 et 1997 tout en assurant en même temps, la présidence de l’ACERAC (Association des Conférences épiscopales de la région d’Afrique centrale). Je me souviens que les Evêques étaient tous logés au Grand séminaire Emile Biayenda, les commissions étaient établies et Mgr Nsayi qui coordonnait toutes ces commissions, nous invitait chaque soir de faire le point avec lui. J’étais en charge de la Commission logement. Ce fut un grand succès à la clôture de cette grande retrouvaille épiscopale. Le 9 décembre 1999, il crée la Communauté chrétienne pour l’éducation familiale (CCEF) en vue de la formation des familles et des couples.
Nous nous souvenons que pendant son ministère épiscopal à Nkayi, tout n’était plus toujours rose après les guerres fratricides que notre Peuple a connues. Il avait souvent subi les humiliations de toutes sortes, des insultes et des injustices; mais, il supportait tout dans la prière et l’abnégation. Sa santé avait pris un coup et c’est le 16 octobre 2001 qu’il demande à se retirer de son diocèse et devenir ainsi, évêque émérite de Nkayi, où il est remplacé par Mgr Daniel Mizonzo, actuel président de la Conférence épiscopale du Congo.
Mgr Nsayi a vécu presque plus de 20 ans, en Italie, malade en serviteur souffrant, souvent crucifié. Il priait beaucoup pour sa patrie, son beau pays le Congo qu’il chérissait tant. Toujours à l’affût des nouvelles de ce qui se passait dans sa terre natale. Il offrait sa vie et sa santé entre les mains de Dieu, la Vierge Marie et du bon Cardinal Emile Biayenda auquel il portait à bras le corps, la Cause de Béatification et de Canonisation.
Résident à Rome, Mgr Bernard Nsayi a œuvré à la paroisse de la Transfiguration comme coopérateur auprès de son ami d’étude biblique Mgr Giovanni Battista Pansa. Toujours disponible quand il pouvait et généreux à tout moment, il participait également comme membre actif à la Communauté congolaise de Rome. Le 29 août 2020, il revint au Congo pour renouveler son passeport et durant son séjour, il eût à s’entretenir avec certains membres de la CCEF. Il les exhorta en ces termes: «J’ai eu cette occasion de venir vous dire adieu… Je vis à Rome. Condamné à Rome avec la maladie; Peut-être qu’on ne se verra plus».
En effet, c’était son départ pour toujours de la terre Congolaise. Le décès de Mgr Bernard Nsayi, Evêque émérite de Nkayi, était annoncé par Mgr Daniel Mizonzo, par un communiqué. Décédé, à l’âge de 78 ans, le vendredi 12 février 2021 au Centre Polyclinique Gemelli de Rome en Italie, il a été inhumé dans la même ville, le samedi 13 mars après la messe célébrée à la Basilique Saint Lorenzo, hors-les-murs de Rome.
Nous supplions la tendresse et la miséricorde de Dieu pour notre frère et bien-aimé pasteur: Mgr Bernard Nsayi, qui nous laisse ce merveilleux et bref message: «Prions toujours pour le Congo, notre héritage commun».
Requiescat in pace! Amen.

Sr /Dr Marie Brigitte
YENGO, DC, MD
Présidente de la Fondation Cardinal Emile Biayenda (FOCEB)

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