Auteur-compositeur, interprète et chanteur de renom, l’artiste-musicien Michel Boyibanda dit ‘’Vieux Bobo ou Vieux Michot’’, décédé le 9 octobre des suites d’un Accident vasculaire cérébral (AVC), a été porté en terre le samedi 9 novembre dernier, au cimetière du Centre-ville de Brazzaville. Après avoir reçu les hommages de la nation, au Palais des Congrès, en présence de Lydie Pongault, ministre de l’Industrie culturelle, artistique, touristique et des loisirs, de son homologue de la RD Congo, Yolande Eleba Mandembo, ainsi que des ministres Ghislain Thierry Maguessa Ebome (Enseignement technique), Irène Marie Cécile Mboukou Kimbatsa (Affaires sociales) et d’autres autorités, des artistes-musiciens, dont ceux venus de Kinshasa, avec la présence remarquée de l’un des monuments vivants de la musique congolaise, Jeannot Bombenga (90 ans), de l’orchestre Vox Africa, des mélomanes, parents, amis, connaissances…

Né le 22 février 1938, selon ses enfants, musicien au talent indéniable et chevronné, Michel Boyibanda qui a fait ses preuves dans des plus grands orchestres des deux Congo a reçu la reconnaissance de la République. D’après Pascal Akouala Goelot, Conseiller du Président de la République, chargé de la jeunesse et des sports, qui a lu l’oraison funèbre: «C’est le témoignage solennel et la reconnaissance de la République du Congo à un monument de notre culture, un phare de notre musique, un artiste dont le nom résonne avec fierté dans l’âme de notre nation, le regretté Michel Boyibanda. Il y a des hommes qui, par leurs talents et leur passion, transforment les époques. Michel Boyibanda était l’un d’eux. A travers ses œuvres, il a su capturer le sens même de notre identité congolaise».

le doyen de la musique jeannot bobenga et le president de lumc pape god
Le patriarche Jeannot Bombenga (au milieu) et Pape God, président de l’Union des musiciens congolais (à dr.)

Michel Boyibanda, a-t-il affirmé, fait partie des pères de la rumba congolaise: «Son parcours émaillé de collaboration avec les orchestres prestigieux, tels que, le Negro Band; le Tout-puissant Ok Jazz; Les Bantous de la capitale ou Les Trois Frères, qui se promenaient dans différents temples de la musique des deux Congo, comme celui des bars Bouya, et d’autre part où nous te rencontrions. ‘’Vieux Michot’’ témoigne d’un engagement sans faille, en faveur de notre patrimoine musical. Octogénaire à l’heure où sonne le glas de sa vie, Michel Boyibanda ne laisse pas seulement derrière un héritage musical, mais également un héritage culturel».
La mémoire et la légende de Boyibanda, a-t-il relevé, demeureront éternelles: «…‘’Vieux Bobo, que ton esprit trouve le repos, que ton héritage vive à jamais dans nos cœurs, et que chaque fois que nous écouterons ta musique, nous ressentions ta présence artistique qui a tant donné pour le rayonnement de notre culture. Repose en paix,!».
Conduite par Adios Alemba, la délégation de l’Union des musiciens de la RD Congo (UMICO) et leur homologue de l’Union des musiciens congolais (UMC), ont tous honorés ce grand homme de la culture congolaise, en se recueillant devant sa dépouille. Peu après, elle a pris le chemin du domicile familial, situé à Talangaï, dans le 6e arrondissement, pour un dernier hommage des parents, amis et connaissances, mais également des sociétaires de l’orchestre Les Bantous de la capitale. Dans le répertoire discographique de Michel Boyibanda, on peut retenir des titres comme : ‘’Sens interdit Au Kumbi 12’’; ‘’Masuwa enani’’; ‘’Valente yoka’’; ‘’Mbinzo nzete esolola na moto te’’; ‘’Ata na yebi’’ ‘’Diallo’’ ; ‘’Nana’’ ; ‘’Selenga’’ ‘’Masuwa enani’’ ; ‘’Bolingo na kozonga’’; ‘’Essous ayambi ngai’’; ‘’Ma fille vient voir’’…

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Michel Boyibanda

Signalons que dans la foulée de ce deuil, un spectacle qui a réuni un nombre important de groupes a été organisé pour honorer la mémoire du défunt. Présent à cette cérémonie funéraire, Kosmos Moutouari, chef d’orchestre des Bantous de la capitale, qui est arrivé dans l’ensemble trois ans après le départ de Boyibanda, a dit: «C’est une génération qui s’est éteinte après sa disparition. Et la question que je me pose c’est celle de savoir qu’allons-nous léguer à la nouvelle génération?».
Pour Djoson Philosophe, patron de l’orchestre Super Nkolo Mboka, auteur-compositeur de la chanson ‘’Rumba na piste’’: «Je l’ai bien connu pour l’avoir souvent côtoyé et surtout avant l’enregistrement de sa chanson, et avec lui, d’autres anciens de la musique congolaise qui ont le secret de la rumba».
Un cadre du ministère en charge de l’Industrie culturelle a, pour sa part, déclaré: «Je me souviens de cette attaque de chant qu’il a constituée avec Josky Kiambukuta et Ndombe Opetum, au sein de l’orchestre Tout-puissant Ok Jazz. Michel Boyibanda et Michel Hengo, ce sont des frères, pour dire qu’il a fait partie d’une famille des artistes».

Alain-Patrick MASSAMBA