Isaïe nous offre une chanson de vendanges: «Je chanterai pour mon ami bien-aimé qui avait une vigne». La vigne, en Israël, est chose précieuse. Elle demandait de la patience et la persévérance.
«La vigne du Seigneur, c’est la maison d’Israël, le plant, ce sont les hommes de Juda et les fruits, le bon raisin attendu, c’est le droit et la justice. Isaïe reproche la recherche égoïste de l’argent et l’insouciance des riches pour le malheur des pauvres, la perversion de la justice. Ils déclarent Bien le mal et Mal le bien. Ils justifient le coupable pour un présent – les juges se font acheter (Is 5,20).
Le vigneron est tellement en colère, qu’il enlève la clôture et ouvre une brèche dans le mur pour que la vigne soit piétinée, dévorée par les animaux… L’histoire de la vigne, est celle d’Israël et constitue l’image de la parabole de dimanche.
Dans cette parabole nous trouvons des ressemblances au chant d’Isaïe: la patience, la persévérance et les soins de la part du vigneron. La seule différence est que dans l’évangile, le propriétaire n’est pas le vigneron; il la confie à d’autres (Mt 21,33).
Comme chez Isaïe, la vigne c’est Israël et les vignerons sont les chefs des prêtres et les pharisiens qui avaient la charge de la vigne. Ils se sont mal comportés, ont mal guidé le peuple, maltraité et tué les prophètes.
Jésus se met aussi en colère. «Le Royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits». Mais détrompez-vous! L’annonce la plus importante ce n’est pas que le Royaume leur soit enlevé: ce qui compte c’est que, malgré les obstacles dressés par les hommes, le Royaume produise son fruit. Ce n’est pas le vigneron qui compte, c’est le raisin.
Mais notre Dieu est lent à la colère. Notre Dieu est plus miséricorde que colère. Il nous dit: «La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre angulaire». Dieu est un habitué de ces renversements de situation.
L’histoire des fils de Jacob à propos de leur frère Joseph (Gn 37,20) se répète avec Jésus. Ils se saisirent des serviteurs, frappèrent, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. Ils n’imaginaient pas que c’était lui-même qui allait les sauver.
Jésus annonce ici sa Résurrection: Lui, la pierre rejetée deviendra la clé de voûte de l’édifice; nul n’est exclu dans cette construction: tous, sont incorporés dans cette phrase de Jésus: «J’ai gardé ceux que tu m’as donnés, et aucun d’eux ne s’est perdu, sinon le fils de perdition, afin que l’Ecriture fût accomplie» (Jn 17,12).
Dieu nous a confié le monde pour le bien de tous. A nous de répondre à cette invitation avec tous les talents que nous avons reçus.

Fr. Carlos CORREIA
Sacramentin (Pointe-Noire)