Si les choses restent en l’état, la prochaine élection présidentielle, en mars, aura tout d’une consultation sans grand enjeu. La décision annoncée par l’UPADS, de ne présenter aucun candidat à cette échéance électorale et de n’en soutenir aucun, pourrait ôter tout son crédit à cette consultation majeure. Ce serait même pire qu’un boycott électoral. Car la plupart des grands leaders de l’opposition ont fait savoir leur refus d’aller au vote.
De Paulin Makaya à Claudine Munari, en passant par Clément Miérassa, tous ont dit leur refus de participer à une élection dont le résultat, soutiennent-ils, est connu d’avance : la victoire du PCT au pouvoir. Du coup, l’objectif affiché d’une victoire au premier tour de son candidat, le Président Denis Sassou-Nguesso, sera effectivement atteint, mais sans doute avec moins de panache.
La partie de l’opposition qui refuse de se présenter au vote (mais pas de voter) pourra gloser sur la victoire d’un candidat vainqueur sans avoir eu à faire à forte partie. Le match, effectivement, est gagné avant même d’avoir commencé. Une telle attitude aurait la faculté de ne pas jeter sur la route les militants qui voudraient voter contre ceux qui militeraient pour un refus actif. Que ceux qui veulent voter le fassent, librement, pour le candidat de leur choix.
Pour la partie de l’opposition qui a annoncé qu’elle présentera un candidat: l’UDH-Yuki de Guy-Brice Parfait Kolélas en tête ou l’UPRN de Mathias Dzon, par exemple, tout sera dans l’habileté à fédérer leurs forces. Et à former un front commun solide face au PCT qui ne doute pas de sa victoire programmée. Il leur appartiendra de ne pas persister dans l’émiettement de leurs voix pour peser suffisamment et influencer, au moins, le résultat final.
L’égo est la «vertu» la mieux partagée de la classe politique congolaise. Il est celui contre qui sont venues se fracasser les ambitions unitaires les plus affirmées. Il a facilité aussi la consolidation des partis ayant pignon sur rue et qui se sont liés, de manière opportuniste, au parti dominant. Les «je», les «moi» ont fait plus pour retarder l’avènement d’une démocratie mature dans notre pays. Alliés au tribalisme de toujours, ils ont mis sous l’éteignoir l’affirmation des originalités politiques qui auraient pu porter du nouveau sur la scène politique.
Nos Evêques le disent : l’alternance n’est pas un mal dans un pays où la répétition des mêmes scenarios politiques, la présence immuable des mêmes acteurs aux mêmes postes, donnent l’impression d’un immobilisme inné. Il faut donner sa chance à la nouveauté en le faisant par un vote libre, et ne pas tomber dans la naïveté de croire que ce qui est nouveau sera forcément porteur de progrès.
Dans tous les cas, nous nous apprêtons à vivre une élection où opposition et majorité sont appelées à user d’intelligence pour ne pas sombrer dans les caricatures habituelles. Cette fois-ci, il ne s’agira pas de forcer à aller au vote ni d’empêcher a y aller, mais de montrer le véritable état des forces hors des artifices et des appâts habituels de l’argent et des tee-shirts. Tentons le coup: essayons de voter en toute quiétude, compilons et proclamons des résultats qui seront l’expression du sentiment véritable du souverain primaire, et voyons ce qui se passera. Votons quand même. Impossible ?

Albert S. MIANZOUKOUTA