En Centrafrique, la victoire du Président Faustin Archange Touadéra a été confirmée par la Cour Constitutionnelle. Avec un peu plus de 53% de voix, mais sur seulement 35% des ayants-droit au vote, cette victoire a été entérinée par la communauté internationale. Certains des opposants -une première en Afrique Centrale – se sont même inclinés devant le vainqueur. Tout serait normal et ordinaire si les élections du 27 décembre (présidentielle et législatives) ne s’étaient pas tenues dans un pays dont la plus grande portion est aux mains de rebelles. C’est l’Afrique Centrale !
Nous sommes en effet la région du Continent où aucun scrutin n’a lieu sans contestation des résultats. Chez nous, même les opposants qui décident allègrement d’aller au vote et de satisfaire à toutes les conditions de la loi électorale, s’avisent la veille de la proclamation du verdict final que tout n’était que fraude. Que, puisqu’ils n’ont pas obtenu les 110% promis par les oracles, le vainqueur est forcément contestable. Même par les armes…
Les élections centrafricaines se sont tenues dans un contexte de fortes tensions, entretenues par les rebelles qui ont appelé au boycott et exercé toutes les pressions de violences possibles pour y arriver. Mais ce sont des rebelles d’Afrique Centrale. Ils n’ont pas de cause précise à défendre, violentent même les parents qu’ils disent vouloir protéger, saccagent et empêchent de voter, mais contestent tout de même les résultats du vote qu’ils ont tout fait pour empêcher !
La République Centrafricaine avait pourtant tout pour assurer un processus démocratique régulier. Mais nous sommes en Afrique Centrale où, même intégrés dans le Gouvernement à la capitale, les rebelles continuent de mener leurs petites affaires d’assassinat et de terreur dans l’arrière-pays. Les gouvernements d’union tiennent ce que tient l’encre sur une feuille d’accord qui sèche avant d’être emportée par le vent de nos fantaisies.
Nous sommes dans cette Afrique Centrale où, même demandant pardon à genoux pour les crimes de sang perpétrés par le passé, un ancien Président de la République se remet à soutenir les contestataires violents tout en proclamant qu’il n’est pas à la tête de tout ou partie des rebelles qui mettent le pays à feu et à sang. Nous sommes une région où les démocraties ne bougent pas. Elles y sont figées et cosmétiques.
Depuis l’avènement des multipartismes, les partis politiques y sont dynamiques à la veille des échéances électorales et amorphes ensuite. Les majorités sont immuables. En Centrafrique, il y aura des vainqueurs, puis un gouvernement d’union ou de large entente. Puis rien. La routine mortifère et sclérosante comme partout au cœur de l’Afrique. Nous disons «démocratie» comme d’autres rêvent d’aller sur mars.

Albert S. MIANZOUKOUTA