Les 14 pays d’Afrique francophone, au Sud du Sahara, ont célébré à partir du mois de juillet 2025, plus de soixante ans de leur indépendance. Indépendance ‘’Cha-cha tu bakidi’’ certes! Mais indépendance dans la dépendance.

En effet, plus de soixante ans après leur accession à l’indépendance, les pays de la zone franc peinent à émerger.
Archimède, le savant disait: «Donnez-moi un point d’appui et je soulèverai le monde.» Les pays africains, notamment ceux d’Afrique centrale, qui ont des points d’appui, des ressources de toutes sortes, incontournables, premières, énormes, bref d’incontestables appuis, ne sont pas capables de soulever l’Afrique moins encore de la hisser au sommet de la hiérarchie mondiale, comme l’ont fait les Chinois pour la Chine. C’est là le vrai problème. On n’oublie pas qu’en 1960, les fameuses communes populaires chinoises n’avaient que deux ans et la révolution culturelle, pantalons gris et chemises blanches, datait de 1967, alors que la Chine n’était qu’un pays en ‘’pleine bourre’’.
Les quatre modernisations de M. Deng Xiaoping, datant de 1977 seulement, ont ouvert la voie à l’irrésistible ascension de la Chine vers les sommets absolus. Pourquoi les dirigeants africains francophones, en l’occurrence ceux d’Afrique centrale ne portent pas leur pays vers les mêmes hauteurs, alors que rien ne manque pour cela? Ni les hommes, ni la terre. À cela s’ajoute la litanie confondante, presque agaçante, des réserves que détient la Mère Afrique dans ses entrailles: chrome, platine, or, manganèse, uranium, cuivre, diamant, bauxite, nickel, plomb, cobalt, titane, pétrole (on en découvre au fil des ans), etc. Des évidences qui déstabilisent et rendent malade.
C’est sur le terrain de l’économie que se déroule la vraie compétition qui oppose les nations de la terre à travers l’INDUSTRIALISATION.
Pour le Dr Kitsoro Firmin Kinzounza, «les 14 pays francophones ayant en commun le Franc CFA sont loin d’être des Etats souverains. Peut-on être un Etat Souverain avec une banque centrale communautaire dépendant de la Banque de France? A l’évidence, non.
Les 14 pays francophones sont de facto des Territoires d’Outre-mer de la France, à souveraineté internationale. De jure, c’est-à-dire sur le plan du Droit international, ils ont le statut d’Etats souverains avec chacun, un siège à l’Onu.
Le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Mauritanie et Madagascar ont claqué la porte de l’enclos du F.CFA. N’empêche que le Maroc et la Tunisie ont rejoint le groupe des pays à revenu intermédiaire.»
Plus de soixante après l’indépendance, la stratégie de développement doit être totalement renouvelée. Avoir un amour fou pour le pays qu’on dirige, pour le continent; un amour quasi mystique est un préalable. Ceux qui ont réalisé des prouesses pour leur patrie, non sans parfois de tragiques erreurs, avaient une très haute idée de leur pays: Corée du sud, Inde, Chine, etc.
Les dirigeants des pays d’Afrique francophone doivent souffler à leur peuple cette mystique, leur insuffler cet amour et leur enjoindre de se mettre au travail.
On peut devenir une puissance mondiale sans que toute la population s’enrichisse d’un coup. L’Inde est une superpuissance aujourd’hui, elle a maitrisé toutes les technologies, envoie dans des missiles, des satellites, accomplit les prouesses les plus remarquables, mais près de la moitié de sa population est encore pauvre. La Chine, 62 ans après la prise du pouvoir politique par Mao (1949) est devenue en 2011, la deuxième puissance économique mondiale formant en moyenne 1 million d’ingénieurs par an.
Plus de soixante ans suffisent pour faire des pays qui ont commémoré leur indépendance, nombre d’entre eux en tout cas, des pays solides, à l’économie structurée et diversifiée, des pays socialement équilibrés et politiquement adultes.
Economiquement et socialement, les Etats francophones n’ont pas réglé la question du développement industriel: on ne peut devenir une puissance qui compte et qui pèse sans industrialisation.
En soixante ans et plus, il faut reconnaître que le gâchis est énorme: des «éléphants blancs» par ici, des installations défectueuses par-là, des usines «clé en main» qui n’ont jamais été montées.
Les pays africains francophones doivent s’engager résolument dans la voie de l’INDUSTRIALISATION en menant de front l’implantation des industries légères et lourdes. Pour cela, «les conditions ci-après doivent être réunies: l’avènement au pouvoir d’une condition poétique favorable à l’industrialisation; l’implantation de l’écosystème de l’industrie; l’élaboration de projets économiques en lien avec l’industrialisation; la mobilisation des financements alternatifs et innovants», estime le Dr F.C. Kinzounza.

Viclaire MALONGA

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