A l’occasion des 62 ans de la création du légendaire orchestre les Bantous de la capitale, une messe a été organisée en mémoire des fondateurs et artistes-musiciens décédés, de ceux encore en vie, ainsi que des dirigeants. C’était le dimanche 15 août 2021, jour de l’Assomption, en la Cathédrale Sacré-Cœur de Brazzaville. La messe était célébrée par le révérend abbé Jonas Koudissa, avec l’animation aux chants de la Chorale Immaculée de la paroisse Notre Dame du Rosaire de Bacongo (arrondissement 2).

Maurice Nguesso (à dr.) et du côté gauche les musiciens de l’orchestre Bantous de la capitale
Maurice Nguesso (à dr.) et du côté gauche les musiciens de l’orchestre Bantous de la capitale

Face à Maurice Nguesso ‘’Vieux Momo’’, président du Comité Bantous, en présence des anciens ministre Edouard Ebouka Babackas, Grégoire Lefouoba, ainsi que l’ensemble de l’orchestre Bantous, l’abbé Priva Mouanga, vicaire sortant à la Cathédrale, a lu l’évangile (Jn 1, 39-56). L’abbé Jonas Koudissa y a bâti son homélie dans laquelle, il a prêché l’unité et l’obéissance, à l’image de la Vierge Marie, la patronne du Congo.

Au cours de cette messe, Médard Milandou, chargé de la communication du Comité Bantous, a retracé l’historique de l’orchestre, créé le 15 août 1959 à Brazzaville, et marquée par des déchirures et ruptures: «L’orchestre Bantous de la capitale souffle, aujourd’hui 15 août 2021, les 62 bougies de son existence et de son succès qui ont définitivement établi sa renommée.
Né avant l’indépendance, il a survécu aux aléas de l’histoire de notre pays, et accompagné sa vie sociale, politique et culturelle. Et depuis, ce monument culturel s’est inscrit dans l’environnement brazzavillois et africains. Il est devenu, sur le continent, non seulement, le plus vieil orchestre au Sud du Sahara, mais aussi, le dernier représentant de la rumba congolaise encore en activité, parmi les groupes pionniers des années 50. Comme l’écrit Mfumu Fylla, dans les Huit pauvres Bantous. Ils sont, au départ, huit à avoir donné naissance à cet orchestre emblématique, soit sept artistes-musiciens et leur manager: Célestin Kouka, Pandi Saturnin, Jean-Serge Essous, Edo Ganga, Loubelo Daniel ‘’Delalune’’, Diky Baroza, (Dino Diclari) et Moustache. Deux Kinois et six Brazzavillois, dont le manager.»
Longtemps, a-t-il poursuivi, «les Bantous de la capitale ont été les ambassadeurs du Congo. Ils ont animé au cours des premières années des indépendances dans de nombreuses capitales africaines, lors des activités de l’indépendance d’un certain nombre de pays»… Plus tard, ils ont pratiquement fait le tour du monde, et inondé le marché du disque d’œuvres fétiches qui ont marqué durablement l’univers musical et défié le temps. Lors du cinquantenaire de l’indépendance, l’orchestre Bantous de la capitale a été décoré pour l’ensemble de sa carrière et les services rendus par le Président de la République, M. Denis Sassou-Nguesso, qui a toujours suivi, avec intérêt, la vie de cet ensemble qui fait l’honneur du Congo depuis plus d’un demi-siècle. Les musiciens du groupe ont reçu des distinctions honorifiques.
Avec les Bantous de la capitale, la rumba congolaise, genre musical et dansant, ont marqué du sceau de l’originalité continue son épopée, en sa qualité d’identité artistique et culturel ayant donné aussi naissance à des variantes de la rumba… En 1965, Brazzaville a abrité les 1ers Jeux africains. A cette occasion, les Bantous ont créé la rumba Boucher qui a contribué à inscrire le nom de l’orchestre en lettres d’or, à travers l’Afrique. Cette rumba produite par les Bantous de la capitale est, certainement avec tous les élèves de son école, en passe d’être inscrite sur la liste représentative du patrimoine immatériel de l’UNESCO.
Depuis le 2 janvier 2021, les Bantous de la capitale sont en train de refaire peau neuve. Ils sont dirigés par un bureau que préside M. Maurice Nguesso, opérateur économique et culturel. L’orchestre Bantous a chanté l’unité nationale, l’unité africaine, le parti unique. Une seule flagrance se dégage de ces chefs-d’œuvres, celle de la bonne musique inspirée par ses pères fondateurs dont nous célébrons la mémoire en ce 15 août, fête de l’Assomption et de l’indépendance.».

Alain-Patrick MSSAMBA

Au terme de cette messe, des artistes-musiciens se sont exprimés:
Aimé-Georges Tati B., 1er vice-président du comité Bantous: «Nous avons perdu beaucoup de nos frères dans l’orchestre. Il était normal qu’à l’occasion des 62 ans de l’orchestre, que nous confions tout cela aux mains de Dieu. Et couplé à cela à l’indépendance du pays, nous avons voulu recadrer les choses pour ressortir l’histoire réelle des Bantous de la capitale qui sont un ensemble de tous les fils et filles du pays, sans distinction d’ethnies. Et, les Bantous sont, finalement, une synergie, et nous continuons dans ce sens pour symboliser l’amitié et la fraternité qui les lient au peuple congolais.»
Simon Mangouani, chef d’orchestre adjoint des Bantous de la capitale: «Nous sommes là pour rendre hommage à tous ceux qui ont créé l’orchestre les Bantous de la capitale et à tous ceux qui y ont joué et qui ne sont plus de ce monde, mais aussi aux vivants que nous sommes. L’avenir de l’orchestre s’annonce bien, et nous sommes là pour la continuité de l’orchestre.»
Nona Arthur, saxophoniste, auteur-compositeur: «Nous sommes venus pour donner l’orchestre Bantous à Dieu. Les défis, nous continuons comme avant et nous demandons à Dieu de continuer à nous bénir et à nous garder. On avait opté pour la musique, donc, nous ne pouvons pas abandonner, quelle que soit notre vieillesse.»