La cérémonie de présentation et de dédicace de ces deux tomes, modérée par le Docteur Patrick Itoua-Ndinga, s’est déroulée lundi 3 mars dernier à Brazzaville devant un public composé, entre autres, du directeur général du livre et de lecture publique Pr Bellarmin Iloki, représentant la ministre en charge de la Culture; du vice-président du Conseil supérieur de la liberté de communication Jean-Pierre Ngoma, des autorités municipales, d’universitaires et d’étudiants. Cet événement a mis en lumière deux ouvrages majeurs qui explorent en profondeur le positionnement et l’appropriation de la télévision et des médias sociaux au Congo entre 1990 et 2018.
Le premier tome, intitulé «Télévision et médias sociaux au Congo : positionnement informationnel et espace public (1990-2018)» compte 272 pages. Il a été présenté par le Docteur Romuald Okoti de l’Université Marien Ngouabi. Comme critique littéraire, R. Okoti a souligné la pertinence de l’analyse du positionnement des médias dans la construction de l’espace public congolais, mettant en avant la rigueur méthodologique et la richesse des données présentées par l’auteur. Il s’est focalisé sur les trois principaux indicateurs qui caractérisent le tome 1 de l’auteur : l’analyse de l’information télévisuelle marquée par l’emprise de l’information institutionnelle à Télé Congo et par les sujets de proximité à Drtv, le deuxième scrute les logiques organisationnelles de l’espace public, politique et sociétal à travers la médiation des deux instances télévisuelles (Télé Congo et Drtv) et le troisième évoque l’accueil d’un espace public traditionnel à travers les télévisions transnationales et les médias sociaux. Docteur Okoti a constaté que «les approches d’analyses et des assises théoriques mobilisées dans cet ouvrage sont très riches et s’appuient sur les auteurs de renoms…».
Le second tome, «Télévision et médias sociaux au Congo : appropriation de l’information et espace public (1990-2018) », avec ses 206 pages, a été déconstruit par la Docteure Marina Matsanga Nziengui de l’Université Omar Bongo de Libreville, au Gabon. Elle a mis en lumière la manière dont l’auteur aborde l’appropriation de l’information par les citoyens, un aspect crucial pour comprendre les dynamiques sociales et politiques de cette période. Docteure Matsanga Nziengui a, pour sa part, relevé que «l’architecture du tome 2 est bien équilibrée». Ceci, en partant du contexte de réception de l’information, l’offre télévisuelle nationale diversement appréciée, au positionnement du téléspectateur, de l’outil de l’internaute, face à l’élargissement de l’offre informationnelle, aux chaînes transnationales et aux médias sociaux. Il s’agit dans ce tome 2 de «comprendre les comportements, les pratiques et surtout les usages du public, tout en revoyant, reconsidérant ou en requestionnant la corrélation entre les stratégies d’acteurs médiatiques et les modalités d’adhésion des publics en mettant l’accent sur les journaux télévisés», a-t-elle souligné.
Les deux intervenants ont salué la contribution majeure du Docteur Jonas Charles Ndeke à la compréhension des médias congolais, soulignant que ces ouvrages constituent des références incontournables pour les chercheurs, les étudiants et les professionnels des médias.
Tout en remerciant les participants à cette présentation-dédicace, l’auteur a décliné le mobile qui a présidé à cette production littéraire. C’est, «partant d’un constat sur les faiblesses de l’offre informationnelle proposée par les télévisions et médias sociaux au Congo et sur l’insatisfaction exprimée par les téléspectateurs et internautes congolais que nous avons mené une enquête exploratoire en 2015». Pour produire l’analyse qui a abouti à ces ouvrages, Jonas Charles Ndeke a mobilisé 250 journaux télévisés (150 de Drtv et 100 de Télé Congo). Eu égard à ces faiblesses et insatisfactions établies, le Docteur Ndeke propose : « la poursuite des efforts de libéralisation du paysage médiatique congolais, la création des conditions qui permettent au Conseil supérieur de la liberté de communication d’assurer sa mission de régulation des médias sans pression politique ; permettre à Télé Congo d’opérer une réelle mutation de chaîne d’Etat à la chaîne de service public. A cela s’ajoute une autonomie administrative et financière la chaîne nationale publique».
Ces deux tomes, publiés par L’Harmattan Paris le 12 décembre 2024 s’inscrivent dans une démarche académique rigoureuse et offrent une analyse approfondie des transformations médiatiques au Congo. Ils sont désormais disponibles pour tous ceux qui souhaitent approfondir leur compréhension des enjeux liés à l’information et à l’espace public dans le contexte congolais.
L’ouvrage du Docteur Jonas Charles, présélectionné au prix du livre recherche 2025 dans le cadre des assises du journalisme qui se tiennent à Tours, en France, du 10 au 15 mars 2025, continuera d’inspirer et d’éclairer les débats sur les médias et la société.

Gaule D’AMBERT