Artiste plasticienne, mais aussi écrivaine et cheffe des ‘’Ateliers Sahm’’, un centre de formation et de transmission de connaissances artistiques aux jeunes, basé à Brazzaville, Bill Kouélany figure parmi les talentueux peintres et écrivains que comptent le Congo, par la valeur et la portée de ses œuvres dont certaines ont traversé les frontières nationales. Pour ses huit ans de services rendus à la culture, elle a reçu en 2020, deux distinctions en France et en Hollande.
C’est par pur hasard que Bill Kouélany, née en 1965 à Brazzaville où elle réside, est venue à la peinture. Elle avait d’autres ambitions. Au lycée, elle écrivait et s’intéressait beaucoup au cinéma et voulait être réalisatrice après avoir raté son Bac. A ce moment-là, il se tenait des ateliers de peinture à l’actuel Institut français du Congo. Sa première expérience commence en 1990.
‘’Cafard, cafarde’’, une pièce de théâtre élue au Théâtre international de langue française de la Villette à Paris, est son œuvre. En 2001, elle a exposé en résidence de création aux ateliers urbains de Doual’art au Cameroun. En 2002 dans les Off de la 5è Biennale de Dakar avec ‘’les créateurs de l’Afrique centrale’’; en 2003, dans les Centres culturels français de Brazzaville et de Kinshasa; et en 2004 en résidence à Nantes, en France, lors de l’exposition ‘’Beautés d’Afrique’’.
Dans ses travaux plastiques, la peintre et écrivaine aux mains expertes, met très souvent en œuvre, non parfois sans humour, l’idée ou la traduction violente d’une impossibilité.
Orchestrant une matière chaotique, ses peintures renvoient à une exploration intime, questionnant le rapport à soi et à l’autre. Ses toiles sont incisées, arrachées, rapiécées, elles sont l’endroit de la déchirure, elles s’éprouvent comme des peaux.
Bill Kouélany peint et écrit de la même manière que l’on scrute, au scalpel, promenant ainsi sur elle, un regard narquois et ironique. De l’ordre du bestiaire et de l’animalité, ses œuvres sont le moment où se déploient des forces agissantes et contradictoires, les indéterminations. S’appréhendant comme des textes, ses pièces sont la transcription visuelle des désordres et des tiraillements. La trame captivante où s’affrontent des antagonismes à la fois connus et inconscients.
Peuplées de corps anonymes et sans têtes, elles mettent en scène les spectres d’un théâtre intérieur. Coutures volontairement grossières qui apparaissent telles des cicatrices, collages qui se mêlent aux traits simples et aux couleurs bruts, ces formes sont les traces d’un journal de bord existentiel et amoureux, où s’exacerbent une tension, le désir de joindre ce qui semble inconciliable.
En 2020, elle a reçu deux distinctions venues de France et de Hollande. Elle a d’abord été décorée en tant qu’Officier des Arts et des Lettres par le ministre français de la Culture. Quelques mois après, un autre Prix lui a été décerné à Amsterdam, aux Pays-Bas ce qui veut dire que son travail est beaucoup suivi de l’extérieur. Elle a été aussi récompensé par rapport à son combat, de mener la Culture sans budget de fonctionnement. D’autres Prix reçus viennent de l’intérieur, mais, elle aurait souhaité que ces distinctions viennent plus de son pays d’origine, le Congo. Bill Kouélany a accompagné et formé beaucoup de jeunes, c’est le cas de la slameuse Moukengué qui a reçu une bourse de Suisse, et depuis son retour au pays ne fait qu’exceller. En RD Congo, il y a des enfants comme Eddy Kamangal qui travaillent pour de grandes galeries.
Dans son ‘’Atelier Sahm’’, Bill Kouélany transmet son savoir aux jeunes, c’est son point le plus fort. Elle a recueilli des enfants de la rue dont elle a fait des artistes, elle soutient aussi les femmes. Ses peintures font parfois apparaître des silhouettes énigmatiques masculines et féminines, qui se frôlent, se touchent sans se voir.

Alain-Patrick MASSAMBA