Le rapport annuel du centre d’actions pour le développement (CAD), a dressé une situation très préoccupante marquée par une multiplication des atteintes aux droits humains. 572 atteintes ont été documentées, soit près de cinq fois plus que l’année 2021. Le rapport fait état des principaux problèmes que sont l’inefficacité de la justice, les arrestations et détentions arbitraires, les restrictions aux libertés fondamentales, la torture, les homicides illégaux, la non prise en compte de la présomption d’innocence, l’impunité, les disparitions forcées, les conditions de détention, l’usage excessif et inutile de la force létale, etc.

La présentation faite sous la forme d’une conférence de presse le 22 février 2023 à Brazzaville, a été assurée par Trésor Chardon Nzila Kendet, directeur exécutif du CAD, sous la modération du journaliste Arsène Sévérin Ngouela.
Ce rapport de cent vingt et une pages est intitulé «Contre-pouvoir, droits fondamentaux bafoués: un réel obstacle au progrès». Dans le cadre de son mandat, le CAD ne fait que la promotion des droits humains, enquêter et dénoncer s’il y a une violation. Ces ONG ne font que contribuer au complément du travail de l’Etat. Le chiffre donné ne représente nullement toute la réalité; ce n’est que la partie visible par l’organisation sur le terrain.
Le CAD observe une dégradation continue de l’état des droits humains dans le pays. Trésor Chardon Nzila Kendet a fait savoir que le régime entreprend de supprimer toutes les formes réelles de contre-pouvoir. La multiplication des institutions de façade ne sert qu’à donner l’illusion d’un Etat démocratique.
Le rapport a révélé que le pouvoir ne permet toujours pas une amélioration de la situation sociale et économique, revendiquée lors des discours officiels. Le PIB a connu une baisse de 10,3 % en 2020 faisant passer le taux de pauvreté de 48,5 % à 52,5 %. Les moins de 20 ans qui représentent 56 % de la population, estimée à 5,1 millions d’habitants en 2021, sont particulièrement touchés. Le présentateur du rapport a précisé qu’il y a une contradiction énorme entre l’affirmation solennelle des droits de l’homme et leur négation tragique dans la pratique. 12 mois après, le constat d’une politique nationale répressive est toujours accablant.
La persistance de la répression et du mépris pour les droits fondamentaux constitue un réel obstacle au progrès.
Selon le rapport, les victimes d’aujourd’hui sont majoritairement des jeunes hommes soupçonnés de banditisme urbain. La violence planifiée qui s’abat sur ces jeunes a vraiment augmenté. Le Gouvernement se rend coupable de crimes contre l’humanité. Ainsi, une des recommandations formulées demande au Gouvernement d’examiner réellement les violations manifestes des droits humains qui sont signalées dans le rapport.
Pour le directeur exécutif du CAD, ce rapport est dédié à Léonard Mbarusha, un réfugié rwandais, âgé de 63 ans, victime des accords de coopération entre le Rwanda et le Congo. Son état de santé se dégraderait depuis qu’il est en détention. Il est privé de soins médicaux adaptés. Léonard Mbarusha est arbitrairement détenu à Brazzaville depuis 2015. Il a droit à la vie. Une campagne a été lancée pour sa libération.

Phiippe BANZ