«Russie-Occident: une guerre de mille ans», c’est le titre du livre de l’écrivain, journaliste et homme politique suisse, Guy Mettan, au centre d’une grande conférence le 21 avril 2022, à l’amphithéâtre de l’Ecole normale supérieure (ENS) de l’Université Marien Ngouabi, à Brazzaville.

Cette conférence a été animée par l’auteur lui-même, en visioconférence. C’était en présence de la directrice de la Maison russe, Mme Maria Fakhrutdinova, des enseignants, écrivains, chercheurs, étudiants et autres invités.
Sous-titré: «La russophobie de Charlemagne à la crise Ukrainienne», cet ouvrage paru en 2015 et traduit en six langues traitait déjà l’actualité de l’heure. Et projetait aussi la propagande médiatique occidentale actuelle. Sept ans se sont écoulés depuis la première parution de l’ouvrage, sept longues années pendant lesquelles la russophobie occidentale, loin de s’apaiser, a redoublé d’intensité. Il serait fastidieux d’en rappeler tous les détails tant ils sont nombreux, à en croire l’auteur. Seulement, l’on peut retenir que chaque année, en moyenne, une nouvelle affaire est montée en épingle par les dirigeants et les médias occidentaux dans le but de discréditer la Russie auprès des opinions publiques et d’entretenir un climat d’animosité. L’auteur qui subit actuellement des pressions pour ses opinions se dit vraiment indigné du fait que l’Occident qui, semble-t-il, prône la démocratie et la liberté d’expression, se verse, subitement et de façon désagréable, dans la désinformation et la privation de certaines libertés.
Guy Mettan, se basant sur sa propre expérience, demande aux futurs journalistes et autres étudiants de croire en eux-mêmes, surtout dans ce contexte où l’information n’est plus diversifiée et que les règles déontologiques bafouées peuvent leur place que dans le manuel d’éthique. Selon lui, ce qui choque le plus dans l’attitude des médias occidentaux qui se targuent d’être à la pointe de la déontologie journalistique et dénoncent volontiers la ”propagande” des autres, c’est le manque stupéfiant de questionnement qui est pourtant à la base de leur métier. C’est dans ce même contexte que la culture aujourd’hui est de plus en plus politisée. Plusieurs personnes déjà, selon lui, subissent dans un silence totalement dangereux les effets dévastateurs de ce phénomène, sinon de cette russophobie. L’auteur n’a pas oublié de mentionner que même les ménages sont aussi politisés, s’appuyant ainsi sur les exemples concrets des couples mixtes russo-occidentaux. Le phénomène de russophobie qui prend de l’ampleur a suscité d’ailleurs l’indignation des hommes de culture de par le monde. En Italie, par exemple, la création de fresques murales de Dostoïevski explique bien cette prise de position des artistes.
Guy Mettan a même fustigé le ”Testament de Pierre le Grand”, ce document totalement fabriqué qui servit d’arme de propagande à Napoléon pour renforcer le moral de ses troupes afin de justifier sa guerre inutile contre la Russie.
Avant de clore son intervention, l’auteur a rappelé à l’assistance que si son livre se révèle parfois critique avec les médias, il ne fait pas non plus un procès de journalisme.
Si ce livre, en montrant le poids des préjugés hérités de l’histoire pouvait contribuer à faire cesser cet ostracisme millénaire qui mine l’Occident de l’intérieur, en l’amputant d’une grande partie de lui-même, il aurait alors atteint son but. Car faisant une introspection, l’Occident devrait enfin comprendre qu’il ne se limite pas seulement, selon la formule du général de Gaulle, mais plutôt s’étend bien de l’Atlantique au Pacifique.
La troisième parution du livre de Guy Mettan est prévue pour le mois de mai et sera disponible dans la bibliothèque de la Maison Russe au Congo.

Sévérine EGNIMBA