Au cours d’une conférence de presse, le Comptoir juridique junior (CJJ), et la Plateforme pour la gestion durable des forêts (PGDF), à travers son Groupe de travail juridique (GTJ) et l’appui de l’ONG WWF a présenté mercredi 30 décembre 2020, l’évaluation de l’état de la gouvernance forestière au Congo. Les résultats montrent que la gouvernance connaît de nombreux problèmes de performances auxquels il faut s’attaquer, même si elle s’efforce à renverser la situation.
La présentation a été faite par Sylvie Mfoutou Banga, coordonnatrice de l’ODDHC, Daniel Ndinga, Gildas Obimbola, tous deux du Cercle d’appui à la gestion durable des forêts (CAGDF), Laurin Lilian Barros, secrétaire permanent du CJJ, tous du Groupe de travail juridique (GTJ).
Trois piliers ont été analysés pour l’évaluation de l’Etat de la gouvernance forestière en République du Congo: «Cadres politiques, législatif et institutionnel»; «planification, prise de décision et règlement des conflits»; «mise en œuvre, application et conformité des politiques, législations et institutions».
Pour le premier, Sylvie Mfoutou Banga a indiqué que les résultats ont identifié les plus grands obstacles à une gouvernance forestière efficace et efficience: les politiques, les lois, les stratégies et arrangements institutionnels, les incitations financières et instruments économiques, ainsi que les plans nationaux de développement des secteurs qui affectent directement ou indirectement les forêts (terres, agriculture, mines, énergie). Des améliorations existent dans la règlementation du marché national des produits forestiers, la prise des textes d’application pour la mise en œuvre des lois qui en souffrent, l’adoption d’un plan national d’affectation des terres (PNAT), la finalisation de l’aménagement de toutes les concessions forestières attribuées, etc.
Daniel Ndinga, présentant le deuxième pilier, a indiqué qu’on note une nette évolution de la participation et de l’influence des parties prenantes y compris la société civile, dans les accords internationaux et processus nationaux dans le domaine des forêts. Parmi les limites et problèmes, a-t-il dit, il y a toujours une faible implication et une faible volonté politique pour s’y conformer. Beaucoup reste à faire en matière d’implication dans le processus des réformes juridiques dans les domaines des mines, de l’agriculture, de l’aménagement du territoire. L’accès à l’information par le public est limité; le caractère confidentiel constitue un obstacle.
Le troisième pilier a été présenté par Gildas Obimbola. La mise en œuvre du cadre juridique a été considéré comme le plus problématique pour la gouvernance forestière au Congo. Bien que les résultats montrent qu’il y a un consensus général sur le fait que les lois et politiques existantes étaient adéquates. Mais, il se pose le problème de son utilisation efficace, les limites de la connexion internet, le défi de la modernisation de l’administration sur les NTIC, de la maintenance et de la prise en charge de la ressource humaine.
Parmi les recommandations, Laurin Lilian Barros a souligné que le ministère de l’Economie forestière et la société civile devraient améliorer la communication, l’éducation et la diffusion du cadre juridique forestier auprès des usagers, des communautés locales et des populations autochtones. Pour le second pilier, l’Etat devrait augmenter la participation des parties prenantes dans la prise de décision relevant du secteur forestier et les opportunités de formation. Et pour le troisième pilier, l’Etat gagnerait à renforcer le contrôle dans la collecte des recettes forestières et dans leur dépense; mettre en place des moyens financiers et logistiques suffisants pour promouvoir la recherche sur la gestion et la production forestières; prévoir des actions de sensibilisation pour faire connaître la politique et les lois forestières aux usagers et à l’administration afin qu’elles soient intégrées et respectées.

Aybienevie N’KOUKA-KOUDISSA