Le Congo a porté en terre samedi dernier son ancien président de la République, JoachimYhomby Opango. A Owando. L’hommage du pays a surtout pris la forme du deuil d’un jour décrété, et des honneurs rendus à l’ancien général, ancien Président, ancien Premier ministre. Veillées funèbres, déférences du couple présidentiel, oraison publique et inhumation: une histoire du pays se referme dans la simplicité.
Curieuse coïncidence aussi qui veut qu’à quelques semaines d’écart, nous ayons perdu deux anciens Présidents de la République. Yhomby Opango et Pascal Lissouba ont eu plus d’une vision partagée ; plus d’une démarche pensée pour sortir le Congo de ses errements et de ses balbutiements en développement. Pour le premier, les témoignages rendus sont tous allés dans le même sens.
Homme de rigueur, amoureux de l’ordre et des choses bien faites, officier réel par mérite, études sérieuses dans son art d’assumer le commandement militaire: le Congo perd vraiment en Yhomby Opango un cadre. Tous les témoignages l’ont souligné avec suffisamment de conviction pour ne pas avoir à en rajouter. Il en est qui sont allés jusqu’à regretter que son goût de bien faire n’ait pas perduré, et ne soit pas allé au-delà des contingences qui font passer tout homme politique par les aléas et les hauts et les bas. Surtout en Afrique.
Gardons de lui cette image-là d’un homme de grande linéarité. Peut-être venu trop tôt aux affaires, peut-être tombé dans le contexte d’un pays troublé qui n’avait pas suffisamment de sérénité pour cueillir chez lui la tension vers ce qu’il voulait pour le Congo qu’il a, on peut le dire, aimé avec passion.
On peut retenir aussi qu’avec ses funérailles et ses obsèques, la République a tracé une jurisprudence de grande élégance. Les tiraillements aux alentours des périodes électorales peuvent, je crois – doivent- savoir s’effacer devant la sacralité de l’homme. Surtout s’il a conduit le destin de millions de Congolais. Et qu’il a porté haut le flambeau de leur honneur dans l’armée, dans le sport et même, a-t-on rappelé, dans les arts et la musique.
L’Eglise catholique a rendu hommage à l’illustre disparu. Nos évêques ont fait le déplacement d’Owando pour aller porter l’inclinaison des chrétiens devant celui qui fut notre président à tous. C’est peut-être cela le meilleur témoignage des baptisés : entre Dieu et César, il est des moments comme celui-ci où le baptisé n’a pas à choisir.

Albert S. MIANZOUKOUTA