Le décès de notre collègue Gislain Wilfrid Arsène Boumba laisse tout le monde en émoi. Le mercredi 21 août 2024, lorsqu’un proche me téléphone de Brazzaville pour m’annoncer que Willy photo vient de nous quitter, douleur et consternation me saisissent. Alors que ce jour-là, je suis en train d’attendre la levée de corps de ma sœur Victorine Ngouma à la morgue municipale de Nkayi. Double tristesse!
Aussitôt, j’informe la rédaction de La Semaine Africaine qui naturellement, réagit avec étonnement. Le journal décide de dépêcher l’un de nos collègues au domicile de Willy à Diata, pour s’enquérir des circonstances de son décès inopiné; lui qui la veille avait téléphoné pour dire qu’il ne se sentait pas bien et ne pouvait pas rejoindre l’équipe pour la mise en page de l’édition du journal à paraître vendredi 23 août. Tout le monde est affligé!
Appels téléphoniques et messages de condoléances fusent de partout. Tout le monde veut savoir de quoi est mort ce photographe qui ne passe jamais inaperçu. Lorsqu’il est à un reportage, il attire l’attention de tous, de par son activisme et son agilité toujours incomparables. Son métier de photographe bien plus que celui de journaliste lui confère une célébrité et une audience incontestables.
Willy arrive à la rédaction de La Semaine Africaine au milieu des années 2000, comme collaborateur externe. Son premier grand reportage fut sans doute la couverture des ordinations de huit prêtres du diocèse d’Owando le 26 juin 2005, que Mgr Ernest Kombo décide de conférer cette année-là, à Djambala, dans le département des Plateaux. L’actuel recteur du Grand séminaire de théologie Cardinal Emile Biayenda de Kinsoundi, l’abbé Barthel Christel Ganao faisait partie du groupe.
Le défunt Médard Samba-Tsinda et moi le recevons au sein de la rubrique «Religion» devenue «Vie de l’Eglise» dont nous avons la responsabilité. Nous l’avons ainsi aidé à s’insérer dans l’équipe. Nous avons déniché Willy d’abord comme photographe, parce qu’il venait livrer les photos au journal et nous permettait d’être au courant de certains faits d’actualité. Puis, à travers le bulletin «Le Ressuscité» de la paroisse Jésus Ressuscité où il signait sous le pseudonyme de Guy Anselme Boulemvo. Avec Médard Samba-Tsinda, nous reprenions tantôt ses articles dans La Semaine Africaine, tantôt nous lui demandions de le faire lui-même, pour nos lecteurs. Plus tard, en 2008, le directeur de l’époque Joachim Mbanza le découvre. Un jour, il l’invite à participer à la conférence de rédaction et depuis ce jour, il l’admet au sein de l’équipe pour la qualité de sa plume qu’il appréciait déjà sans l’avoir connu.
C’est un personnage à la mémoire d’éléphant, capable de vous rappeler certains événements avec exactitude et dans les moindres détails. Comme un autre de nos anciens décédé avant lui, Martin Charlemagne Borel Boukaka «Bay», Willy connaissait les noms de presque tous ses contemporains dans leur intégralité, et possédait les numéros de téléphone de bon nombre de gens. Tant de fois, il nous aidait à joindre sans peine beaucoup de nos contacts. Surtout au niveau de l’Eglise où il a beaucoup semé.
Parmi ses nombreux articles dans les colonnes de ce journal, il y a ceux consacrés aux funérailles des ouvriers apostoliques qu’il signait avec frénésie et fierté. Avec humour, nous l’appelions le reporter des cérémonies funéraires. Il acceptait et supportait avec fair-play nos critiques, blagues et moqueries qui constituent l’ambiance de la rédaction. Au sein du journal, il savait manifester sa présence par des faits et gestes propres à lui. Il était un peu grimaçant. C’est peut-être là l’autre belle manière d’évoquer la mémoire de Willy.
Willy a servi l’Eglise, notre Eglise avec zèle et dévouement. Mais surtout, il l’a aimée jusqu’au bout. Il a sillonné les diocèses du Congo. La couverture des 80 ans de la basilique Sainte Anne du Congo à Brazzaville coïncidant avec la célébration de la Journée du Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et Madagascar (SCEAM) le dimanche 28 juillet 2024 est son dernier grand reportage. Collaborateur pigiste pendant longtemps, c’est sous le directeur actuel Albert Mianzoukouta qu’il est recruté comme agent permanent.
Cher Willy, parfois tu m’appelais affectueusement: cher homonyme. Merci pour la qualité de tes articles et pour ta contribution à la vie de notre journal, qui ce mercredi 4 septembre, jour de ta mise en terre célèbre ses 72 ans.
Va et repose en paix!
Aristide Ghislain
NGOUMA