L’ancien ministre des Finances Mathias Dzon, ancien directeur national de la BEAC pour le Congo, président du parti UPRN et de l’Alliance pour la République et la démocratie (ARD), a organisé le 11 janvier 2024 à son domicile de Brazzaville, un point de presse qui a porté essentiellement sur la polémique qui a opposé le Premier ministre Anatole Collinet Makosso à l’ancien ministre des Finances, Jean-Baptiste Ondaye, à propos du compte unique du Trésor (CUT).
Pour l’ARD, l’ouverture d’un compte de l’Etat à la Banque postale du Congo constitue une violation flagrante des règles élémentaires de gestion monétaire telles qu’ «elles sont définies par la doctrine, mais aussi, par les organisations financières dont le Congo est membre, notamment la CEMAC et la zone franc».
Il a indiqué qu’au Congo, les dispositions qui régissent la gestion des finances publiques disposent que «les ressources financières de l’Etat n’ont pour seul caissier et gestionnaire que le Trésor public et que ce dernier n’a qu’une seule banque, la Banque centrale, en l’occurrence, la BEAC».
Dans le même esprit, a-t-il poursuivi, «l’ordonnateur principal du budget de l’Etat est le ministre des Finances et l’ordonnateur délégué, le directeur général du Budget».
Mathias Dzon a indiqué que dans l’affaire du compte unique du Trésor, «les règles d’habilitation sont lourdement violées, dans la mesure où le trésorier payeur général et ses collaborateurs ignorent tout du compte de l’Etat ouvert à la Banque postale du Congo, alors qu’ils sont les seuls responsables des mouvements de ce compte au crédit comme au débit».
Le président de l’ARD a dit que des sources bien informées indiquent que de nombreuses opérations sont réalisées sur ce compte de l’Etat. Et de se demander: qui donc mouvemente ce compte étant donné que le ministre des Finances, ordonnateur principal du budget de l’Etat et le directeur général du Trésor public, trésorier payeur général de l’Etat expriment de sérieuses inquiétudes sur sa gestion, à en juger par leurs lettres publiées sur les réseaux sociaux».
Mathias Dzon s’est à nouveau interrogé: «Qui a été et qui est habilité à mouvementer le compte ouvert dans les écritures de la Banque postale du Congo? A qui les fonds tirés de ce compte sont-ils versés? Pourquoi la Banque postale du Congo qui connait parfaitement les règles qui régissent le fonctionnement des comptes bancaires a-t-elle laissé faire, au point d’engager sa responsabilité dans ce qui apparait désormais comme des malversations financières organisées?»
Pour remettre à l’endroit ce que les conventions instituant les guichets uniques a mis à l’œuvre, Mathias Dzon pense qu’il faut que le ministre des Finances, en collaboration avec le Trésor public, «fasse faire, par un cabinet de réputation internationale, un audit du compte de l’Etat ouvert dans les écritures de la Banque postale du Congo, aux fins de dénuder l’ampleur du désastre causé à l’Etat et de situer les responsabilités».
Il a exigé la fermeture sans délai de ce compte ouvert en «violation des normes» et que toutes les recettes de l’Etat soient centralisées au niveau du Trésor public. «Le Trésor public ne peut avoir de compte qu’à la BEAC et nulle part ailleurs», a martelé le conférencier», a-t-il précisé.
Le président de l’ARD a fait savoir que le mal du Congo c’est la mal-gouvernance à tous les échelons de l’Etat. «Pour garantir une collecte et une gestion transparente des ressources financières de l’Etat, il faut impérativement instaurer dans les faits et non pas seulement en parole, une gouvernance nationale et transparente à tous les échelons de l’Etat en général, et tout particulièrement, au niveau des régies financières, notamment au niveau des régies financières (Impôts, Douanes et Trésor)».
Mathias Dzon est revenu sur les trois propositions formulées par l’ARD, au sujet, selon lui, de la «mal-gouvernance . Il s’agit, pour lui, de:
-Créer au niveau de la Douane une brigade de renseignement douanier, chargée de traquer la fraude fiscale;
-Créer au niveau des Impôts, mettre en place une vraie Haute autorité de la transparence financière;
-Créer au niveau du Trésor public, instituer un Comité de surveillance de la transparence des transactions financières.
Il a réaffirmé que le compte de l’Etat à la Banque postale du Congo est illégal, «tout comme l’est la convention qui l’institue en violation des dispositions monétaires de la CEMAC».
Mathias Dzon pense que pour lutter efficacement contre les comportements déviants, il est impératif et urgent de mettre en place, «de vraies institutions de l’intégrité, chargées de lutter réellement contre la délinquance financière qui gangrène actuellement l’Etat».
Cyr Armel
YABBAT-NGO