Dans le cadre du suivi des recommandations des différentes initiatives en lien avec la gestion durable des forêts auxquelles le Congo a souscrit, la Rencontre pour la paix et les droits de l’homme (RPDH), que cordonne Christian Mounzéo, a organisé le 18 avril 2025, à Loango, dans le département du Kouilou, un forum multi-acteurs sur les initiatives climatiques et la gestion durable des forêts dans le Kouilou.

Les cérémonies d’ouverture et de clôture étaient patronnées par Bienvenu Dangui Makosso, directeur de cabinet du président du Conseil départemental du Kouilou. Pendant une demi-journée, la centaine de participants venue des différentes localités (société civile, populations locales et peuples autochtones) a passé au peigne fin les importants déficits constatés en matière de respect du Consentement libre, informé et préalable (CLIP), du cahier des charges particulier et des droits des travailleurs.
L’approche a consisté à sensibiliser les Communautés locales et les populations autochtones (CLPA) sur les processus de gouvernance forestière et climatique Accord de partenariat volontaire (APV), ITIE, RDD+, CAFI, et le suivi des cas d’illégalités forestières, environnementales et foncières.
Les participants ont observé, en ce qui concerne l’exploitation de l’unité forestière, le manque de transparence lié au respect de principe de primauté des membres de la communauté dans le recrutement de la main d’œuvre locale.
En effet, la société déplace le personnel venant d’autres localités pour être utilisé dans la zone d’exploitation, au détriment de la main d’œuvre du village. La RPDH estime, à ce titre, qu’une cohabitation harmonieuse avec les communautés rime avec le respect des quotas de recrutement au niveau local.
Le problème lié au conflit homme-éléphant se pose toujours avec acuité dans la zone, où même les cas de décès impliquant des chasseurs ont été signalés en forêt. Malgré les constats effectués par la commission mixte mise en place par les pouvoirs publics, la réalité demeure inchangée.
Cette situation décourage les initiatives agricoles et maraîchères au niveau local avec des défis à terme, s’agissant de la disponibilité des denrées alimentaires agricoles. Toutefois, l’organisation a été informée de la tenue d’un registre de gestion de plaintes au sein de la société Taman, et de la disponibilité de procès-verbaux de consultation de la communauté dans le cadre de la cartographie participative de la zone d’exploitation.
Ce qui constitue une avancée en termes de conformité aux critères 3.3 et 3.1 de la grille d’évaluation de l’APV. Ce constat est celui de la mission d’inspection de la direction départementale de l’Economie forestière de la Lékoumou, au premier semestre 2024.
Des recommandations pour un début de solution
Dans ce cas de figure également, la RPDH a identifié des préoccupations en lien avec le recrutement de la main- d’œuvre locale et des conditions de travail du personnel, en violation des dispositions du droit du travail, et du critère 3.5 de la grille d’évaluation de l’APV.
Ces préoccupations sont de l’ordre de la non mise à disposition des contrats de travail, du non versement des droits CNSS et IRPP pourtant prélevés à la source, du non-respect des horaires, des licenciements abusifs sans possibilité d’exercice de toute liberté syndicale, du manque de dotation d’équipements adéquats, de l’absence d’une prise en charge sanitaire adéquate…
De plus, le conflit homme-éléphant est également observé avec la dévastation et la destruction des plantations et des cultures par les pachydermes provenant du parc national Conkouati-Douli. De façon générale, la population ne jouit pas de ses droits fondamentaux.
Au regard de ce triste tableau, les participants ont formulé quelques recommandations. Parmi ces recommandations : «prendre, sans tarder, des décrets et autres textes d’application à la loi n°33-2020 du 8 juillet 2020 portant code forestier en République du Congo; procéder, sans tarder, à l’indemnisation des communautés impactées par la destruction de leurs cultures du fait des éléphants et veiller au respect du quota de recrutement des ouvriers de chaque village dans les sociétés forestières installées dans le département».

Equateur Denis NGUIMBI