Colonel des Forces armées congolaises (FAC), mère de trois enfants et écrivaine, Aline Olga Lonzaniabeka est aussi la présidente de l’antenne FAWE-Congo (Forum des éducatrices africaines). Elle nous parle de l’institution éducationnelle qu’elle coordonne et de ses défis.

**Depuis 2018, vous êtes la présidente de l’antenne FAWE-Congo. Un mot sur cette institution et ses objectifs?
*Effectivement, je suis la coordonnatrice de l’antenne FAWE-Congo, depuis décembre 2018. Le FAWE est une ONG panafricaine et apolitique. Elle est créée en 1992 par cinq femmes africaines ministres de l’éducation, son siège se trouve à Nairobi au Kenya. Nos actions se basent essentiellement sur la promotion des femmes, l’éducation et l’orientation académique des jeunes filles. Nous travaillons avec l’UNICEF, le PNUD, le FUNAP et autres organismes dans divers projets liés aux enfants. Nous menons des actions, pour une éducation complète à la sexualité, appuyées par les institutions publiques, sur les violences basées sur le genre en milieu scolaire, des campagnes de vulgarisation contre le VIH, et sur la place de la femme dans l’édification de l’état de droit au Congo.
Nous avons des cellules d’écoute installées dans différentes écoles à travers le pays qui permet à la jeune fille de s’exprimer, de dénoncer afin qu’un meilleur suivi soit fait. Cela nous permet également de déceler les jeunes filles scolarisées qui deviennent orphelines et qui ne peuvent plus subvenir à leur scolarité. Nous les prenons en charge à la mesure de nos possibilités. Nous nous arrangeons à encourager les filles à se lancer dans les filières scientifiques et à exceller dans toutes les disciplines. Rien n’est gagné, il y a énormément à faire, je vous assure et les fonds ne sont toujours pas disponibles à la hauteur des besoins, mais le travail ne s’arrête pas, bien au contraire!

**N’y a-t-il pas des dispositions relatives au droit positif qui faciliteraient l’émancipation de la jeune fille?
*Avec la mondialisation, chaque pays cherche à se référer par rapport à la barre mondiale. La résolution 1325 des Nations unies précise que la femme puisse être prise en compte à hauteur de 30% dans toutes les administrations, y compris dans la politique. Cette résolution veut qu’on implique les femmes partout où elles peuvent œuvrer, afin que l’image négative, archaïque de la femme ancienne s’efface. Elle doit être mise au-devant de la scène pour contribuer à l’avancement dans tous les plans de son pays. En Afrique par exemple, le Rwanda applique cette loi depuis plusieurs années. Il a mis la barre haute à 50%. Les femmes sont hissées et travaillent dans tous les domaines. Je ne ferai pas de commentaires car nous voyons tous comment évolue le Rwanda. Plusieurs pays suivent son exemple certes, mais assez timidement dans les autres.

**Qu’en est-il de la situation réelle de la jeune fille et de la femme au Congo?
*Au Congo je peux dire que la situation de la jeune fille et de la femme a un espoir, car les femmes ont pris conscience de leurs potentialités, des opportunités que leur offre l’ère nouvelle contrairement aux restrictions sévères qu’avaient nos grand-mères et nos mères. Les femmes congolaises s’impliquent et marchent de concert avec les hommes et ensemble tissent et construisent leur pays par le dur labeur. Elles apportent leur contribution; et la jeune fille ne pourra que bénéficier de cette expérience qui se déroule à son époque. Cela sous-entend que dans les années à venir les jours seront de plus en plus radieux pour elle. Il est vrai que le Chef de l’Etat, Denis Sassou Nguesso a toujours encouragé la parité. Nous voyons à présent les fruits. Certes, les efforts fournis ne totalisent pas pleinement les 50% alors que démographiquement les femmes sont plus nombreuses que les hommes. Cependant la volonté de toujours mieux faire est perceptible et l’optimisme est au rendez-vous.

**Un dernier mot à l’endroit des femmes et jeunes filles?
*Aux femmes, je souhaite qu’elles sortent des ornières de la facilité et qu’elles prennent réellement leur vie en main. Que les jeunes filles grandissent avec des objectifs et s’y focalisent afin de réaliser leurs rêves. Dans mon premier ouvrage intitulé ‘’La femme congolaise et la défense de la nation’’ j’évoque par exemple quelques figures féminines du Congo qui ont lutté pour se faire une place dans la société, des femmes qui ont laissé de grandes richesses de par leur implication. On peut citer Jeanne Vialle, Tchimpa Vita, les jumelles Golengo et bien d’autres.

Propos recueillis par
Aubin Banzouzi