C’est dans la salle Fustel de Coulanges de l’Université de Strasbourg que l’abbé Parfait Blaise Louthé, prêtre de l’archidiocèse de Brazzaville, a brillamment défendu sa thèse de doctorat en droit canonique, lundi 13 juin 2022, portant sur le thème: «Prédication et droit à la liberté d’expression religieuse à partir des deux Congo», devant un jury composé de quatre membres, à savoir M. Patrick Valdini, président; Mme Anne Bamberg, directrice de thèse; M. Emmanuel Tawil, rapporteur; M. Camille Kuyu, membre; et en présence de quelques amis venus de différents horizons.

C’est au bout de deux heures environ de débats que le jury a validé la thèse de l’impétrant qui, dans un langage limpide, a justifié le choix de son thème de travail scientifique dont il a présenté l’ossature. Le choix du thème de cette thèse jaillit du regard de l’impétrant sur la société congolaise et du cri de cœur de ses habitants, en accordant une attention particulière sur les libertés fondamentales, notamment la liberté d’expression pendant les prédications. L’impétrant s’est posé la question de savoir si la prise de parole des ministres ordonnés catholiques des deux Congo est-elle faite en toute liberté au cours des prédications.

L’abbé Louthé devant le jury
L’abbé Louthé devant le jury

En effet, l’impétrant a abordé la thématique de la prédication et du droit à la liberté d’expression religieuse qui est d’une importance capitale, à une époque où dans l’actualité du monde en général et en particulier celle de la République du Congo et de la République démocratique du Congo, la question de la protection des droits fondamentaux refait surface au cœur des débats du monde séculier et ecclésial. Cette thèse met surtout l’accent sur la liberté d’expression pendant la prédication. Prenant appui sur certaines dispositions du droit canonique (Can. 768-§1-2;Can. 769) pour une analyse théologique, l’impétrant propose des éléments susceptibles de favoriser l’annonce de l’Évangile de Jésus-Christ, de la Bonne Nouvelle de l’espérance en République du Congo et en République démocratique du Congo.
Par ailleurs, il plaide pour que la prédication communique ‹‹aussi aux fidèles la doctrine qu’enseigne le magistère de l’Église sur la dignité et la liberté de la personne humaine, ainsi que sur les choses temporelles à organiser selon l’ordre etabli par Dieu›.
L’impétrant a ensuite fait noter que la protection des droits fondamentaux tout comme la protection de la dignité humaine font partie intégrante de la mission évangélisatrice de l’Église universelle et de l’Église famille de Dieu qui est en République démocratique du Congo et en République du Congo. Il a également souligné que l’Église et l’État sont deux entités différentes. Chacune a son propre espace d’autonomie. Mais ils ont un point commun de rencontre; ce point c’est l’homme et la société. L’Église et l’État, dans le contexte des deux Congo, sont au service de la même personne humaine et de la même société. Pour remplir cette mission à bon escient, selon l’impétrant, une franche collaboration entre les deux entités demeure indispensable. Il s’agit de collaborer au travers d’un dialogue sincère, de surmonter toutes les difficultés avec patience, en faisant montre d’une bonne compréhension réciproque et d’une capacité de converser dans la sincérité. Car, a conclu l’impétrant, l’Église catholique est une précieuse collaboratrice de l’État dans la promotion de l’harmonie sociale et de la recherche du bien commun, pour lesquelles la liberté religieuse et la prise en compte de sa dimension politique s’avèrent impérieuses. L’Église dans les deux Congo reste en première ligne pour servir la population dans les différents domaines de son action pastorale, de l’éducation à la santé, en passant par la dimension catéchétique, caritative et liturgique.
En somme, après délibération, le jury a décerné le grade de docteur en droit canonique à l’abbé Parfait Blaise Louthé, tout en le félicitant pour la pertinence, l’originalité et l’actualité de sa thèse, rédigée avec clarté et logique. Ces différentes observations du jury sur la thèse de l’impétrant ont suscité des ovations spontanées de la part de l’assistance qui à son tour a souhaité bon vent au nouveau canoniste, pour le service de Dieu et de l’Eglise qui est au Congo-Brazzaville.

Abbés Éric Béranger NSONDE et Séraphin KOUALOU-KIBANGOU (Pôle talie)