L’élection d’un Pape est une vieille tradition dans l’histoire de l’Eglise catholique romaine. Elle se fait à huis clos par les cardinaux électeurs âgés de moins de 80 ans, réunis en conclave après le décès ou la renonciation d’un Pape. Elle se déroule dans la chapelle Sixtine hors de tout contact avec l’extérieur. Comme d’ordinaire, l’Esprit-Saint a parlé dans les cœurs des 133 cardinaux réunis en conclave, du 7 au 8 mai 2025, après le décès du Pape François.

Le conclave a débuté le mercredi 7 mai, par une messe célébrée en la chapelle Sixtine par le cardinal Giovanni Battista Re (90 ans), doyen du collège des cardinaux. Il a déclaré que le conclave ne durerait pas trois jours. Deux jours seulement ont suffi pour que les cardinaux élisent le successeur de Pierre et que le nom du nouveau souverain pontife soit annoncé aux 1,4 milliard de fidèles catholiques à travers le monde. Il n’y a pas eu de suspens. Après quatre tours de scrutin les 133 cardinaux ont élu le successeur de Pierre au ministère pétrinien. C’est vrai, le nouveau Pape n’était pas sur la liste des grands favoris, à l’instar de l’Italien Pietro Parolin (Européen) et du Guinéen Robert Sarah (Africain). Mais en réalité, tous les cardinaux électeurs sont éligibles. La surprise aidant, la fumée blanche comme symbole de victoire a jailli de la chapelle Sixtine en faveur du cardinal Robert Francis Prevost (à l’état civil), de nationalité américaine, ancien archevêque de Chicago. Les cloches de la chapelle Sixtine ont sonné à toute volée; cris de joie, applaudissements de la foule compacte amassée Place Saint-Pierre de Rome. Depuis le balcon de la loggia, le cardinal Jean Louis Tauran brandissant le «habemus Papam» à travers la célèbre phrase: «Annuntio vobis gaudium magnum: habemus Papam». Nous avons un Pape, Robert Francis Prevost. Comme il est de tradition dans l’histoire de la Papauté, le 267e Pape de l’Eglise catholique universelle a choisi le nom de Léon XIV, en référence à Léon XIII qui a vécu au 19e siècle et qui s’était distingué par la Doctrine sociale de l’Eglise et son engagement dans la société.
Il est 18h30, heure locale, ce jeudi 8 mai, lorsque le nouveau souverain pontife et évêque de Rome, entouré des cardinaux électeurs, est apparu au balcon de la loggia.Visiblement ému, c’est avec ces quelques mots qu’il s’est exprimé: «La paix soit avec vous. Devenons un seul peuple toujours en paix. Je connais bien cette Eglise et les défis auxquels elle fait face». Grande était la joie à Chicago, aux Etats-Unis, son pays d’origine, en majorité protestant. Au nombre des réactions pour saluer le nouveau Pape, celle du président américain Donald Trump à travers un message télévisé félicitant le nouveau Pape: «C’est un honneur pour le pays…».
En Afrique, l’élection du nouveau Pape est saluée avec beaucoup d’admiration, au-delà des pronostics en faveur des cardinaux Robert Sarah (Guinéen) et Fridolin Ambongo Besungu (République Démocratique du Congo). Dans l’archidiocèse de Brazzaville, l’abbé Vincent Massengo, vicaire général, a fait savoir que le nouveau Pape aura la mission de maintenir l’unité au sein de l’Eglise: «Le Pape qui vient d’être élu n’est pas nouveau dans l’Eglise, c’est lui qui avait la charge du Dicastère où l’on nomme les évêques. Si ailleurs on prône le mariage homosexuel, en Afrique nous avons nos réalités, la polygamie. Et si l’on célèbre le mariage avec plusieurs femmes, ce n’est pas bon. Le Pape a été choisi pour conduire le peuple de Dieu dans l’unité. De toute façon, il ne sera pas seul, il y a des cardinaux autour de lui». A 69 ans, le nouveau pontife est un religieux de l’Ordre de Saint-Augustin et aussi le deuxième pontife romain américain non européen après François, jésuite latino-américain, son prédécesseur et proche collaborateur. Entre les deux Papes, François qui avait une dévotion pour la Vierge Marie et son attention soutenue pour les pauvres, et Léon XIV avec une dévotion pour la Vierge Marie qui prône l’unité, le dialogue, la lutte contre la pauvreté et la paix, mais le but commun est d’unifier cette Eglise fragilisée. A travers cette élection d’un court conclave (48h), les cardinaux ont fait le choix judicieux d’un prélat qui n’était pas favori, mais qui connaît bien les questions internationales. Le nouveau Pape s’inscrit dans la ligne droite de la continuité des réformes enclenchées par le Pape François. Deux ans durant, il a assumé les fonctions de préfet du Dicastère pour les évêques au sein de la curie romaine, en charge de gérer les dossiers des nominations des évêques dans l’Eglise catholique. Désormais, les yeux de nombreux fidèles catholiques sont tournés vers le Vatican pour l’intronisation et l’installation du nouveau Pape.
Robert Francis Prevost est né le 14 septembre 1955 à Chicago, aux Etats-Unis d’Amérique, de mère espagnole et de père Louis Marius, Franco-Italien. Il est ordonné prêtre en 1982 à l’âge de 27 ans. De nationalité américano-péruvienne et prieur général de l’Ordre de Saint-Augustin. Missionnaire au Pérou, de 1985 à 1998. Puis il a exercé les responsabilités à la maison mère de son ordre, à Rome, de 2001 à 2013. Il est nommé évêque du diocèse de Chicago en 2013. Ensuite, le Pape François le prend à ses côtés comme collaborateur au Dicastère pour les évêques afin de succéder au cardinal Quellet. Il prend ses fonctions le 12 avril de la même année. Dix ans plus tard, le 30 septembre 2023, il est créé cardinal par le Pape François. Détenteur d’un Doctorat en droit canonique obtenu à l’université Saint Thomas D’Aquin de Rome, cet ancien préfet du Dicastère pour les évêques est un grand rassembleur qui succède au religieux jésuite.
Le vendredi 9 mai 2025, le Pape Léon XIV a célébré la messe de clôture du conclave, en la chapelle Sixtine. La messe d’inauguration de son pontificat aura lieu le dimanche 18 mai 2025 à 9h, Place Saint-Pierre de Rome. Cette messe marquera officiellement son intronisation comme 267e Pape, successeur de Pierre. Après quoi, il va choisir ses collaborateurs et former son gouvernement (la curie romaine).

Pascal BIOZI KIMINOU