Cinq années se sont écoulées depuis que Mgr Ildevert Mathurin Mouanga a pris les rênes du diocèse de Kinkala. Nommé le 5 mars 2020 par Sa Sainteté le Pape François d’illustre mémoire, et sacré évêque le 28 juin 2020 à Kinkala, des mains de son prédécesseur, Mgr Louis Portella Mbuyu. Une prise de fonction sur les traces de son prédécesseur ayant guidé le diocèse durant deux décennies, et dont l’empreinte est encore palpable aujourd’hui.

À l’instar de ses prédécesseurs, Mgr Ildevert Mathurin Mouanga a pris ses fonctions dans un contexte socio-économique délicat, marqué tant par la réalité d’un territoire fortement meurtri par les conflits armés à répétition, que par la pandémie de COVID-19. Des réalités qui ont constitué un véritable défi aux multiples dimensions.
Atteignant le terme de son premier quinquennat en mars 2025, Mgr Ildevert Mathurin Mouanga estime nécessaire une évaluation de son ministère épiscopal placé sous la devise «Affronter les défis». Érigé en 1987 par le Pape Jean-Paul II, le diocèse de Kinkala est un jeune diocèse qui compte aujourd’hui 19 paroisses et 4 quasi-paroisses, 96 prêtres incardinés, 7 congrégations religieuses dont trois féminines et quatre masculines. Près de la moitié des paroisses ne disposent plus de presbytères conformes et aux conditions de vie adéquates pour le bien-être des prêtres. C’est ainsi que l’un des premiers objectifs de l’évêque, en ces cinq premières années, a été l’amélioration des conditions de vie du clergé.
Notons que le département du Pool, terre d’implantation de cette jeune Église, a longtemps été le théâtre des conflits armés récurrents. Les désastres et la misère engendrés par ces troubles intermittents entravent considérablement le progrès, tant sur le plan civil que religieux. On observe une paupérisation croissante, exacerbée par les difficultés de transport, l’enclavement et l’inaccessibilité des paroisses. De plus, les séquelles des guerres se manifestent chez les jeunes par des comportements inappropriés.
Dans un tel environnement, un développement intégral s’avère ardu. Il ne serait pas l’œuvre du seul pasteur, mais de tous, particulièrement des fidèles chrétiens. Car la richesse de l’Église dépend inévitablement de la générosité de ses fidèles. La volonté des fidèles chrétiens d’aider leur Eglise se ressent. Cependant, si les chrétiens de Kinkala sont animés d’une grande volonté d’aider leur Église à progresser, la précarité de leur situation ne leur permet pas d’offrir un soutien matériel conséquent.
Mais, au-delà de tout, il faut s’engager dans l’œuvre de la reconstruction. Le diocèse de Kinkala, en effet, se trouve dans une phase de reconstruction continue. Conscient des nombreux défis à relever pour le redressement diocésain, à l’image de Monseigneur Anatole Milandou qui invitait les fidèles à emprunter «Le Chemin de résurrection» et de Mgr Louis Portella Mbuyu, animé d’une forte espérance et qui estimait que «Les ossements desséchés revivront», le troisième évêque de Kinkala s’inscrit dans la continuité de ses prédécesseurs. En mettant en œuvre le Plan Diocésain de Développement (PDD) en 2023, il exhorte à travailler dans «Dans l’espérance qui ne trompe pas» (Romains 5, 5) et «avec courage» (Aggée 2, 4), «Reconstruisons notre vie». Afin d’élaborer un document recensant la quasi-totalité des besoins urgents du diocèse, il s’est entouré du Cercle de Réflexion et d’Appui au Développement Local (Pool Vumbuka), jetant ainsi les bases d’un développement certain et multidimensionnel.
Ce Plan Diocésain de Développement audacieux poursuit son chemin depuis trois ans. Il apparaît comme une synthèse de la vision pastorale de tout le cycle épiscopal de Kinkala, de 1987 à nos jours. De quoi s’agit-il concrètement ? Il s’agit d’un cadre d’orientations stratégiques, d’un programme de vie pastorale épiscopale visant à cibler les activités prioritaires et les axes pastoraux les plus urgents pour une évangélisation efficace, afin de conduire l’Église vers son autonomie. C’est dans cette perspective que, dans chaque paroisse, un diagnostic participatif flash a été réalisé en collaboration avec les paroissiens, les érigeant ainsi en acteurs et artisans de leur propre développement.
Parvenu à sa cinquième année de service, il est désormais essentiel d’analyser les forces et les faiblesses de ce plan diocésain de développement, afin d’évaluer ses premières avancées au sein du diocèse. L’évaluation du quinquennat épiscopal de Mgr Ildevert Mathurin Mouanga intervient alors que le Plan Diocésain de Développement (PDD), projeté trois ans auparavant, entre dans une phase cruciale. Dans le contexte si particulier du diocèse de Kinkala, marqué par sa ruralité et ses défis propres, une Église dynamique et participative, où clercs et laïcs s’engagent conjointement, est essentielle. Et ce plan constitue un enjeu vital pour l’avenir de notre diocèse. Il est impératif de dissiper toute idée reçue : le PDD n’est pas un guichet financier. Il se révèle plutôt comme un outil de prise de conscience, incitant chaque composante du diocèse à identifier ses vulnérabilités afin de saisir les opportunités de croissance et d’innovation pastorales.
Afin de soutenir concrètement les initiatives locales, un Fonds Diocésain de Développement a été créé. Son alimentation principale repose sur la générosité des bienfaiteurs et les offrandes recueillies lors des messes célébrées par l’évêque, notamment auprès de la diaspora du Pool disséminée un peu partout. Bien que les trois premières années de mise en œuvre du PDD n’aient pas encore produit de résultats spectaculaires, une lueur d’espoir commence à poindre. Il est donc primordial que les prêtres, les religieux et religieuses, ainsi que l’ensemble des fidèles, se l’approprient pleinement et en fassent la promotion active, tel un véritable instrumentum laboris, afin d’en découvrir toutes les richesses et d’en exploiter le potentiel transformateur pour notre Église locale. Ad majorem dei gloriam!

Abbé Balmin Brazio
TELOTSAMOU BAZONZELA
Secrétaire-Chancelier du Diocèse de Kinkala