Deux organisations, le Centre d’actions pour le développement (CAD) et l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH), s’inquiètent d’une répression menée à Brazzaville conjointement par la Direction générale de la sécurité présidentielle (DGSP) et la Garde républicaine (GR) pour punir des bandits présumés communément appelés «bébés noirs». Selon ces deux organisations, la répression se serait déjà soldée par de «graves violations des droits humains».
Depuis plus d’une semaine, la DGSP et la GR mènent en effet des actions d’envergure dans plusieurs quartiers de la capitale congolaise, officiellement contre les ‘’bébés noirs’’ qui y sèment la terreur. Dans une déclaration publiée mardi 30 septembre 2025, à son siège, le CAD a estimé qu’il s’agit plutôt d’une «opération criminelle». En se basant sur des témoignages et vidéos diffusés sur les réseaux sociaux, l’ONG a fait allusion à «des exécutions sans procès ni jugement dans un climat d’impunité totale». Guerschom Gobouang, le responsable Programme, campagne et plaidoyer de cette organisation, a même déclaré qu’il y aurait eu déjà, d’après un décompte disponible, «au moins une dizaine d’exécutions extrajudiciaires».
Ainsi donc, l’organisation a condamné «avec la plus grande fermeté» cette opération, exigé son «arrêt immédiat» et même demandé au Procureur de la République, qui est la plus haute autorité du ministère public, d’engager «des poursuites judiciaires contre les responsables hiérarchiques et opérationnels impliqués». Pour le CAD, en effet, toute opération de sécurité doit respecter la loi, la justice et les droits humains. Ce qui ne serait pas la situation, dans ce cas précis. L’organisation reste, a laissé entendre ses responsables, «mobilisé pour défendre la vie, la justice et la dignité pour tous en toute circonstance».
Pour sa part, l’OCDH reconnait «la nécessité de lutter contre le grand banditisme». Toutefois, elle estime que «la DGSP n’a aucune compétence légale pour conduire des opérations de maintien de l’ordre, une mission normalement confiée à la police nationale». Elle affirme que «le recours à une force présidentielle dans un cadre aussi sensible constitue une violation grave du principe de séparation des pouvoirs et du cadre juridique congolais, et une telle sortie remet en cause la légalité de l’intervention et l’équilibre institutionnel».
L’OCDH déplore, en outre, le fait que l’opération «n’ait pas bénéficié d’une communication suffisante et donne actuellement lieu à des violations graves des droits humains en contradiction avec l’article 3 de la Déclaration universelle des droits de l’homme».
Ph. B.







