L’une des premières Congrégations religieuses arrivées au Congo en 1892, la Congrégation Saint Joseph de Cluny, a rendu un dernier hommage à la sœur Florence Ombissa qui est entrée dans le monde silencieux de la mort, le mercredi 11 septembre dernier au Centre hospitalier et universitaire de Brazzaville (CHU-B), des suites d’une courte maladie. Elle avait 88 ans.
Avant sa mise en terre le samedi 21 septembre 2024, une messe de suffrages a été célébrée dans les jardins de Javouhey, au Centre-ville de Brazzaville, par Mgr Javier Herrera Corona, nonce apostolique au Congo et au Gabon. Elle a rassemblé une dizaine de prêtres, parmi lesquels les abbés Vincent Massengo et Félix Maboundou, respectivement vicaires généraux de Brazzaville et Kinkala ainsi que des religieuses d’autres Congrégations, des parents et des fidèles laïcs venus témoigner leur reconnaissance à l’illustre disparue. L’émotion était grande, on pouvait lire sur les visages la tristesse et les regrets. Nombreux sont ceux qui ont gardé de l’illustre disparue le souvenir d’une religieuse exemplaire, dévouée et qui incarnait les valeurs humaines.
Dans son homélie, Mgr Javier Herrera Corona a indiqué que «la mort est pour les croyants un passage à la vie éternelle. La vie ne s’achève pas mais se transforme. La mort n’est pas une fin en soi, mais une nouvelle vie qui ne s’éteindra jamais».
Après la messe, sœur Florence a été inhumée au cimetière de la Communauté, à Javouhey.
Fille aînée d’Abel Mbanza et Maman Bayidikila, Madeleine Ombissa est née le 2 septembre 1936. Baptisée un mois après sa naissance le 5 octobre 1936, elle avait pour marraine Juliette Ndoundou Elle fait sa première communion le 26 mai 1946 à l’âge de 10 ans et reçoit sa confirmation le 23 juillet 1947 à la paroisse Sainte Barbe de Mindouli. Après ses études primaires, elle quitte son village natal pour l’école normale à Brazzaville où elle devient institutrice. Pendant sa formation, elle fait la connaissance des sœurs de Saint Joseph de Cluny et exprime son désir de devenir religieuse. C’est ainsi que les sœurs l’envoient à Kibouendé pour commencer son postulat. Au noviciat, Madeleine Ombissa reçoit le prénom de Florence de la Vierge. Elle fait sa première profession temporaire ensemble avec la sœur Claire Barlovatz, le 25 août 1957 dans la chapelle de Javouhey, à Brazzaville. Le 12 septembre 1968, nos deux sœurs Claire et Florence, émettent leurs vœux perpétuels à la maison mère à Paris, en France. Revenue au Congo, elle est remise aux études et c’est ainsi qu’elle réussit son Brevet d’études du premier cycle (BEPC) et son Baccalauréat. Tout en étant institutrice, elle poursuit ses études universitaires et obtient sa licence en anglais qui lui permit de parfaire sa connaissance en Irlande. Vaillante missionnaire, sœur Florence est passée dans plusieurs communautés de la Province d’Afrique centrale, notamment Javouhey, Sainte Bernadette de Bacongo, Notre-Dame de Bacongo (Brazzaville), Mbinda (département du Niari), Kibouendé (département du Pool) et Owando (département de la Cuvette). A Sainte Bernadette, après la nationalisation des écoles en 1965, elle a le souci de l’éducation et de l’encadrement de la jeune fille congolaise. Elle crée avec l’aide d’un prêtre Sacramentin de la paroisse Saint Pierre Claver de Bacongo, un groupe dénommé: «Les petites sœurs de Sainte Bernadette» (PSSB). Ces jeunes filles recevaient une formation humaine et spirituelle pour devenir de bonnes mères de famille. Au sein de l’association Scouts et guides du Congo, vu son expérience, elle occupera la fonction de commissaire nationale et formera les cheftaines de groupes d’unités.
Directrice de l’école spéciale de Bacongo, antenne Notre-Dame, elle a rendu d’énormes services auprès des jeunes désœuvrés, qui ont reçu une solide et excellente scolarisation. Dans le même souci d’instruire, elle a été une tradithérapeute et avait dans sa communauté un jardin de plantes médicinales. Sœur Florence a transmis son savoir-faire et son charisme à plusieurs personnes âgées du foyer sœur Clotilde à Bacongo où elle donnait des cours d’alphabétisation. Elle a lancé la culture du moringa et la fabrication de savons de toutes sortes pour soigner plusieurs maladies de la peau.
A la Caritas paroissiale de Saint Pierre Claver, sœur Florence a fait des visites à domicile pour découvrir les personnes vulnérables qui avaient besoin d’être secourues en urgence. En 2007 elle fête son jubilé d’or et en 2017 ses noces de diamant (60 ans de vie religieuse). En 2019, épuisée par ce travail de qualité qui a aussi affecté sa santé, elle intègre la communauté des sœurs aînées de Javouhey au Centre-ville. Depuis le mois de mai 2024, devenue faible et très souffrante, se nourrissant difficilement jusqu’au jour où le Seigneur l’a rappelée à Lui, le 11 septembre dernier, après 67 ans de vie religieuse.
Maman Fololo comme on aimait à t’appeler affectueusement que le Seigneur dans sa miséricorde, t’accueille dans son jardin céleste.
Pascal BIOZI
KIMINOU