Dans une note de position datée du 18 octobre 2024, la Rencontre pour la Paix et les Droits de l’Homme (RPDH) appelle à la transparence et à la divulgation immédiate des résultats des tests de plombémie effectués sur les populations riveraines et les travailleurs de l’usine METSSA Congo. Ces tests, réalisés suite à des préoccupations concernant les risques de pollution au plomb, révèlent, écrit la RPDH, « des niveaux alarmants de contamination, dépassant largement les seuils tolérables. Malgré la suspension des activités de la fonderie pour des risques avérés sur la santé publique, les résultats de la contre-expertise tardent à être publiés, créant un climat d’incertitude pour les populations affectées ». Nous publions l’intégralité de ce document.

CONTEXTE
Implantée à proximité d’une école, en plein quartier résidentiel à Vindoulou, dans la périphérie de Pointe-Noire (République du Congo), la fonderie METSSA Congo Sarlu a été mise en demeure pour une durée de trois (03) mois, en août 2020, par les autorités compétentes en raison de non-conformité environnementale. Une décision du ministre de l’Environnement et du Tourisme portant levée des mesures administratives contre la société mise en cause a recommandé la conformité aux normes environnementales en vigueur.
Quatre ans plus tard, en dépit des mesures correctives mises en œuvre par METSSA Congo et des contrôles réguliers effectués par les services habiletés, il a été décidé le 17 juin 2024, la suspension totale des activités de la société METSSA Congo par la ministre de l’Environnement, du Développement durable et du Bassin du Congo, pour risque majeur avéré des activités de la fonderie pour la santé de l’Homme et pour l’environnement .
A la suite de l’arrêté ministériel entérinant la suspension et publié au journal officiel , une décision instituant une mission d’enquête sur la pollution induite par les activités de recyclage des batteries usagées au plomb et de métaux non-ferreux de l’usine METSSA Congo a été prise. Ces différents développements ont été accueillis avec enthousiasme par l’opinion publique.
A cet égard, la RPDH par courrier adressé à madame la ministre de l’Environnement, du Développement durable et du Bassin du Congo, a exhorté l’autorité compétente à prendre des mesures complémentaires visant à garantir l’intérêt général des populations et la sauvegarde de la santé publique.

ANALYSE DE LA SITUATION
Réagissant à la suite de la décision ministérielle portant institution de la mission d’enquête multipartite sur la pollution liée aux activités de la fonderie METSSA Congo à Vindoulou, la Rencontre pour la Paix et les Droits de l’Homme (RPDH) a publié une déclaration appelant à une enquête impartiale, sans biais potentiel ni conflit d’intérêt pour garantir les droits des populations.
Ainsi, dans le cadre du suivi de ladite mission, Christian Mounzeo, Coordonnateur National de la RPDH a recommandé « la transparence et la mise à disposition auprès de toutes les parties prenantes impliquées, des résultats de la contre-expertise des tests de plombémie réalisés sur un échantillon des travailleurs de METSSA et des populations riveraines, le 12 août 2024. Le manque de communication autour de ces résultats pourrait être interprété comme un mauvais signal quant à l’intégrité des résultats et la manifestation de la vérité ».
Il convient de rappeler que la mission d’enquête multipartite implique plusieurs parties prenantes, qui devraient travailler ensemble pour investiguer et analyser la situation décriée. Force est de constater l’évidente marginalisation d’une partie prenante par les représentants gouvernementaux qui par ailleurs détiennent les résultats de la contre-expertise sans remettre copie aux représentants des populations riveraines de la fonderie METSSA depuis plusieurs semaines.
Considérant que la santé est un droit fondamental qui doit être garanti pour tous d’une part, d’autre part que chaque personne a le droit d’être informé sur son état de santé ;
Considérant que les riverains de la société METSSA Congo, partie prenante à la mission d’enquête sont en droit d’être informés des résultats de la contre-expertise de plombémie réalisée sur l’échantillon de dix (10) personnes dont des enfants et des femmes ;
Considérant que ces résultats d’analyse du laboratoire devraient permettre de révéler s’il y a un problème de santé publique avérée pour une meilleure prise en charge des populations ;
La publication desdits résultats de tests de plombémie est désormais urgente et indispensable.
Pour mémoire, en mars et juillet 2023, des tests de plombémie ont été réalisés sur trois (03) échantillons respectivement de quinze (15), trois (03) et dix (10) personnes parmi les populations riveraines de l’usine METSSA Congo. Les résultats d’analyse du laboratoire ont révélé des taux de plomb dans le sang au-delà du seuil tolérable à toutes les personnes dépistées, soit un taux de prévalence de 100%.
Par ailleurs, l’analyse d’un échantillon de matières particulaires recueillies aux alentours du site de l’usine METSSA a révélé une forte teneur de plomb.
L’inhalation et l’ingestion des poussières et particules plombées rejetées par l’usine METSSA aux pratiques non conformes aux normes édictées par la réglementation en vigueur au titre des installations classées est incontestablement la cause principale de l’intoxication avérée des populations riveraines.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), « Le plomb est une substance toxique qui s’accumule dans l’organisme et a une incidence sur de multiples systèmes organiques. Il est particulièrement nocif pour les jeunes enfants. Le plomb se diffuse dans l’organisme pour atteindre le cerveau, le foie, les reins et les os » .

CONCLUSION

La situation des populations riveraines de METSSA Congo, exposées pendant plusieurs années aux effluves de plomb est véritablement un scandale. environnemental aux conséquences irréversibles sur la santé humaine et sur l’environnement.
Il y a urgence sanitaire au regard des taux alarmants enregistrés, d’où la nécessité de divulguer les résultats de la contre-expertise pour une réponse adaptée et consensuelle à la situation actuelle.

RECOMMANDATIONS
La RPDH réitère son attachement en faveur de la défense des droits des riverains dans l’intérêt général des populations et recommande :
A la mission d’enquête de :
 Publier et divulguer les résultats de la contre-expertise de plombémie de manière diligente.
Au Gouvernement :
 Délocaliser la fonderie METSSA Congo ;
 Décontaminer le site de l’usine et ses environs ;
 Œuvrer pour la prise en charge médicale des populations riveraines ;
 Veiller à la réparation du préjudice subi par les populations.