Les résidents et les ressortissants du village Nzaza à travers le Congo ou à l’étranger ont célébré le centenaire de leur bourgade. Les festivités marquant cet évènement se sont déroulées du 2 au 5 septembre dernier par des journées de réflexion pour promouvoir le développement socioéconomique et spirituel de ce village, d’obédience protestante, situé à 3 km de Musana, qui est un consistoire de l’Eglise évangélique du Congo (EEC) et à 6 km du centre de la sous-préfecture de Louingui, département du Pool. Ces journées étaient accompagnées par des cultes. Le temple de l’Eglise évangélique de ce village, bien qu’il ait totalisé 100 ans d’existence reste encore l’annexe de la paroisse de Musana. Le centenaire a été célébré sous le thème: «Rendre grâce au Seigneur pour ses bienfaits passés, présents et futurs». Joseph Mandzoungou a dégagé la quintessence de cette célébration.

*Comment a été organisé le centenaire?
**Le comité d’organisation a été présidé par Joseph Mandzoungou, un cadre ressortissant du village, ancien trésorier payeur général de la République, en partenariat avec l’association villageoise des ressortissants de Nzaza (AVRN), en présence des responsables administratifs et locaux. A l’ouverture des travaux, le chef du village Antoine Massamba en a fait l’historique, la création remonte à 1920. Le nombre d’habitants est estimé à près de 400; le village est vidé par l’exode rural. Le ruban symbolique de la stèle érigée en souvenir du centenaire a été coupé par Jean Louis Nkodia, sous-préfet de Louingui.

*Quelles sont les motivations qui vous ont poussé à célébrer le centenaire?
**Le centenaire de Nzaza était pour nous un moment et une opportunité pour rendre grâce à Dieu pour tous les bienfaits, passés, présents et futurs, ressentis au sein de notre village. Nzaza est un village qui est essentiellement constitué de chrétiens depuis son origine. La proximité de la mission protestante de Musana, qui a pris naissance en 1910 après Madzia, a favorisé l’identité chrétienne des ressortissants de Nzaza. Notre comité, chaque année, se retrouve pour se recueillir autour de la Parole de Dieu et pour le développement du village, depuis 2012, sauf l’année 2020 à cause de la COVID-19. Mais, avant 2012, notre village avait l’avantage d’avoir déjà une association qui s’appelle AVRN, c’est-à-dire l’Association villageoise des ressortissants de Nzaza. C’est au sein de cette association, en accord avec le comité du village, que nous avons partagé cette idée de vouloir célébrer ce moment. Notre village, accueillait aussi la mission catholique qui s’est définitivement installée aujourd’hui à Voka même, district de Boko

*Quels sont les projets mis en exergue pour relancer le dynamisme du village, qui a une vocation agricole?
**Nzaza, effectivement, est un village à vocation agricole. Comme tous les villages, Nzaza connait des problèmes sociaux. C’est dans ce contexte que nous avons envisagé certains projets. Parmi lesquels pour le centenaire, il y a eu le projet d’adduction d’eau à travers le village pour rapprocher l’eau potable des populations par un forage, bien qu’il y ait des sources d’eau autour du village. Nous avons été aidés par une Fondation norvégienne INE, malheureusement la crise sanitaire a retardé la finition des travaux. Il reste à construire le château d’eau et à mettre le réseau de distribution à travers le village. L’autre projet, c’est la restauration des maisons fissurées. Après plusieurs années, ces maisons étaient, grâce à la vision du chef de village, construites en brique cuite pour abandonner des maisons en pisé, mais avec le temps elles se sont fissurées. Sur une quarantaine de maisons, nous avons pu en réparer 37. Mais, après le centenaire, nous espérons continuer ce travail. Nous avons aussi un cimetière public. Le principal problème c’est son accession qui est difficile, parce qu’il faut traverser un ruisseau par des bois, possédant des abords marécageux. Pour faciliter l’accès du corbillard et des véhicules transportant des mâtereaux pour la construction des pierres tombales, nous allons construire une passerelle pour permettre l’accès facile vers le cimetière. Nous allons également construire une bibliothèque au profit des élèves, des ressortissants pendant les vacances et des touristes qui peuvent passer leur temps. Nous mènerons une opération de lobbying auprès de bonnes volontés pour fournir cette bibliothèque en fonds documentaire. Il y a bien d’autres projets qui pourront être développés, comme le relèvement de notre temple devenu bas. Notre village a été aussi le havre ou la terre hospitalière de ceux qui fuyaient les troubles de Brazzaville.

*Nzaza est connu comme le creuset des intellectuels du coin et sur le plan économique, le maraîchage était développé. Comment entendez-vous garder cette bonne image du village?
**Vous avez raison de dire que Nzaza était connu à travers ses maraîchers qui avaient eu la bonne volonté d’avoir créé la première coopérative pour évacuer leurs produits vers les grands centres de consommation. Grâce à la proximité du centre missionnaire de Musana, le village a eu des cadres formés au niveau de cette école. Ce que nous avons fait n’est extraordinaire, mais l’expression de la volonté de tous les habitants, même ceux qui n’habitent plus le village. Il suffit de créer l’unité parmi les partants et ceux qui sont restés pour développer le village.

Propos recueillis par
Philippe BANZ