L’artiste-musicien congolais (RD Congo) Jeannot Bombenga Wewando Aka, l’un des moments de la Rumba congolaise, patron de toutes les parties du groupe Vox Africa, avec plus de 60 ans de carrière, a célébré dimanche 25 août à Kinshasa, ses 90 ans d’âge. Il est parmi les derniers survivants des grands musiciens. Un record qu’aucun artiste n’a atteint, pas même papa Wendo Kolosoy. Il a appelé à ‘’la reconnaissance de son œuvre et sa rémunération pendant qu’il est encore en vie’’.

Selon lui, «c’est maintenant que j’ai besoin des hommages, après ma mort, ça sera inutile. J’ai fait mon temps dans la musique. Cet art noble a fait de moi une icône, une personnalité dans mon pays. J’ai écrit et chanté des très belles chansons qui sont des références dans le répertoire de la rumba congolaise. Dieu m’a fait grâce de vivre jusqu’à cet âge. L’heure a sonné pour moi de laisser aussi la place aux enfants, aux jeunes, de continuer ce travail, là où nous nous sommes arrêtés», a-t-il affirmé.
Auteur-compositeur, producteur, excellent vocaliste et guitariste, il a composé des tubes à succès. Beaucoup de ses chansons sont interprétées sur les deux rives du fleuve Congo et à travers le monde. C’est de la musique, qu’on appelle la musique pure. Illustre musicien, Bombenga Wewando a écrit des chansons pour Joseph Kabasele alias ‘’Grand Kallé’’ avant de créer son propre groupe, Vox Africa, qui lui a permis de caracoler en tête du hit congolais de la musique pendant un long moment.
De son apport dans la musique congolaise moderne, les musicographes affirment que Jeannot Bombenga a boosté considérablement la rumba congolaise en y injectant du rock et en revisitant des classiques. Parmi les œuvres phonographiques qui ont fait sa notoriété, on peut citer «Mado», «Bébé 68» et autres «Lolango», chantée en langue Mongo, l’un des dialectes de la République Démocratique du Congo. Il popularisa auprès du grand public le «mongo», l’une des langues congolaises peu utilisée dans la rumba congolaise, contrairement au lingala.
Né en 1934, il démarre sa carrière musicale à l’âge de 23 ans, en 1957, sur un bateau de l’OTRACO où il était matelot, en route vers Kisangani. Il interprétait les œuvres de Joseph Kabasele dit Grand Kallé Jeff devenu son ami. En 1959, il entame une carrière professionnelle et crée l’orchestre Vox-Africa avec Franklin Boukaka venu de Brazzaville, mais il n’eut pas beaucoup de succès, avant de se retrouver dans l’orchestre African-Jazz de Joseph Kabasele. Parti avec Miky, Damoiseau et autres, sans trop convaincre, Il va se retrouver pour la deuxième fois dans l’ African Jazz, après le départ de Nico Kasanda, Roger Izeidi et Pascal Tabu Rochereau, en 1963.
En 1968, Jeannot Bombenga quitte son mentor Joseph Kabasele pour voler de ses propres ailes en solo au sein de son orchestre, Vox Africa, qui va s’ouvrir à plusieurs autres artistes parmi lesquels Sam Mangwana en 1967, Ntesa Nzitani Dalienst de 1967 à 1968, Marcel Loko Massengo Djeskain jusqu’en 1970, Antoine Nedule Monswe Papa Noël jusqu’en 1968, ou encore le maestro Souzy Kasseya de 1968 à 1973.
Le chanteur Bombenga a été beaucoup affecté par le déclin de son orchestre à partir de 1971 jusqu’à nos jours. Il n’est plus au rendez-vous de son succès mais, il reste nostalgique de ses œuvres. Et malgré son âge, il continue à se produire de temps à autre à Bandalungwa, à Kinshasa.

Alain-Patrick MASSAMBA

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