A quelques pas de chez nous se déroule une guerre. Féroce. Le Soudan rend boyaux et tripes sous la détermination de deux hommes seulement. Ils sont Soudanais. Ils étaient amis. L’un était l’adjoint de l’autre. Ils ont décidé que leurs chemins devaient se séparer, en prenant en otage la cinquantaine de millions d’hommes et de femmes que compte le pays. Nous écrivons ces lignes alors qu’une trêve s’annonce, après 10 jours de combats.
Dix jours de combats qui ont fait plus de 450 morts, hypothèse basse qui ne prend en compte que la capitale Khartoum. Pas les villes de l’intérieur. Dix jours qui ont fait poindre les pires inquiétudes d’embrasement de toute une région, avec même des ondes de choc vers le Centre du Continent déjà mité par les tremblements à l’Est de la République du Congo. Une région traversée par des excès de fièvre sporadiques. En somme : nous avons tort de croire, avec ce petit air de suffisance qui sait nous caractériser, que ce ne sont que des Soudanais qui s’étripent.
Mais revenons-aux fondements de cette crise majeure: la soif du pouvoir et la rivalité des chefs. Le général Abdel Fattah al-Burhan et le général Mohamed Hamdan «Hemedti» Dogolo sont face à face et s’arcboutent sur leurs «convictions». L’un dit vouloir restaurer la démocratie, et l’autre, vouloir stopper un assassin. Infantilisme sanguinaire et fragilités africaines: jusqu’à quand la répétition de ces scénarios que nous voyons se dérouler depuis les premières années de l’indépendance? Jusqu’à quand l’Union africaine cessera-t-elle d’applaudir et de condamner sans réelle volonté de stopper les simulacres sanglants?
Des guerres, le Soudan en a connu! Il est allé jusqu’à la partition. Mais, ni le Nord arabo-musulman, ni le Sud en majorité chrétien n’ont su trouver la voie de la coexistence des personnalités au sommet de l’Etat. Personne au Soudan ne peut vanter la solution d’une coexistence pacifique qui plairait à tous pour la stabilité du pays. De nouveau, de milliers de Soudanais sont sur les routes, ou amassés aux frontières dans l’attente: de quoi? De qui? Le ciment des souffrances passées; le ciment de la race ou de la religion: rien n’y a fait.

Albert S. MIANZOUKOUTA