Après Aurlus Mabélé, Manu Dibango, etc., une autre grosse pointure du monde de la musique vient d’être fauchée par la pandémie de la COVID-19. Il s’agit de Jacob Desvarieux, célèbre guitariste, chanteur et cofondateur du célébrissime groupe antillais Kassav’ (en référence à la cassave, une galette de manioc). Le virtuose artiste a rendu l’âme le vendredi 30 juillet dernier, au CHU de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, où il avait été admis en soins intensifs, il y a une dizaine de jours.

Jacob Desvarieux
Jacob Desvarieux

Mort à l’âge de 65 ans, Jacob Desvarieux et le groupe Kassav’ ont marqué d’une pierre blanche l’histoire de la musique mondiale. Reconnaissable à sa voix éraillée, guitariste hors pair, Jacob Desvarieux a vu le jour le 21 novembre 1955, à Paris, en France. Il passe ses dix premières années aux Antilles, entre la Guadeloupe et la Martinique. Avant qu’un cyclone ne pousse sa mère qui l’élève seule à avoir recours aux services du Bureau des migrations d’outre-mer (BURIDOM) pour aller en métropole (En france, la Martinique et la Guadeloupe étant des territoires français d’Outre-Mer, NDLR) comme employée de maison en banlieue parisienne.
A cette époque, le jeune Jacob reçoit en cadeau sa première guitare, offerte à la place du vélo qu’il avait demandé, jugé trop dangereux.
En 1966, la famille de Jacob Desvarieux déménage pour Dakar, la capitale du Sénégal, où elle passe deux ans, avant de retourner en France.
A l’âge de 16 ans, Jacob devient arrangeur, à Marseille.
Avec ses amis Français Cauletin, Philippe Drai, Christophe Zadir et Achille Ango, il met sur pied un groupe de rock, The Bad Grass, qui deviendra plus tard, pour des raisons commerciales, Sweet Babana.
Ils enregistrent le titre ‘’Bilboa Dance’’, pour être le générique d’une émission matinale de jeu sur la chaîne Radio Monte-Carlo (RMC), ensuite membre du groupe Ozila.
De retour dans la capitale française, à l’époque du disco, il rencontre Pierre-Edouard Décimus avec lequel il porte sur les fonts baptismaux, en 1979, le groupe antillais inventeur du style musical zouk, Kassav’. Un ensemble dont Jacob a largement contribué au développement et au rayonnement au niveau international.
En 1999, Jacob Desvarieux sort un album solo ‘’Euphrasine’s Blues’’.
En 2003, il réalise, avec le rappeur d’origine congolaise Passi et sa formation Bisso na Bisso, une chanson sur l’album ‘’Dis l’heure 2 zouk’’.
En 2017, Jacob Desvarieux devient parrain de l’association ‘’1 pour tous, tous pour l’autisme’’.
Diabétique, le leader de Kassav’ avait bénéficié d’une greffe de rein, en 2008. Ce qui l’avait astreint à prendre à vie un traitement immunosupresseur pour lutter contre le rejet de l’organe greffé.
Jacob Desvarieux avait, pourtant, reçu trois injections de vaccin contre la COVID-19. Mais, contre toute attente, il a développé la maladie en juillet 2021.
Hospitalisé au CHU de Pointe-à-Pitre, il était placé dans un coma artificiel, afin que lui soient prodigués les soins nécessaires. Malheureusement, il a rendu l’âme.
Après la mort du célèbre chanteur et guitariste, plusieurs artistes congolais lui ont rendu hommage. «Jacob Desvarieux était très, très connu à travers cet orchestre mythique, Kassav’. Je dirai que c’est une valeur sûre de la musique mondiale, guadeloupéenne, française et africaine. Il a réalisé ses œuvres avec sa voix qui sortait de l’ordinaire. C’est un grand monsieur. Sa mort est une grande perte pour la musique en général. Il a aidé pas mal d’artistes africains, tel que le Congolais Pierre Mountouari, parce qu’il était ingénieur du son à Safari ambiance», a témoigné le chanteur Zao (Casimir Zoba à l’état civil), sur Radio France internationale (RFI).
«Merci pour ces moments marquants que vous avez gravés dans nos mémoires avec votre voix et vos sons inoubliables. RIP Jacob Desvarieux», a, pour sa part, écrit le leader du groupe Extra Musica, Roga Roga, sur son compte Facebook.
La discographie du leader et cofondateur de Kassav’ comprend: «Banzana» (1983), «Yélélé» (1984), «Oh Madiana» (1985), «Gorée» (1986), «Euphrasine’s Blues» (1999).
A titre de rappel, Jacob Desvarieux et les Kassav’ ont foulé pour la première fois le sol congolais en 1987. La seconde fois, c’était en 2015, à l’occasion d’un concert donné le 26 décembre, au Palais des congrès de Brazzaville. C’était à l’initiative de la maison Doumoussion aux destinées de laquelle préside le Congolais Olivier Doumou.

Véran Carrhol
YANGA