‘’Mes larmes coulent en silence’’, tel est le titre du livre écrit par Ludovic Julien Kodia. Maes larmes ont également coulé lorsque Natacha Ngoye bat le record de toutes les séries du 100 m dames aux JO de Tokyo, arrive en quart de finale pour être éliminée par la suite, alors que cette dame est prédisposée à devenir la haute fierté du Congo en athlétisme. Parmi les raisons évoquées de l’échec figure, entre autres, le manque récurrent de préparation. La crainte est aussi du côté du football avec l’AS Otohô et Diables-Noirs qui participent aux compétitions africaines sans une préparation ambitieuse.
Déjà d’actualité, le Congo va célébrer le 50e anniversaire du sacre des Diables-Rouges à Yaoundé en 1972, le 5 mars 2022.
La victoire historique de cette équipe glorieuse ne peut pas se conter uniquement par la conclusion, mais naturellement par les étapes des introduction et développement que j’évoque en partie sur sa préparation scientifique, déjà à cette époque, en mettant un accent particulier sur les périodes et dates.
Une fois que la Fédération de football présidée par Gilbert Thomas Mankoundia (+) fut en possession du calendrier des matches éliminatoires face au Nigeria (8 et 22 novembre 1970), quatre regroupements sont planifiés pour les préparer.
Le premier regroupement de 9 jours se passe à Makabana du 5 au 13 août 1970. Le deuxième au Lycée technique de Brazzaville est de 12 jours, du 22 août au 2 septembre. Le troisième à l’ENS est de 5 jours, du 6 au 10 septembre, enfin le dernier, au Lycée Central est de 10 jours du 21 au 30 octobre 1970, soit un total de 36 jours, le tout, ponctué par un match amical en partance pour le Nigeria, face au Dahomey (actuel Bénin) le dimanche 1er novembre 1970. Le Nigeria et le Congo font jeu égal (0-0) à Ibadan. Au match retour le Congo élimine le Nigeria par 2 buts à 1 ; les deux buts sont inscrits par Emmanuel Mayanda (+).
Le deuxième adversaire est la Côte d’Ivoire pour des matches retenus les 4 et 18 juillet 1971. Deux regroupements de 47 jours sont programmés, dont le premier à Makabana de 7 jours (du 3 au 9 mars) ponctué d’un match amical à Yaoundé, le dimanche 14 mars 1971 face au Cameroun (perdu 7-1, but de Ndouly ‘’Ryno’’). Le deuxième regroupement dure 40 jours, du 8 juin au 17 juillet 1971. Il se passe au Stade de la Révolution. Le Congo est battu (2-3) à Abidjan, deux buts signés encore Emmanuel Mayanda (+), mais le Congo élimine la Côte d’Ivoire à l’issue du match retour disputé le 18 juillet 1971 à Brazzaville par 2-0 (Buts de Paul Moukila et François M’Pelé). Ainsi le Congo est qualifié pour la phase finale de la CAN qui va se dérouler au Cameroun du 23 février au 5 mars 1972.
La Fédération congolaise, organe technique du ministère des Sports, par le biais de la Commission technique composée des Michel Oba, Adolphe Bibanzoulou ‘’Amoyen’’ et Désiré Mayala ‘’Larbi’’, convoque 23 joueurs pour un seul regroupement planifié en trois phases. Les joueurs sont logés dans l’enceinte du Stade de la Révolution (actuel Massamba-Débat) pour une préparation de plus de 100 jours, donc plus de 3 mois, de novembre 1971 au 18 février 1972.
Lors de la première phase, l’équipe nationale livre à domicile des rencontres avec les équipes locales et l’AC Ajaccio de France (25 décembre 1971 à Brazzaville: 5-2, et 27 décembre 1971 à Pointe-Noire: 1-2). A la deuxième phase, elle se déplace en Afrique de l’Ouest où elle en découd successivement avec le Sénégal qu’il bat 2-0 (Buts de Moukila et Ndouly) le dimanche 9 janvier 1972 à Dakar, et la Guinée, battue aussi le mercredi 12 janvier à Conakry (1-0, but de Moukila). Enfin, à la troisième et dernière phase les matches ont lieu à domicile, d’abord un match nul (0-0) face à Botafogo du Brésil (l’équipe du champion du monde 1970 Jaïrzinho) le 30 janvier 1972, et un autre match nul (2-2, buts de Mayanda et Matongo ‘’Secousse’’) contre la Guinée le 7 février.
Ainsi, la victoire des Diables-Rouges à Yaoundé en 1972 s’est préparée globalement en près de 200 jours, plus de 6 mois. Aujourd’hui, ces héros hors-pairs devenus courbés sous le poids de l’âge ne méritent-il pas un confort après tant d’effort 50 ans plus tard ?
Le Congo regorge de potentiels champions qui, malheureusement, continuent de sommeiller par manque de préparation prélude aux compétitions.
Alors, avec un peu d’humilité et de professionnalisme, le Congo gagnerait de nouveau une deuxième étoile fièrement flanquée sur le maillot national.

Augustin NDOULI ‘’Ryno’’
(Diables-rouge ‘’Yaoundé 72’’