Décédé le 27 décembre 2021 à Douala, au Cameroun à l’âge de 62 ans, où il se trouvait pour un concert privé, le chanteur, danseur et sapeur congolais François Lulendo Matumona, mieux connu sous le surnom du ’’général’’ Défao, et l’une des grandes légendes de la musique congolaise a été inhumé ce samedi 22 janvier 2022 au cimetière Nécropole entre terre et ciel à Kinshasa, après le rapatriement de sa dépouille de Douala à Kinshasa. En présence d’une foule nombreuse, gagnée par le chagrin.

Exposée au Musée National de Kinshasa, la dépouille mortelle du célébrissime artiste-musicien a eu droit à des témoignages poignants d’artistes-musiciens, mélomanes et des hommages déférents des officiels, notamment du Premier ministre chef du Gouvernement Jean-Michel Sama Lukondé Kyengé, du ministre de la communication et des médias Patrick Muyaya Katembwé, de Gentini Ngobila, Gouverneur de Kinshasa, ainsi que d’une délégation venu de la Côte d’Ivoire entrecoupés de quelques prestations scéniques des artistes et groupes qui ont tenu à honorer la mémoire de ce célèbre chanteur et danseur hors-pair qui a émerveillé le monde de la musique avec les orchestres Grand Zaiko Wawa de Pépé Fély Manuaku Waku, aux côtés de Shekedan, Shimita, Djo Poster, Djo Nickel, Lukombo Jeffar, Djoel Losangé, Choc Stars, avec Benz Bozi Boziana, Djuna Djanana, Debaba, Ben Niamabo, Monza 1er, Roxy Tshimpaka, Nzaya Nzaya Dio, Petit Prince, Lassa Carlito avant de créer en 1991 son propre groupe Big Stars.

L’arrivée de la dépouille mortelle de l’artiste-musicien ”Défao”
L’arrivée de la dépouille mortelle de l’artiste-musicien ”Défao”

Précurseur du Ndombolo qu’il popularise en Afrique Francophone, Défao connaît un succès fulgurant avec des titres à succès comme : ‘’Hitachi’’, ‘’Amour scolaire’’, ‘’ 2e mi-temps famille Kikuta’’. Nationaliste, il l’était, car il a chanté avec dévouement la chanson ‘’Franc Congolais’’, composée en guise de soutien à la monnaie nationale. Parmi les artistes qui ont collaboré avec Défao on pourrait mentionner Papa Wemba, Koffi Olomidé, Mbilia Bel, Pépé Kallé… Au début des années 2000, il s’installe en Afrique de l’Est, principalement au Kénya pour y poursuivre sa carrière, non pas pour des raisons politiques comme le prétendaient certaines mauvaises langues. Il s’est produit pour la dernière fois, le 11 décembre dernier à Abidjan, en Côte d’Ivoire.
Catherine Kathungu Furaha, ministre de la Culture, des arts et du patrimoine, a ressorti deux qualités de Défao, celles de promoteur d’activités culturelles et de détecteur des jeunes talents. «Défao a beaucoup contribué à la promotion de la musique congolaise au pays comme en Afrique et a joué un rôle important dans la détection des talents», a-t-elle fait savoir.
Présents à cette cérémonie funèbre, des artistes ont fait leurs témoignages sur Défao, notamment Koffi Olomidé, Adios Alemba, président de l’Union des musiciens congolais, Jossart Nyoka Longo, président du conseil d’administration de la Société congolaise des droits d’auteur et des droits voisins (SOCODA), Rédy Amisi, Mbilia Bel, Félix Wazékwa, Ferré Gola, etc. Ils ont tous unanimement souligné que Défao était un artiste talentueux, il a fait ses preuves dans le pays, sur le continent et dans d’autres pays du monde. Il était ouvert à tous les artistes et n’était donc pas conflictuel et il avait encore beaucoup de choses à faire dans le domaine musical, surtout au moment où la Rumba devient patrimoine immatériel de l’humanité, listée par l’UNESCO, c’est vraiment dommage qu’il nous quitte au moment où on avait encore besoin de lui. Ces nombreuses œuvres resteront à jamais gravé dans les mémoires des mélomanes. Adieu l’artiste !

Alain-Patrick MASSAMBA