Ouverte le jeudi 19 janvier dernier par le culte des ouvriers apostoliques en la cathédrale Sacré-Cœur de Brazzaville, la 53è Semaine de prière universelle pour l’unité des chrétiens, placée sous le thème: «Apprenez à faire le bien, recherchez la justice, mettez au pas l’exacteur, faites droit à l’orphelin, prenez la défense de la veuve» (Esaïe 1, 17), a pris fin samedi 28 janvier 2023, comme à l’accoutumée, par un culte en la Basilique Sainte-Anne du Congo.

Ce culte présidé par le pasteur Alain Juste Gonard Bakoua, président de l’Eglise évangélique du Congo et président en exercice du Conseil œcuménique des Eglises chrétiennes du Congo (COECC), était placé sous l’animation liturgique de la chorale œcuménique, la fanfare évangélique, le Kilombo et le chœur du Renouveau charismatique. Les confessions religieuses membres du COECC représentées par leurs chefs respectifs: colonel Eugène Bamanabio, chef du territoire de l’Armée du salut et premier vice-président du COECC; pasteur Albert Koutia, président de l’Eglise évangélique Luthérienne au Congo; Mgr Kosmas Thasitis, évêque Patriacal de l’Eglise Orthodoxe du Congo et du Gabon; Mgr Bienvenu Manamika Bafouakouahou, archevêque métropolitain et de la province ecclésiastique du Centre de Brazzaville. M. Anatole Collinet Makosso, Premier ministre, chef du Gouvernement, et Mme Arlette Soudan Nonault, ministre de l’Environnement, du développement durable et du Bassin du Congo, étaient parmi les invités. Après le culte d’ouverture des ouvriers apostoliques, il y a eu le culte des mamans le vendredi 20 et celui des jeunes le samedi 21 janvier en secteurs. Pendant une semaine, du 23 au 27 janvier, les fidèles chrétiens des cinq confessions religieuses disséminés dans les trente-sept secteurs du département de Brazzaville et sa périphérie ont prié et médité sur divers sous-thèmes, surtout en cette période de grande mutation à travers le monde, notamment la crise Russo-Ukrainienne et les conflits armés à l’Est de la République Démocratique du Congo pour que la paix véritable s’installe définitivement dans ces pays.

Mme Arlette Soudan Nonault et le Premier ministre
Mme Arlette Soudan Nonault et le Premier ministre

Samedi 28 janvier, la Basilique Sainte-Anne était archicomble de fidèles chrétiens arborant l’uniforme de leurs confessions religieuses respectives. La liturgie de la parole a été essentiellement marquée par la prédication du Major Hervé Michel Ahouyanganga, assistant auprès du secrétaire en chef de l’armée du salut. Parlant du texte de Luc 10, 25-36 «Qui est mon prochain?», il a mis en exergue le thème de cette 53è Semaine de prière, soulignant que «faire le bien fait partie des biens incontournables». Avant de rappeler la citation de Martin Luther King qui disait: «Nous avons appris à voler dans les airs ensemble, mais nous n’avons pas appris à être comme des poissons dans l’eau et à vivre ensemble».

Kilombo
Kilombo

Vers la fin du culte, le pasteur Alain Juste Gonard Bakoua a lu le message dans lequel le Conseil œcuménique des Eglises chrétiennes du Congo interpelle les hommes de Dieu, les hommes politiques et les personnes de bonne volonté à intérioriser le thème de cette 53è semaine de prière. En effet, le prophète Esaïe nous interpelle tous en parlant d’une période de grande expansion économique et de stabilité politique pour Israël et pour la tribu de Juda, due à la faiblesse des superpuissances de l’époque, l’Egypte et l’Assyrie. Cette période était marquée par l’injustice, l’iniquité et les inégalités dans les deux royaumes. Les hommes religieux bénéficiaient des largesses des riches et des puissants. En raison de la proximité physique et des relations existants entre le palais royal et le temple, le pouvoir et l’influence étaient presque entièrement entre les mains du roi et des prêtres, les exposant dans une sorte de compromission au point de ne plus se soucier de la défense des victimes de l’oppression et des injustices.

Le Pasteur Alain Juste G. Bakoua
Le Pasteur Alain Juste G. Bakoua

Ces paroles du prophète Esaïe «Apprenez à faire le bien, recherchez la justice» sont un véritable éveil de la conscience de ses contemporains face à la réalité de leur situation. Le prophète voit cette période comme une plaie qui suppure et comme un sacrilège devant le Tout-puissant conduisant à la fragmentation et à la désunion de son peuple. Notre monde actuel reflète à bien des égards, les défis de la division que le prophète Esaïe a affrontés au cours de sa prédication. La justice, la droiture et l’unité proviennent de l’amour profond de Dieu pour chacun d’entre nous, et sont au cœur même de l’essence divine et de la manière dont le Seigneur attend que nous nous comportions les uns envers les autres. Le contexte du prophète Esaïe est certainement différent du nôtre, mais ce qu’il dénonce est encore présent dans nos confessions chrétiennes et dans notre société congolaise.

Major Hervé Michel Ahouyanganga
Major Hervé Michel Ahouyanganga

Les riches et les puissants ne sont-ils pas considérés comme les bénis de Dieu? Tandis que les pauvres et les faibles considérés comme mauvais et maudits? Cette injustice est encore très flagrante dans notre société congolaise. L’interpellation du prophète Esaïe n’est-elle pas la bienvenue pour un Congo en quête de lendemain meilleur, fait d’égalité, de justice et d’amour patriotique? L’injustice, la corruption, l’oppression, l’insécurité, l’iniquité, les inégalités, le laisser faire et le laisser aller, les divisions, le tribalisme, la dépravation des mœurs courent encore l’espace public et religieux de notre pays. Hommes d’Eglise, hommes d’Etat et fils du Congo, croyants et non croyants, apprenons à faire le bien et recherchons la justice.

Scholas populaire
Scholas populaire

Dans nos confessions chrétiennes comme dans notre pays, nous avons à relever de nombreux défis. Nous avons à bâtir des espaces de dialogue qui promeuvent l’unité. Un peuple divisé ne construit rien ensemble. Là où est Dieu, il y a amour, grâce et miracle. Dieu est le bien, la vérité, la beauté, l’abondance. Nous devons réchauffer nos relations, soutenir nos engagements pour la justice et pour la paix, affermir notre foi en Dieu, bannissons nos divisions.
Enfin, le président en exercice du Conseil œcuménique des Eglises chrétiennes du Congo a souhaité les vœux de santé physique et spirituelle au peuple de Dieu en cette nouvelle année.

Pascal BIOZI KIMINOU