«Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu» (Mt 5,9). Dans son discours du 8 mai 2025, les premiers mots du Pape Léon XIV étaient un appel au dialogue, à la fraternité et à la paix. On peut dire qu’il donnait ainsi une orientation claire à son pontificat. Dans la lignée du concile Vatican II et de ses prédécesseurs, il a tracé le visage d’une Eglise humble, ouverte et tournée vers Dieu et vers le monde respectivement. Ce texte propose une méditation pastorale sur trois grandes orientations pastorales que l’on peut dégager à partir de son tout premier discours comme pape: le dialogue, la construction de ponts et l’engagement pour la paix.

Une Eglise du dialogue

Léon XIV a placé le dialogue au cœur de sa première déclaration publique. Ce choix n’est pas anodin; on peut l’inscrire dans la lignée de Paul VI qui, dans Ecclesiam Suam, affirmait que «l’Eglise se fait dialogue». Il ne s’agit pas d’une simple posture diplomatique, mais d’une manière d’être: l’Eglise est conçue comme un sujet relationnel, en lien avec Dieu et avec le monde: les chrétiens ainsi que les hommes et les femmes de bonne volonté. L’Eglise n’impose pas, elle écoute; elle ne se replie pas, elle s’ouvre. Cette ecclésiologie relationnelle suppose une Eglise humble, consciente des semences de vérités que l’on peut trouver chez les autres. Une Eglise donc appelée à en être témoin du Dieu unique dans un monde pluriel et souvent dérouté. Le dialogue devient ainsi un chemin spirituel et pastoral, où la rencontre avec l’autre devient lieu de révélation.

Une Eglise qui construit des ponts

En parlant de construction de ponts, Léon XIV assume pleinement le sens étymologique du mot «pontife», dérivé de deux éléments latins. D’abord le mot «pons» ou «pontis» qui signifie «pont»; ensuite le verbe «facere» qui veut dire «faire». Le pontife est alors ce qui fait le pont. Il s’agit de faire le pont entre les hommes et Dieu. Loin d’un rôle purement institutionnel, le Pape Léon XIV a revendiqué ainsi une mission de médiation entre Dieu et les hommes dans un monde fracturé. Dans cette vision, l’Eglise ne se comprend pas comme une forteresse, mais un espace de rencontre, de passage, de communion. Elle cherche à relier ce qui est divisé: les peuples, les religions, les cultures, les générations. Elle devient sacrement d’unité, fidèle à l’intuition de Lumen Gentium, et se veut servante de l’universalité humaine. Dans un monde en quête de repères, Léon XIV entend faire de l’Eglise un acteur de réconciliation, à l’écoute de tous, sans renier sa foi.

Une Eglise au service de la paix

L’appel à la paix, premiers mots de sa bouche, a résonné comme une priorité prophétique. Il ne s’agit pas d’une paix abstraite ou naïve, mais d’un engagement concret contre la guerre, l’injustice et toutes les formes d’exclusion. En cela, Léon XIV s’inscrit dans la tradition de la doctrine sociale de l’Eglise, qui voit la paix comme fruit de la justice et du respect de la dignité humaine. L’Eglise qu’il dessine n’est pas un pouvoir parmi d’autres, mais un acteur humble et courageux, qui ose dénoncer, consoler, et reconstruire. Elle est signe et instrument de la paix du Christ dans le monde, selon les mots de Gaudium et Spes. Servante du bien commun, elle se met du côté des victimes, des oubliés, des peuples blessés, avec une parole de réconciliation et un cœur tourné vers l’avenir.

Alphée MPASSI, CSSp

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