Il s’appelait Luca Attanasio et était âgé de 43 ans. Il a perdu la vie dans l’attaque d’un convoi humanitaire du Programme alimentaire mondial (PAM) à Goma, lundi, dans le Nord-Kivu, en République Démocratique du Congo. Atteint de plusieurs balles à l’abdomen, Luca Attanasio est décédé de ses blessures à l’hôpital de la Monusco, la mission de paix de l’ONU en République Démocratique du Congo, où il avait été conduit en urgence.

Des premiers éléments diffusés par la Farnesina, le ministère italien des Affaires étrangères à Rome, on apprend que les assaillants, des hommes armés non-identifiés, s’en sont pris au convoi dans une tentative apparente de rapt. L’est de la République Démocratique du Congo, voisin du Rwanda et de l’Ouganda, est plongée dans l’effet domino de l’instabilité qui a touché le Rwanda avec le génocide de 1994. Elle a conduit à l’éparpillement au Congo de nombreux groupes armés dont certains qui cherchent à renverser les régimes des pays voisins, non seulement le Rwanda mais aussi le Burundi et l’Ouganda. D’ailleurs à Kinshasa, on n’hésite pas à attribuer à une milice hutu la paternité de l’attaque du lundi 22 février.
Dans cette attaque, un gendarme (carabinier) italien de 33 ans ainsi que le chauffeur du PAM ont été tués. A Rome, le ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio, a fait part de son émotion en présentant ses condoléances aux familles des victimes et au corps légendaire des carabiniers. «Nous nous employons à rechercher les détails et à rapatrier rapidement les corps des victimes en Italie», a-t-il déclaré à la presse. Le Président Sergio Mattarella quant à lui a condamné «une attaque barbare» largement condamnée avec la même fermeté à travers l’Europe.
La région volcanique des Grands Lacs d’Afrique se fait une mauvaise réputation, y compris de violation de l’immunité des diplomates. En 1993 déjà, en République Démocratique du Congo, l’ambassadeur francais Philippe Bernard avait été assassiné. Le 29 décembre 2003, c’était au tour du Burundi de marquer un primat monstrueux avec l’assassinat du nonce apostolique (ambassadeur du Vatican) Mgr Michael Aidan Courtney, d’origine irlandaise à Bujumbura, en pleine mission de paix. L’Italien Luca Attanasio, est donc le troisième ambassadeur à perdre la vie sur le terrain dans cette région.
Le plus révoltant est qu’il a été, en quelque sorte, victime d’un altruisme que tout le monde s’accordait à lui reconnaitre. Il était littéralement tombé amoureux de la République Démocratique du Congo et s’était largement dépensé dans la cause des enfants marginalisés et affamés. Le convoi du PAM dans lequel il se trouvait se rendait à Rutsuru, pour porter de l’aide aux populations déplacées par la guerre et les violences au Nord-Kivu.

Albert S.
MIANZOUKOUTA