La situation des droits humains est dramatique au Congo. C’est, en tout cas, ce qui ressort d’un rapport de 224 pages publié le vendredi 6 décembre 2024 par le Centre d’actions pour le développement (CAD), une organisation de défense des droits humains qui déplore une augmentation des atteintes aux droits des personnes passées de 1800 en 2023 à 8.216 cas cette année. Le directeur exécutif de cette ONG, Chardon Trésor Nzila Kendet décrit une situation alarmante.
C’est devant la presse et Joé Washington Ebina, président de la Fondation Ebina, que le directeur exécutif du CAD, Trésor Chardon Nzila Kendet, a publié ce rapport qui signale les assassinats, les cas de tortures, les exécutions extrajudiciaires, les disparitions forcées, ainsi que des arrestations arbitraires et des détentions illégales. De même que les restrictions de la liberté d’expression et d’opinion, le non-accès au bien-être, les mauvaises conditions d’éducation et de santé, etc. Ces informations ont été rassemblées dans 17 localités réparties dans sept des douze départements du pays. Le rapport est destiné, premièrement, aux autorités parce que « dépositaires des réponses et des obligations envers les citoyens ».
Peu avant la publication de ce rapport, l’auditoire a suivi des témoignages émouvants des parents qui ont dénoncé les conditions dans lesquelles leurs enfants ont été arrêtés et tués, lors de l’opération conjointe Police-Gendarmerie appelé ‘’Coup de poing’’ contre le grand banditisme. Par exemple, un étudiant de 27 ans incarcéré dans le quartier SOPROGI, à Djiri (l’arrondissement 9), est mort le 31 octobre 2024. Un autre cas de décès, c’est celui d’un jeune de 25 ans, arrêté et gardé à l’ancien local de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) de la Tsiémé.
Exigence de l’arrêt de l’opération ‘’Coup de poing’’
Pour Trésor Nzila Nkendé, l’opération ‘’Coup de poing’’ a été « un facteur aggravant dans la dégradation des droits de l’homme au Congo ». Certains jeunes ont été arrêtés juste pour s’être tatoué ou à cause d’une coupe de cheveux « pas acceptable ». Aucun argument juridique n’a été brandi ni de fondement de ces arrestations que le CAD assimile à des rafles. « En principe toute opération doit se faire dans le cadre légal de la loi. Ce n’est pas de cette manière qu’on peut éradiquer le phénomène du banditisme ». L’ONG déplore qu’aucune condamnation des auteurs de telles atteintes n’ait été rendue possible.
Le CAD et les organisations de la société civile de défense et de protection des droits de l’homme appellent les autorités, notamment le Président de la République et le ministre de l’Intérieur, à l’arrêt immédiat de l’opération ‘’Coup de poing’’ du fait de ses limites. «Il y a eu des personnes décédées. Nous rappelons que la police et la gendarmerie ont un rôle à jouer de protection des personnes et des biens. Cette opération a causé des traumatismes au sein des familles. Il est mieux que cette opération s’arrête », a déclaré Joe Washington Ebina.
Le CAD publie chaque année une enquête sur la situation des droits humains. Il exige du Gouvernement une réponse aux recommandations contenues dans le rapport 2024.
Philippe BANZ