«Susciter un débat constructif sur les préoccupations majeures des Congolais». Tel est l’objectif de la conférence de presse animée le 13 décembre dernier par le premier secrétaire de l’UPADS, Pascal Tsaty-Mabiala, au siège de son parti, à Diata, dans le 1e arrondissement Makékélélé. Il est revenu sur les grandes décisions prises par le conseil national de l’UPADS, au cours de sa session extraordinaire tenue du 18 au 19 en novembre 2022, à Brazzaville.

Pour Pascal Tsaty-Mabiala, les incertitudes quotidiennes des Congolais n’ont pas encore trouvé de thérapie appropriée, au regard de la situation macroéconomique du pays.
Le premier secrétaire de l’UPADS a passé au vitriol le discours du Chef de l’Etat devant le Parlement réuni en congrès le 28 novembre dernier. «Dans son rôle de premier parti de l’opposition, l’UPADS ne se contentera pas du superficiel et ne se lancera pas dans la critique vaine et facile sans propositions concrètes», a-t-il indiqué.
Conscient du fait que la question de l’unité nationale est cruciale parce qu’elle constitue l’âme qui fonde toute nation, Pascal Tsaty-Mabiala a précisé que depuis les événements du 1997, le pays est encore divisé, «nonobstant le constat objectif qui offre à chaque citoyen la liberté de se déployer géographiquement ou de s’installer dans la localité de son choix».
Pour lui, les Pères fondateurs de la République, «auxquels nous nous référons si souvent, sont malheureusement effacés de l’imaginaire collectif et de la conscience patriotique. Il nous faut réhabiliter leur mémoire», a-t-il fait savoir.
Il a, pour cela, suggéré la construction d’un mausolée dédié à ces Pères fondateurs afin de reconstituer objectivement l’histoire du pays en restituant son passé; la prise des mesures d’apaisement en faveur de tous les protagonistes des conflits politiques de 1997 à nos jours, ainsi que le lancement d’un débat national sur le phénomène éthique et ses conséquences dans la gestion du pouvoir politique dans les relations humaines.
Pour Pascal Tsaty-Mabiala, en 34 ans d’existence en tant que République, le bilan des progrès réalisés est mitigé. «Les travaux réalisés au cours de ces deux dernières décennies posent non seulement le problème de la qualité des infrastructures, en termes de durabilité, mais surtout de leur financement. En effet, l’opacité sciemment entretenue dans ce domaine ne permet d’accéder aux coûts réels de réalisation de ces importants investissements. De surcroit, ces travaux réalisés essentiellement sur emprunt placent le Congo sous tutelle économique des puissances étrangères, la Chine en particulier. Ce qui, au demeurant, nous a valu le statut moins valorisant de pays pauvre très endetté, alors qu’avant la survenue de la crise économique et financière en 2014, nous connaissions une embellie financière du fait de l’envolée des cours mondiaux du pétrole», a-t-il détaillé.
Tout en reconnaissant les efforts réalisés dans la construction des infrastructures nécessaires pour booster le développement, le premier secrétaire de l’UPADS s’est interrogé néanmoins sur l’opportunité de certaines réalisations «dispendieuses» à faible impact sur le développement, et qui apparaissent comme des investissements de prestige. Devant ce qu’elle a qualifié de «gâchis», l’UPADS exige la réalisation d’un audit de tous les projets relevant des Grands travaux, «exécutés ou en voie d’achèvement, ou encore purement et simplement abandonnés».
De même qu’elle suggère une meilleure gestion des logements sociaux auxquels la classe moyenne au Congo ne peut accéder en raison des coûts prohibitifs.
Parlant de la corruption, Pascal Tsaty-Mabiala estime que celle-ci maintes fois critiquée n’est encore qu’à des simples dénonciations. «Devant cet affaiblissement de l’autorité de l’Etat, il y a de quoi se demander si les affinités politiques ou ethniques n’ont pas pris le dessus sur la gestion orthodoxe et impartiale de l’Etat voué à une faillite programmée», a-t-il regretté.
Pour le premier secrétaire de l’UPADS, éradiquer la corruption est avant tout une question de volonté politique et de liberté d’exercice du pouvoir judiciaire et non des commissions parlementaires. C’est pourquoi, elle a suggéré le renforcement de l’éthique des magistrats et l’application des sanctions disciplinaires à l’encontre des juges corrompus; l’auto-saine par le parquet de tout fait lié à la corruption, la concussion, la fraude et le trafic d’influence, etc.
Il est également revenu sur la situation préoccupante des agents municipaux dans les communes de plein exercice, qui cumulent pour certains 52, 51 ou 46 mois de salaires impayés depuis des lustres. Tout comme sur les affrontements entre la Force publique et les étudiants qui réclamaient le paiement de plusieurs trimestres d’arriérés de bourse non perçue depuis 2018. La menace des enseignants vacataires de débrayer si le paiement de leurs arriérés de salaire n’est pas obtenu, ainsi que du collège intersyndical qui exige la signature du 2e protocole d’accord.
S’agissant de l’insécurité à Brazzaville et Pointe-Noire, il a dit que cela traduisait la faiblesse des forces de sécurité qui sont «empêtrées dans les pratiques inciviques et les actes de banditisme».

Cyr Armel YABBAT-NGO