Plus de trois mois après la nomination du nouveau Gouvernement, Claudine Munari, présidente du Mouvement pour l’unité, la solidarité et le travail (MUST), est sortie de sa réserve. Dans une déclaration, elle s’en est pris au Gouvernement d’Anatole Collinet Makosso qui, selon elle, «n’a accompli aucune réalisation visible. Son discours officiel renchérit sur les promesses de campagne comme si celle-ci devait durer indéfiniment. Les Congolais attendent des actes, on leur sert des discours et des déclarations», a déclaré l’opposante.

La présidente du MUST a rappelé qu’aucune proclamation de résultats ne peut remplacer l’expression du choix du peuple. Claudine Munari critique donc l’organisation de l’élection présidentielle du 21 mars dernier. «On peut faire dire ce que l’on veut à ses propres chiffres, dans ce cas, la seule variation réelle dans les résultats est celle qui traduit l’extravagance ou la modération à l’égard de l’opinion publique. Le jeu d’ombre ne trompe plus personne, même parmi les étrangers pour lesquels on érige les façades institutionnelles permettant aux gouvernants de paraître fréquentables», a-t-elle indiqué.
Pour elle, «la vérité est que le régime n’est ni fréquentable ni recommandable»: «C’est un régime expert dans le faux, il truque les élections, trafique les comptes publics, organise des fausses adjudications des marchés publics. Il organise des faux procès, garde des innocents en prison et empêche la justice internationale et nationale d’appréhender ceux qui devraient l’être».
L’opposante a estimé que le serment du 16 avril 2021 devient un non-événement en ce que «le Président de la République investi ce jour n’a pas de réponse à nos malheurs et à nos attentes. Sa seule réponse à la crise économique, financière et sociale est d’en appeler à la résilience du peuple. Il espère toujours être entendu d’un peuple dont il n’entend pas les appels au secours. Le peuple souffre, le peuple crie, on ne l’entend pas», a expliqué Claudine Munari.
Depuis sept ans, «on demande aux Congolais d’être résilients. Aux étudiants sans bourses, aux retraités sans pensions et aux agents des collectivités locales sans salaires, on leur demande d’être résilients, mais jusqu’à quand?», s’est-elle interrogé.
Et d’ajouter: «A ceux qui sont morts de maladies curables, à eux aussi on leur avait demandé d’être résilients, ils sont morts. La résilience n’est pas un remède, les gens meurent».
La présidente du MUST s’en est pris au Gouvernement qui, selon elle, plus de trois mois après sa prise de fonction, «n’a accompli aucune réalisation visible. Son discours officiel renchérit sur les promesses de campagne comme si celle-ci devait durer indéfiniment. Les Congolais attendent des actes, on leur sert des discours et des déclarations. Ils veulent avoir des emplois, on leur sert des annonces et des images des visite des ministres ou du Premier ministre, ou encore les images des visites des ministres et du Premier ministre à l’intérieur et à l’extérieur. Aucun résultat concret après trois mois», juge-t-elle.
Et d’affirmer: «On pouvait présager le tourisme du Gouvernement autour de lui-même et autour du monde lorsqu’on a vu le chef du Gouvernement à la tête de délégations nombreuses à l’intérieur du pays pour des visites sans autre effet que de s’informer. La pratique s’étend à l’étranger: en témoigne la balade des gens heureux de Paris qu’ils viennent de nous faire vivre en live (en direct, Ndlr). On fait des spectacles à la télévision, on dépense toujours plus de frais de mission, plus souvent pour rien ou pour des résultats insignifiants. On parle beaucoup, tout le temps, partout, mais on ne fait rien».
Claudine Munari estime que les Congolais ne peuvent rien attendre de ce nouveau Gouvernement. «Ce n’est qu’un orchestre dont les musiciens ont changé de places. Les mêmes causes produisant les mêmes effets».
Pour preuve, «depuis la formation de ce nouveau Gouvernement, les autorités de nomination n’en finissent pas de repêcher tous leurs acolytes oubliés. Le chômage augmente dans la population alors même qu’on crée des postes tous azimuts pour caser d’anciens comparses, ceux-là mêmes qui ont détruit les emplois des autres par leur incapacité à prendre les bonnes décisions», a-t-elle signifié.
Au regard de l’évolution de la pandémie de COVID-19, Claudine Munari pense que la reconduction systématique du couvre-feu est devenue absurde. «Maintenir un couvre-feu instauré par le seul effet du mimétisme est autant irresponsable que de vouloir faire inoculer des substances chimiques inconnues à son peuple. Et pour rappel, le couvre-feu et toutes les mesures imitées, notamment les fermetures des marchés, des restaurants, des bars et d’autres lieux de distraction, sont des coups supplémentaires portés à la capacité de production de nos compatriotes. Toutes ces mesures rendent le quotidien des Congolais insupportable, alors qu’ils sont déjà accablés», a souligné la présidente du MUST qui en appelle à la bonne conscience de ceux qui, selon elle, «n’ont pas oublié qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire. On peut toujours bien faire, surtout pour son pays».
KAUD