Le Canada et la Banque africaine de développement (BAD) ont signé le 17 mars dernier un accord de 133 millions de dollars canadiens pour la création d’un fonds pour le climat en Afrique. La Banque s’est engagée à fournir aux pays africains un financement climatique de 25 milliards de dollars d’ici à 2025.

Cet accord officialise le Fonds climatique Canada-Banque africaine de développement (CACF), un fonds spécial transformateur visant à accorder des prêts concessionnels à des projets liés au changement climatique comportant une forte composante sexospécifique.
Le fonds sera capitalisé grâce, d’une part, à la combinaison d’une contribution remboursable de 104,8 millions de dollars américains (122.9 millions dollars canadiens) visant à accorder des prêts concessionnels tant pour des opérations souveraines que non souveraines, et d’autre part, à une contribution de 10 millions de dollars canadiens pour une assistance technique complémentaire. La BAD a été désignée comme administratrice du fonds.
La signature de l’accord effectuée en marge du Symposium Canada-Afrique sur la croissance propre s’est faite de façon virtuelle. la ministre canadienne du Développement international, Karina Gould, a déclaré que l’investissement, avec sa forte empreinte de genre, reconnaissait «le rôle essentiel que les femmes doivent jouer dans l’action climatique» et qu’elle soutenait «leurs efforts pour atténuer les effets du changement climatique et s’y adapter». Avant d’ajouter: «Le changement climatique est l’un des défis les plus importants de notre époque. Et bien que nous soyons tous touchés par ce phénomène, nous savons au Canada que tout le monde n’est pas affecté de la même manière. Cela signifie que les personnes vulnérables et marginalisées supportent plus le poids de cette crise.»
En tant que fonds de prêts concessionnels, les ressources du CACF seront investies dans des technologies innovantes à faible émission de carbone, les énergies renouvelables, l’agriculture intelligente face au climat, la foresterie durable, la gestion de l’eau et dans des projets de résilience climatique. Le fonds financera des projets liés au changement climatique dans les pays africains, notamment ceux qui mettent l’accent sur l’égalité entre les sexes. L’autonomisation des femmes et des filles sera un objectif de tous les financements concessionnels du CACF, le but étant d’obtenir des résultats directs et mesurables en matière d’égalité des genres.
Heureux du lancement du Fonds climatique Canada-Banque africaine de développement, Akinwumi A. Adesina, président de cette Banque a souligné que «dans la reconstruction de l’Afrique après le COVID-19, la résilience climatique est très importante.» Il a remercié le Canada pour son soutien ‘’extraordinaire’’ à la Banque pour les augmentations générales de son capital et de son capital temporaire exigible, ainsi que pour le soutien que le Canada a apporté à l’Afrique par le biais de l’institution. «Ces ressources que vous mettez à notre disposition, a-t-il poursuivi, sont uniques pour l’aide qu’elles nous apportent dans notre adaptation au changement climatique. Premièrement, il s’agit d’un financement à long terme. Il fournira des capitaux à long terme aux secteurs privé et public, mais également à des niveaux abordables pour les pays. Ce que j’apprécie le plus, c’est qu’il rend possible une utilisation multisectorielle des fonds. Tout cela est très important pour soutenir l’Afrique dans l’adaptation au climat et son atténuation.»
Le financement de la Banque africaine de développement pour le climat a quadruplé entre 2016 et 2019, passant de 9 % à 36 % de son portefeuille total, et il est en bonne voie pour atteindre son objectif de 40 % d’ici à la fin de 2021. La Banque s’est engagée à fournir aux pays africains un financement climatique de 25 milliards de dollars d’ici à 2025.
Le Symposium Canada-Afrique sur la croissance propre, organisé conjointement par le Canada, l’Éthiopie et le Sénégal, a réuni des dirigeants des secteurs public et privé du Canada et de l’Afrique subsaharienne. Il visait à identifier des moyens novateurs pour faire croître leurs économies, tout en réduisant les émissions de carbone et en renforçant la résilience au changement climatique.
Les sessions ont permis d’élaborer un plan directeur pour une économie verte intégrant le développement socio-économique, et assurant une gestion durable des ressources naturelles, qui minimise déchets et pollution, en suivant des voies de développement à faible émission de carbone et résilientes au climat.
Le symposium a en outre évoqué la politique commerciale qui prend en compte les considérations environnementales dans le commerce international et la promotion d’un commerce fondé sur des règles.
Pour rappel, le Canada, un des principaux membres non régionaux du Groupe de la Banque africaine de développement, a participé à toutes les augmentations de capital de l’institution, dont la 7e augmentation générale de capital, et aux reconstitutions du Fonds africain de développement, y compris la 15e reconstitution (FAD-15). Le pays a porté à 7,5 % d’unités de compte (UC) sa part dans la Banque africaine de développement. Il contribue également à l’abondement de nombreux fonds fiduciaires et initiatives gérés par le Groupe de la Banque.

Viclaire MALONGA