Les langues africaines pour une meilleure sécurité alimentaire durable, le développement culturel et socio-économique», c’est sous ce thème que l’Afrique a célébré le 21 février dernier la Journée de la langue maternelle.

Au Congo, on répartit les parlers en trois catégories distinctes: la couche primaire, composée des langues vernaculaires; la couche secondaire, composée des langues véhiculaires; et la couche tertiaire, composée du français, langue étrangère devenue officielle.
La couche primaire comprend quatre groupes linguistiques. Le groupe Sangha, qui englobe les groupes ethniques allant du nord Congo à l’affluent de l’Oubangui. Ce sont les Ndjem, Pande, Kaka, Ibenga, Bokoro, Bandjombo, Bomassa, Komo, Kabonga, Bondjo et les Baoulés.
Le groupe Bangala, qui occupe une grande partie de la Cuvette et certaines localités des Plateaux. Les groupes ethniques sont: les Mboko, Makoua, Ngaré, Enyellé, Bomitaba, Baloyi, Bobangi, Bongili, Bonga, Likouala, Mbochi et les Kuyus. Le groupe Téké, qui occupe les départements des Plateaux, la Cuvette-Ouest, une partie de la Lékoumou et du Pool. Les groupes ethniques sont: les Djikini, Ngangulu, Kukuya, Ndjiku, Aboma, Téké-lali, Yaka, Vumbu et les Tsangi.
Le groupe Kongo, qui occupe les départements du Pool, de la Bouenza, du Niari, du Kouilou. Les groupes ethniques sont: les Bahangala, Mukenge, Lari, Sundi, Kongo, Pembe, Kamba, Dondo, Kuni, Yombe, Vili et quelques groupes d’infiltration comme les Lumbu, Punu, Buisi, Mbamba, Kota et les Nzabi.
Toutes ces langues maternelles qui constituent le socle identitaire et culturel des Congolais, manquent de promotion. Elles risquent de disparaitre, si l’on n’y prend garde. Et pour cause? Dans nos foyers, la plupart des enfants et même les adultes ne parlent presque plus la langue maternelle à leurs progénitures au profit du français, oubliant que si nous existons, c’est parce que nous avons une langue maternelle. A cette allure, il ne sera pas étonnant de voir disparaître nos langues maternelles. L’usage de la langue maternelle permet à l’enfant de bien comprendre. Aujourd’hui, pour mieux faire passer le message à l’église, il y a maintenant la traduction de la bible dans nos langues maternelles (lari, mbochi, bembe, sundi, vili et bien d’autres). Bien que la langue officielle d’enseignement reste celle du colonisateur le français, le kituba et le lingala, langues véhiculaires nationales largement utilisées dans les médias, devenues pour certains la langue maternelle, devraient être enseignées à l’école. Cela se pratique déjà sous d’autres cieux.
De nombreuses personnes pensent que leur langue maternelle est la meilleure. D’où l’apparition du régionalisme, l’ethnicité, le tribalisme, oubliant que nous sommes tous issus d’une même nation indivisible. Le politique utilise la langue maternelle pour rejeter les autres (fils du coin). Le repli identitaire fragilise le tissu social et l’unité nationale. Nous l’avons vécu lors des différentes élections où l’on votait selon les particularités linguistiques. Peu importe la nature de votre projet de société.
Dans les administrations, lors des recrutements ou nominations, certains priorisent la langue maternelle, l’ethnie, le département ou le clan. La signature d’un papier est fonction de l’appartenance linguistique. Alors que toutes les langues maternelles liées à la République sont un patrimoine national.

Equateur Denis NGUIMBI