Ayant réuni les évêques membres depuis le 17 juillet à Mongomo, en Guinée équatoriale, la XIIe Assemblée plénière de l’Association des Conférences épiscopales de la région d’Afrique centrale (ACERAC) sur le thème: «Le phénomène des migrations des jeunes: le cas de l’Afrique centrale», s’est achevée dimanche 24 juillet 2022.

C’était au cours d’une messe solennelle présidée en la basilique Notre-Dame de l’Immaculée conception, par Mgr Edmond Djitangar, archevêque de N’Djamena au Tchad, nouveau président de l’ACERAC, entouré des autres évêques membres de l’association. Le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo et son épouse Constancia Mangue ainsi que les corps constitués de la Guinée équatoriale y ont participé. Au terme de leurs travaux, les évêques ont pris un engagement ferme de lutter contre le phénomène migratoire des jeunes de leurs pays. Après la clôture des travaux en salle au Grand hôtel de Djibloho à environ cent kilomètres de Mongomo, la veille samedi, les évêques membres de l’ACERAC et les délégations qui les accompagnaient se sont rassemblés dans la basilique de Mongomo où ils ont prié en communion avec le peuple de Guinée équatoriale, pays majoritairement catholique à 96%.
Au début de la messe, le président sortant de l’ACERAC a procédé au rite de la remise de la crosse au nouveau président, lui transmettant ainsi les attributs de pouvoir qu’il aura à exercer pendant trois ans, jusqu’en juillet 2025, date de la prochaine Assemblée plénière de l’ACERAC à N’Djamena, au Tchad. Le geste a été suivi d’autres temps forts tels l’homélie de Mgr Nicolas Nadji Bab, évêque de Laï-Chad, au Tchad; la lecture du communiqué final par l’abbé Antonio Mabiala, celle du message des évêques par l’abbé Cristino Ela Engonga Mboo, secrétaire général de la Conférence épiscopale de Guinée équatoriale ou encore la prière universelle dite par les jeunes dans les trois langues officielles de l’ACERAC: français, espagnol, anglais.
Le message des évêques ayant pour principaux destinataires les jeunes eux-mêmes, reprend avec force les quatre verbes énoncés par le Pape François dans son Message pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié de 2018: accueillir, protéger, promouvoir et intégrer:
Les assises des évêques ont été aussi marquées par les réactions des jeunes à l’issue de leur carrefour à partir des trois questions qui leur ont été soumises: Que pensez-vous du phénomène migratoire; D’après vous, quelles sont les raisons qui poussent les jeunes à partir; Quelles solutions proposez-vous au phénomène migratoire? Puis, par le panel des Conférences épiscopales qui a vu réagir tour à tour les représentants des évêques délégués pour cet espace de partage et de témoignage par leurs pairs de chaque Conférence épiscopale.
Au terme des assises, les évêques ont pris un certain nombre de décisions majeures, notamment celle liée à la nomination de l’abbé Charles Moukala, prêtre du diocèse de Kinkala et enseignant à l’Université catholique d’Afrique centrale (UCAC) à Yaoundé, au Cameroun comme vice-recteur chargé de la formation permanente et d’une prolongation de trois ans du mandat de l’équipe dirigeante actuelle; celle relative à la bonne gestion de leur hôtel abritant le siège de l’association à Brazzaville, au Congo.
Pour prendre à bras-le-corps cette problématique brûlante de la migration, les évêques envisagent l’élaboration d’un guide pastoral sur les migrants. Ils ont désigné Mgr Samuel Kleda, archevêque de Douala au Cameroun, responsable de la Commission migrants au sein de l’ACERAC. Il mettra très rapidement sur pied un plan de travail et sera assisté des représentants des six Conférences épiscopales de l’ACERAC.
La clôture en salle des travaux était dominée par la désignation de Mgr Edmond Djitangar en remplacement de Mgr Juan Nsue Edjang Maye, archevêque de Malabo à la tête de l’association, et des discours du secrétaire général de l’ACERAC l’abbé Antonio Mabiala, des présidents sortant et entrant.
Clôturant la messe, Mgr Djitangr a adressé un mot de remerciements à l’endroit du président Obiang Nguema pour son soutien inestimable ayant permis la réussite de cette Assemblée plénière.
A rappeler qu’à N’Djamena en 2005, les évêques de l’ACERAC avaient déjà consacré leur réflexion aux jeunes dans la société et dans l’Eglise, et à Libreville au Gabon où en juillet 2011 ils ont revisité les thèmes des trois plénières précédentes dont celle de N’Djamena.

ILS ONT DIT:

* Mgr Bienvenu Manamika Bafouakouahou, archevêque de Brazzaville, président de la Conférence épiscopale du Congo (CEC)
** Cette Assemblée est une dénonciation des maltraitances dans lesquelles nos jeunes se retrouvent piégés à travers les migrations qui leur font miroiter un paradis mais qui devient finalement un enfer au bout. Mais la dénonciation ne suffit pas, les évêques se sont engagés à voir à travers leur pastorale et des plaidoyers comment arrêter cette hémorragie qui emmène nos jeunes dans un cauchemar. Et pousser aussi les gouvernants de nos pays à prendre en compte le développement surtout, qui permettrait aux jeunes de pouvoir se maintenir dans leurs pays ou encore lorsqu’il y a migration que cela se passe légalement. C’est une dénonciation et en même temps un engagement à aider les jeunes de nos différents pays de la sous-région à pouvoir aimer leurs pays et à y rester par des actions de développement.

* Mgr Juan Domingo Beka, évêque de Mongomo, président de la Conférence épiscopale de Guinée équatoriale (CEGE)
** Je retiens surtout la collaboration et la participation de tous les agents pastoraux que nous avons dans nos diocèses. Nous avons pris cet événement comme un moment de grâces qui pourra nous aider dans l’avenir, dans notre pastorale.

* Mgr Andrew Nkea Fuanya, archevêque de Bamenda, président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (CENC)
** En vérité, on ne peut pas parler assez des jeunes; mais nous avons beaucoup parlé de nos jeunes. Nous avons réfléchi sur ce thème des migrations et je pense que la Commission que nous avons créée pour ériger ou étudier la pastorale des migrants, c’est quelque chose de très important pour nos jeunes. Je quitte la Guinée équatoriale satisfait avec la prise de conscience du travail que nous avons à faire. J’espère que le message que nous avons adressé aux jeunes va aider sans doute beaucoup de jeunes pour regarder l’avenir avec espoir.

* Mgr Desiré-Nestor Nongo Aziagbia, évêque de Bossangoa, président de la Conférence épiscopale centrafricaine (CECA), nouveau vice-président de l’ACERAC
** De mon point de vue, c’est l’expression de la communion fraternelle partagée par les évêques venus des quatre coins de notre sous-région pour cette XIIème Assemblée plénière qui a marqué les travaux. Nous avons pris le temps de partager sur les réalités de nos Eglises respectives, nous avons pris le temps de prier et nous nous sommes engagés à la lumière des préoccupations qui sont portées par le thème de cette Assemblée plénière notamment sur la jeunesse de nos Eglises et les migrations. C’est une préoccupation pastorale réelle que nous vivons à l’intérieur de nos pays et de nos Eglises et vis-à-vis de l’Europe qui est considérée comme un eldorado.
Il y a un engagement qui a été pris avec l’élaboration d’un guide pastoral. A mon sens, si on se limite simplement à l’élaboration d’un guide, cela reste un document qu’on pourrait facilement oublier dans un tiroir quelque part; mais comment donner un contenu, un esprit et une âme à cet élan qui nous porte aujourd’hui? C’est le défi qui reste en tant que communauté chrétienne, en tant qu’Eglise de la sous-région à relever.

*Mgr Jean Vincent Ondo Eyene, évêque d’Oyem, vice-président de la Conférence épiscopale du Gabon (CEG)
** Ma toute première impression, c’est les conditions d’accueil. Nous avons été très bien accueillis par l’Eglise locale avec le soutien du chef de l’Etat. Deuxièmement c’est la manière dont les travaux se sont déroulés, dans une grande collégialité et fraternité. Je crois que c’est un témoignage à donner. Dès lors qu’il y a la communion entre les pasteurs, je crois également que les idées peuvent après être mises en pratique, puisque cela découle d’une volonté collective. Nous espérons, comme c’est un sujet d’actualité que chacun après tout ce que nous avons échangé, en rentrant chez soi pourra rassembler son presbyterium et également le laïcat pour voir comment s’intéresser effectivement à cette jeunesse qui est parfois abandonnée, et qui a besoin de ses pasteurs. Cela est très important! Les jeunes se plaignent et réclament leurs pasteurs, ils voudraient certainement une pastorale avec beaucoup plus de proximité; qu’ils trouvent en nous des papas qu’ils peuvent rencontrer à tout moment, à temps et contre-temps. Et cela manque toujours. Je trouve que c’est un point très fort. Nous faisons de la pastorale certainement selon nos programmes mais sans tenir compte effectivement des attentes de nos enfants et de notre jeunesse.

* Consuelo Merced Nguema Oyana, jeune de la Lumière du diocèse de Bata
** D’abord nous voulons remercier nos chers Pères-évêques de nous avoir donné la parole, l’opportunité de nous exprimer en public devant eux parce qu’il n’est pas évident de pouvoir se réunir avec eux facilement.
Nous avons vécu cette expérience de deux manières: d’abord il y a eu notre communauté entre nous jeunes. Nous nous sommes fait connaître entre nous jeunes des différents pays de l’ACERAC, nous étions dix jeunes par diocèse pour le pays organisateur et deux jeunes par pays ACERAC. Nous avons échangé et c’était très bien. Nous avons vécu cette expérience pendant une semaine chez les sœurs d’Akwakam.
Ensuite, à la fin nous sommes contents vu le message final qui a été délivré ce jour à la messe. Beaucoup de nos propos ont été pris en considération. Ce que nous attendons maintenant c’est que nos revendications soient mises en œuvre; que cela ne reste pas dans les archives, que cela soit pris en compte. Nous voulons faire une dédicace spéciale à Mgr Miguel Angel Nguema, évêque d’Ebibeyin parce que lorsque nous avons fait le pèlerinage, notre bus a eu un petit souci mais il est resté tout le temps avec nous. Il nous a soutenus, il nous a encouragés, il était toujours avec nous et prenais soin de nous. Donc nous en appelons aussi à nos autres Pères-évêques de prendre son exemple. C’est vraiment cette attitude, c’est vraiment l’esprit que nous voulons voir chez nos Pères-évêques.

Aristide Ghislain NGOUMA
à Mongonmo (Guinée Equatoriale)