Le premier, un recueil de poèmes de 248 pages, le second, un essai de 172 pages, tous deux publiés aux Editions Kemet en 2020. La présentation et la dédicace de ces deux ouvrages a eu lieu samedi 14 novembre dernier à Brazzaville, devant un parterre d’hommes et de femmes de lettres dont le général-écrivain Benoît Moundélé-Ngollo. Ce sont Rosin et Jessy Loemba, critiques littéraires, qui ont eu la charge d’examiner les deux ouvrages, sous la modération de Julien Makaya Ndzoundou.

Parlant du recueil de poèmes (‘’L’homme! Ce moustique sous les tropiques’’), Rosin Loemba a estimé que l’œuvre de Pierre Ntsémou, dit «Saint Pierre des mots», se singularise, à première vue, par le fait qu’elle se considère comme un réquisitoire de genres littéraires, avec des formes stylistiques qui rappellent certains classiques de la littérature française. Une œuvre qui traduit la pluralité des mondes, la diversité des gens et la polysémie des réalités. L’œuvre reste marquée par des thématiques qui semblent authentifier la particularité de l’auteur qui ne peut se donner au monde qu’en révélant ses mobilités, sa propre sensibilité et ses obsessions vis-à-vis du malaise social. Dans ce livre, l’homme est comparable à un moustique. Il s’en dégage une forme de pessimisme à l’égard des relations humaines: «L’homme est un loup pour l’homme». Mais «la problématique de l’homme dans son rapport humain, ainsi que dans son rôle social, inspire le poète à s’imaginer l’archétype essentiel, surtout quand il s’agit de redéfinir l’altérité au sens propre du terme», explique le critique littéraire. La dimension humaniste de ce texte pousse l’auteur à avoir une pensée pour son peuple. Une manière de prendre position pour rétablir le tissu social, d’appeler au changement des mentalités et au rapport des politiques dans la gestion de la cité. Le poète en appelle à une prise de conscience, un rappel à l’ordre sur le vivre ensemble.
Jessy Loemba, pour sa part, s’est chargé de décrypter le tout premier essai de Pierre Ntsémou intitulé: «De la nécessité de la vérité». «Un acte de vertu, teinté de bonne foi, un acte teinté de sincérité», telle est, avant tout, la définition que le nouvel essayiste attribue à la vérité, selon le commentateur. En abordant cette sensible question sur la vérité, il tente d’étaler une litanie de faits et d’anecdotes susceptibles de susciter crispations et exaspérations. Des politiciens prestidigitateurs aux pédagogues véreux, en passant par les prophètes aux panses garnies, les hommes de droit qui disent le droit à gauche et lisent à l’envers etc., Pierre Ntsémou dresse un portrait, certes non exhaustif, de ce qu’est censé être la vérité.
La seconde partie de cet ouvrage est constituée de maximes, aphorismes et anecdotes qui sont un miroir dans lequel chacun se mire et apprécie l’étoffe dont il est cousu.
Natif de la République du Congo, et après une longue carrière d’enseignant de littérature dans le secondaire, Pierre Ntsémou, à la retraite, consacre son temps à la lecture et à l’écriture. Il est poète, dramaturge, nouvelliste, romancier et pousse maintenant vers l’essai.

Marcellin MOUZITA M.