La date du vendredi 10 septembre 1880 marque la signature entre l’explorateur franco-italien Pierre Savorgnan De Brazza et Makoko, dit Ilo 1er, roi des Batékés. Le traité avait, entre autres, pour corollaire la fondation de Brazzaville et une succession d’événements qui se rattachent à l’essence même de la construction de la République du Congo. Pour commémorer les 140 ans de cet acte séculaire, Belinda Ayessa, directrice générale du Mémorial Pierre Savorgnan De Brazza, a lancé à Brazzaville, une série d’activités dont des conférences scientifiques qui s’étalent jusqu’au 31 octobre prochain au siège du Mémorial.

Tout en observant les mesures barrières édictées par le Gouvernement, plusieurs personnalités ont été conviées à prendre part à la cérémonie d’ouverture. Notamment l’ambassadeur d’Italie au Congo, Stefano De Leo, la délégation de la Cour royale de Mbé conduite par le prince Ntsalou, fils d’Alphonse Ntsalou, le 13e roi des Tékés, les autorités de la Faculté des lettres, les historiens et hommes de lettres de l’Université Marien Ngouabi, etc.
La cérémonie a été agrémentée par la prestation de la troupe théâtrale du Mémorial Pierre Savorgnan De Brazza, sous la modération de l’écrivain Pierre Ntsémou.
Pour Belinda Ayessa, cette signature mérite d’être célébrée en ce sens qu’elle «ouvrit la trajectoire d’une histoire féconde».
Sous la modération du Professeur Joachim Goma Thethet, historien, le ton de cette première journée commémorative de l’acte De Brazza-Makoko a été donné par la conférence du Professeur Joseph Itoua, enseignant-chercheur d’histoire contemporaine à l’Ecole normale supérieure.
Sous le thème: «Traités De Brazza-Makoko et leurs incidences», les participants ont été édifiés sur le fait que le traité du 10 septembre 1880 est consubstantiel à celui du 3 octobre 1880, d’une part entre De Brazza et Makoko et d’autre part entre De Brazza et un des vassaux du roi Makoko. Cela a eu pour incidences, entre autres: la création de Brazzaville, l’installation du sergent Malamine comme représentant de la France à Brazzaville, la convention France/Belgique du 5 février 1885 sur la rétrocession par la Belgique des territoires de la vallée du Kouilou-Niari, autrefois propriété de la Belgique et vice versa.
Après quoi, s’en est suivie la création de l’Afrique équatoriale française (AEF).
La responsable du Mémorial a soutenu que «sans le traité De Brazza-Makoko, Brazzaville ne serait certainement pas devenue une agglomération témoin de l’histoire, puis une cité verdoyante avec une population multiculturelle, puis une capitale refuge d’une France occupée…».
Pour Belinda Ayessa, se souvenir de ce traité, c’est porter le regard sur les indices que cet événement a eus sur le processus d’urbanisation d’un espace rural dont l’avenir se traça à la faveur de la rencontre entre deux personnalités éprises d’amour et de paix.
C’est ainsi que dans l’histoire qui lui a été rapportée, a dit le prince Ntsalou, Pierre Savorgnan De Brazza était un homme pacifique. S’il ne l’était pas, Makoko, en tant qu’homme de paix, ne l’aurait pas reçu. Et il n’aurait pas conclu avec lui un pacte de sang. Il explique qu’en faisant des libations de sang, «les deux hommes se sont acceptés comme amis».
Pour que le Mémorial continue à être le creuset d’un bouillonnement culturel sur la place de Brazzaville, a estimé Belinda Ayessa, la mise en perspective des activités arrimées aux 140 ans du traité Brazza-Makoko et de la fondation de la capitale du Congo n’est qu’un pan de ce que l’institution culturelle offrira.
Comme par le passé, d’autres activités viendront conforter l’attente des férus de la culture.

Marcellin MOUZITA M