Le Centre d’actions pour le développement (CAD), une organisation de défense des droits de l’homme, a organisé mardi 14 février 2023 à Brazzaville un déjeuner de presse pour échanger sur la mesure de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) interdisant aux pays membres d’exporter le bois en grumes. L’entrée en vigueur de cette décision était prévue au 1er janvier 2023. L’initiateur de ces retrouvailles, Trésor Chardon Nzila Kendet, directeur exécutif du CAD, a réuni un parterre de journalistes venus de la presse publique et privée. Ce débat a permis d’analyser l’intérêt de cette obligation et d’en dégager une appréciation sur son applicabilité.

Une vue des journalistes
Une vue des journalistes

Les chefs d’Etat et de Gouvernement de la sous-région CEMAC se sont engagés à valoriser la filière bois pour sa transformation sur le plan local, en vue de diversifier les économies des pays membres.
La directive de cette organisation prise en 2020 fait obligation aux Etats membres de bannir l’exportation du bois sous forme de grume, afin de créer une valeur ajoutée par la transformation du bois localement.
Cette décision devait entrer en vigueur en 2022. Malheureusement, certains Etats n’étaient pas prêts au respect de cette obligation. Ainsi, l’entrée en vigueur de la mesure a été reportée au 1er janvier 2023. Avec les craintes manifestées par quelques pays, les chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEMAC s’étaient retrouvés en octobre 2022 de nouveau pour prendre une décision définitive.
Le Gabon, pays pionnier de cette décision, applique la mesure depuis 2010. D’ailleurs, Trésor Chardon Nzila Kendet a révélé que les autorités congolaises lui ont emboîté le pas. Le Gouvernement, par l’entremise du ministère de l’Economie forestière, est engagé dans cette décision. «Dans cette lancée, le directeur général du port autonome de Pointe-Noire a, également pris une directive pour que le bois ne sorte plus sous forme de grume par le port. Notre organisation qui a en son sein le volet développement, a apprécié cette bonne volonté des autorités congolaises comme quelque chose de positive. C’est ainsi qu’avec les autres organisations au niveau de la sous-région, nous nous sommes organisés en coalition pour mener une campagne qui appelle les Etats membres de la CEMAC à ne pas hésiter à appliquer cette directive. Les pays gagneraient si cette mesure était appliquée», a-t-il déclaré.
Selon le directeur exécutif du CAD, les experts de la Banque africaine de développement (BAD) ont fait une étude sur le sujet. Ils ont estimé que «si le bois est transformé localement, beaucoup d’emplois directs et indirects seront créés».
Le CAD, a-t-il dit, est engagé à soutenir cet élan du Gouvernement.
Le Congo est le premier pays d’Afrique centrale à se doter d’une loi obligeant les entreprises forestières à transformer 85 % de leur production de grumes sur place depuis 2000. Cette transformation va dans le sens de répondre à une attente, d’abord celle de la lutte contre le chômage. Le bois a été la première source de revenus du budget d’après les indépendances.
Le Gabon a déjà atteint à transformer jusqu’à 65 % de sa production de grumes sur place.

Philippe BANZ