Au cours d’un forum de haut niveau organisé les 29 et 30 avril derniers, par la Banque africaine de développement (BAD) et le Fonds international de développement agricole des Nations Unies (FIDA), en partenariat avec le Forum pour la recherche agricole en Afrique (FARA) et l’Organisation du Système CGIAR, une coalition de banques multilatérales de développement et de partenaires de développement ont annoncé des investissements de plus de 17 milliards d’USD, afin de lutter contre la progression de la faim sur le continent africain et renforcer la sécurité alimentaire.

De plus, de 17 chefs d’État africains se sont officiellement engagés ce dialogue de haut niveau sur le thème: ‘’Nourrir l’Afrique: leadership pour intensifier les innovations réussies’’ à augmenter la production agricole en doublant les niveaux de productivité actuels grâce au déploiement à grande échelle des technologies agricoles, aux investissements en faveur de l’accès aux marchés et à la promotion de la recherche-développement dans le secteur agricole.
Dans un communiqué précisant ces engagements, adopté par les différentes parties à l’issue du dialogue, il ressort que sur le montant total de financements indiqué, la BAD a annoncé une enveloppe de plus de 10 milliards de dollars US. Elle s’est engagée à investir 1,57 milliard de dollars US dans le développement prioritaire de dix produits de base sélectionnés au cours des cinq prochaines années. Pour aider les pays à atteindre l’autosuffisance. Elle affectera également 8,83 milliards de dollars US pour consolider ces filières de produits de base au cours des cinq prochaines années. Ils financeront notamment des programmes visant à ouvrir des débouchés pour les jeunes – en particulier les jeunes femmes.
Le président de la BAD, Akinwumi A. Adesina, a déclaré: «Créons dès aujourd’hui un partenariat plus solide et à plus grande échelle pour mettre les technologies et les innovations au service de centaines de millions d’exploitantes et d’exploitants agricoles».
Le FIDA, quant à lui, compte mobiliser 1,5 milliard de dollars US supplémentaires en faveur de l’Afrique, afin d’appuyer les mesures prises par les pouvoirs publics pour transformer les systèmes alimentaires et agricoles au cours des trois prochaines années. Il investira aussi davantage dans la création des conditions nécessaires à l’accroissement de la productivité agricole. L’institution appuie la constitution d’une réserve croissante d’investissements visant à restaurer les terres, à créer des emplois et à renforcer la résilience face aux changements climatiques au Sahel. Le but est de contribuer aux objectifs de l’initiative Grande Muraille verte et de créer 10 millions d’emplois dans la région d’ici à 2030.
«Nous saluons l’engagement des dirigeants africains à accroître la productivité agricole et à améliorer la sécurité alimentaire de millions d’Africaines et d’Africains», a déclaré le président du FIDA, Gilbert F. Houngbo. «Grâce à la modernisation du secteur agricole africain, les petits exploitants seront plus à même de produire des aliments plus abordables pour les consommateurs et de garantir des moyens d’existence décents à des millions de jeunes participant à la transformation, au stockage et à la commercialisation des aliments.»
La Banque arabe pour le développement économique en Afrique s’est engagée à investir un montant maximal de 1,5 milliard de dollars US dans le secteur agricole au cours de la période 2020-2024. Le Groupe de la Banque islamique de développement a indiqué, pour sa part, qu’il affecterait 3,5 milliards de dollars US au développement du secteur agricole en Afrique au cours des trois prochaines années. Ces investissements viseront à favoriser le développement des filières, aussi bien pour les cultures vivrières que les cultures de rente.
Se joignant à la coalition de partenaires de développement, la Bill and Melinda Gates Foundation a déclaré dans un geste de solidarité supplémentaire qu’elle investirait 652 millions de dollars US au cours des trois prochaines années. Ces financements viendront appuyer des initiatives de recherche-développement menées dans le domaine agricole en Afrique. L’objectif est de promouvoir l’avancement de 300 millions d’exploitantes et d’exploitants agricoles grâce à une série d’innovations.
Résumant les interventions des chefs d’État africains, le président sénégalais, Macky Sall, les a condensées en une liste d’actions en sept points: accélérer la production agricole en déployant les technologies à grande échelle; accroître les investissements dans la recherche-développement; optimiser les technologies; améliorer le langage des affaires dans le secteur agricole pour favoriser l’ouverture au monde; appuyer l’accès aux marchés et la mise en place d’infrastructures et d’équipements de base; investir dans de nouvelles entreprises en vue de la transformation de produits agricoles et de l’accompagnement des petits producteurs et créer un mécanisme d’appui à la transformation agricole.
Ces différentes pistes d’action ont été énoncées dans un communiqué du forum mettant l’accent sur l’importance d’instaurer un mécanisme de financement en faveur de la sécurité alimentaire en Afrique. Un tel mécanisme, ont convenu les différentes parties, contribuerait à renforcer la résilience climatique et à généraliser les technologies agricoles performantes. Il donnerait notamment la possibilité de faire bénéficier aux exploitants d’innovations numériques aux quatre coins du continent africain, tout en permettant de mieux lutter contre la malnutrition et le retard de croissance des enfants.
L’Afrique subsaharienne compte un quart des terres arables du monde, mais elle ne représente que 10% de la production agricole mondiale. La faible productivité des cultures de base rend l’agriculture africaine peu compétitive. Ainsi, un tiers des calories consommées sur le continent sont importées, ce qui renforce la vulnérabilité des systèmes alimentaires et la dépendance à l’égard des filières alimentaires extérieures.
Les résultats de ce dialogue de haut niveau contribueront aux discussions qui auront lieu lors d’une réunion préparatoire à Rome, en juillet, en amont du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, prévu dans le courant de l’année. Ils seront également pris en compte lors du Sommet lui-même, qui permettra à l’Afrique de parler d’une seule voix en vue de renforcer les initiatives et les partenariats en faveur de la réalisation des objectifs de développement durable d’ici à 2030.

Viclaire MALONGA