Nous nous plongeons au plus profond dans la crise sanitaire. Les compteurs s’affolent: nombre de malades et de morts du COVID-19 en flèche, quasi-totalité des départements touchés et perspectives d’une mise à disposition d’un médicament ou d’un vaccin peu rassurantes. Le Congolais continue d’osciller entre doute et tiède prise de conscience. Pourtant, les signes d’espérance existent.
D’abord parce que, malgré le déni et la désinvolture face à la maladie, l’homme de la rue sait désormais que celle-ci existe. Des figures célèbres ont été portées en terre ces deux dernières semaines, elles renseignent assez sur l’existence d’une maladie qui fauche dans tous les milieux. Nous savons désormais. Et si nous ne sommes pas toujours disposés à observer instinctivement les mesures barrières, le port généralisé des masques prouve que nous savons.
Autre espérance: la prise de conscience désormais acquise chez les soignants que pas même eux ne sont exemptés du devoir d’apprendre. Fini le temps où ils jetaient un corps n’importe comment: la peur fait peu à peu place à un professionnalisme louable. Les personnels qui jettent leur blouse blanche en face d’un signe possible de COVID-19 existeront toujours, sans doute. Mais désormais, médecins et infirmiers savent que cette maladie est avant tout une maladie. Qu’elle ne condamne pas à la mort irrémédiable.
Je vois un signe positif aussi dans le fait que l’information nous est désormais servie. Fini le temps où un journaliste de télévision se faisait mettre littéralement à la porte pour avoir posé des questions incommodantes à un ministre sur la non-visibilité des malades. Depuis ce triste épisode, nous avons pu voir les personnes, femmes et hommes, atteintes de coronavirus ; qui en sont mortes ou qui en ont guéri. Dans notre dernière édition, vous avez pu lire l’histoire poignante d’un de ces rescapés.
A la télévision toujours, l’information est de moins en moins formatée, de moins en moins orientée sur cette maladie. Nous en avons eu une démonstration dans l’entretien entre notre confrère Jean-Claude Kakou et le Pr Elira Dokekias. Questions directes, réponses sans trop de langue de bois aussi, je crois. Nous avons ainsi appris que le lot de Covid Organics, censé prévenir et guérir du Coronavirus, est en partie épuisé.
Et que seuls demeurent les lots présentés comme pouvant guérir. Une guérison dont il est permis de douter tant le pays d’origine de cette potion, Madagascar, voit aujourd’hui le nombre de ses propres malades exploser. Au point que la région de la capitale, Tananarive, a dû reconfiner et serrer au plus près les mesures de protection. Le salut malgache n’en sera pas un.
Mettre une information claire à la disposition des citoyens; pouvoir répondre sans détours aux questions d’une presse libre sont, à mon avis, signes que nous pouvons nous conduire en responsables face à cette maladie ou à n’importe quelle catastrophe. Si nous voulons comprendre que le Coronavirus n’est pas une invention politique dont une opposition viendrait nous sauver, il faut en finir avec les cachoteries.

Albert S. MIANZOUKOUTA