Le cercle des écrivains congolais vient de s’agrandir, avec l’entrée de Jojo M. Mansounga, diplômée supérieure en communication, marketing et multimédia ayant œuvré dans des organismes internationaux et dans la presse. Cette passionnée de l’écriture a publié, ce mois d’août 2021, aux Editions Renaissance Africaine (Paris, France), son coup d’essai: «Les profondeurs cachées d’un cœur sans voix».

La couverture du livre
La couverture du livre

Ce roman de 76 pages a été présenté et dédicacé le samedi 21 août dernier, dans la salle Monseigneur Kombo du Centre d’études et de recherches chrétiennes (CERC), à Brazzaville. C’était en présence d’Aubin Banzouzi et Winner Franck Palmers, tous deux écrivains et critiques littéraires, ainsi que de l’éditeur, Elvez Ngaba. Le tout sous la modération d’Alexis Bongo, animateur de la chaîne de télévision privée DRTV.

A travers son coup d’essai, la néo-écrivaine se révèle la voix des sans-voix, en dénonçant les atrocités que vivent les femmes et jeunes filles à travers le monde. En effet, son roman est un véritable plaidoyer contre les harcèlements et les violences dont les filles et les femmes (élève, étudiante, épouse, femme de ménage, fille, mère, sœur, collègue, secrétaire, etc.) sont le plus souvent victimes, dans le silence et l’indifférence de nos cités.
Pour Aubin Banzouzi, ce livre est un «petit trésor» qui mérite d’être proposé au programme scolaire et d’être adapté au cinéma et au théâtre.
«…Marquée par la douleur d’autres femmes, l’épouse et la mère de famille qu’elle est, Jojo M. Mansounga a donc conçu une fiction pour éveiller les consciences sur les peines silencieuses qu’endurent beaucoup de femmes et de filles dans l’indifférence de nos cités phallocrates, libertines et plus ou moins perverses.
L’intrigue du roman traite de la vie de Prudence, héroïne et personnage en papier dans la peau d’une adolescente, qui subit, à travers les huit chapitres du récit, une dizaine de tentatives de viol de la part d’inconnus, des connaissances, voire des proches parents. Les scènes sont décrites avec beaucoup de réalisme, de manière enchainée et épisodique, comme dans une série télévisée…», a-t-il commenté. Et d’ajouter: «Ce roman est un véritable vaccin qui prévient le lecteur des illusions d’une société où nos jolies citoyennes sembleraient vivre une vie tranquille et harmonieuse dans laquelle le respect de leur dignité serait une lettre immaculée. C’est aussi un véritable sérum qui interpelle et guérit les consciences langoureuses qui peinent à voir en chaque fille ou femme, belle ou moins belle soit-elle selon les vues, une potentielle mère à protéger.»
Mme Winner Franck Palmers a expliqué l’iconographie de la couverture du livre: «Le corps de l’adolescente est inclinée vers la droite, indiciel de la force, malgré l’épreuve. Le corps se projette entre deux zones grises, qui signifient indécision, peur, monotonie, dépression. Les bras soutenant la tête parlent de la détresse et de la tristesse, qui d’ailleurs, transparaissent sur son visage juvénile. Le tee-shirt est orange. La couleur orange, dans sa connotation négative représente le danger.»
Mme Winner Franck Palmers poétise métaphoriquement ce roman par une ville moderne ayant un portail duel que constituent deux épigraphes, dont l’une de Voltaire, je cite: «Les lettres nourrissent l’âme, la rectifient, la consolent». Et l’autre, anonyme: «Aimer, ce n’est pas profiter.»
Elle a également relevé les figures de styles de l’auteur: un florilège de métaphores mixées de l’amplification, donc de l’exagération; et la répétition.
L’auteure du livre a expliqué être inspirée par son passage dans différents organes des Nations unies: «Ce passage nous a mis dans une humeur empathique, entrainante à l’écoute et à l’accompagnement de certaines victimes d’harcèlement et de différentes violences que nous connaissons. Ainsi nous nous sommes fait la voix des sans voix pour essayer de montrer ce qui est caché dans certaines maisons, familles, administrations, certains milieux académique, professionnel, dans la société, en général…»
«Ce roman est riche et costaud. Il interpelle aussi chaque parent à prendre ses responsabilités, à être à l’écoute des enfants dans le dialogue permanent qui leur permettra de tout dire haut sans crainte afin de dénoncer les violences autour sans tabou.
Ce livre est à portée universelle. Il ne faut pas seulement se limiter au côté intellectuel et moral, mais c’est une lutte, faire bousculer les choses en prenant des décisions fermes, en votant des lois pour sauver la dignité de la femme, parce que nous sortons tous d’elle, de la femme», a-t-elle affirmé.
Le livre de Jojo M. Mansounga est vendu à 10 000 F. CFA.

Véran Carrhol YANGA