Nous sommes désormais dans la nouvelle année. Nous y sommes entrés par les rituels auxquels nous sacrifions à chaque fin d’année et à chaque nouvelle. Nous avons suivi le discours-bilan du Président de la République, et les réactions d’une opposition soulignant que depuis trois ans, au moins, c’est du réchauffé qu’on nous sert. Que le discours de cette année est le copié-collé de celui de l’an passé. Donc, en termes d’originalité, on repassera.
Pourtant, un Président de la République n’est pas là pour nous servir de l’original. Dans un monde où le vrai et le faux s’entremêlent, nous ne sommes pas fondés à rechercher les points de mensonge ou les enjoliveurs les plus rutilants dans ce que le Président nous dit. Et, même si l’opposition ne dit pas forcément du faux quand elle montre son agacement à entendre les mêmes promesses, la vérité et le mensonge ne campent pas du même bord. Chacun est dans son rôle. Sauf nous.
La réalité que nous vivons ne nous autorise pas à nous limiter au rôle de simples compteurs de coups. Tout comme il y a trois ans, nos problèmes d’eau ou d’électricité sont restés les mêmes. Les problèmes de notre jeunesse sont tels aussi ; tout comme les pensions des retraités (sur lesquelles nous devrions à la vérité voir si la régularité promise de leur versement) démentira les augures de l’hirondelle qu’annonce ce mois de janvier.
Nous tournons donc en rond, Nous nous caressons dans le sens du poil : une fois terminé le discours du Président devant le Parlement réuni en Congrès, le Congolais a couru vers le premier estaminet, pour dépenser les premiers milliers de francs tombés sur son compte bancaire pour 2022. «Bonne année!». Et la bière a coulé à flot. Comme en 2020, 2019 et 2018. Pas de comptes à rendre. Pas d’obligation d’avouer ou de se repentir.
Un peu de rustine par-ci, de poudre de perlimpinpin par-là : ainsi va le Congo du 21è siècle, qui nous promet un meilleur avenir pour peu que nous soyons patients. Et que nous nous convainquions que la paix, c’est seulement l’absence de conflits. Pas la satisfaction des besoins primaires, ni le respect des droits de l’homme.

Albert S. MIANZOUKOUTA