C’est la plus grande île d’Afrique. Elle est discrète, mais se réveille de temps en temps dans de grandes convulsions qui finissent généralement par un changement de régime. Au cours de ces quinze dernières années, le pays a changé de maître trois fois. La troisième fois, le week-end dernier, Madagascar est passé aux mains d’un officier de l’armée, naguère frondeur reconnu avant de rentrer dans les rangs. Et, l’air de ne pas en vouloir, de décider que son prédécesseur civil qui était en poste, Andry Rajoelina, ne faisait plus l’affaire.
Il a affirmé ne vouloir respecter que la volonté de la jeunesse, la fameuse GENZ qui, au départ ne réclamait que «de l’eau et de l’électricité» ! Les choses sont allées vite dans un pays littéralement chauffé à blanc et qui s’est rallié d’autant plus vite aux slogans montant de la rue : de l’eau dans les robinets, du courant dans les maisons. Rien que ça. Puis le colonel «qui ne voulait pas du pouvoir», a nommé son Premier ministre et prononcé son serment de «président de la Refondation malgache». Jusqu’ici, rien que du très classique décrit au manuel des coups d’Etat en Afrique. Il nous reste à voir le reste.
A quel moment et de quelle manière va-t-il s’attaquer au double défi du courant et de l’eau? Comment va-t-il intégrer dans sa stratégie de pouvoir cette jeunesse rebelle qui déjà se montre boudeuse devant la personne du premier ministre nommé sans elle? Quid des défis du développement de Madagascar. La grande île a-t-elle rallié la voie de la démocratie sans effusion de sang (à la mode gabonaise) ou bien seulement préparé le terrain à l’installation des militaires au pouvoir? Les premiers signes donnent comme des signes de déjà-vu : avec un refus de s’identifier comme pays putschiste et une propension à exhiber son bilan de non-versement du sang comme clé d’entrée et de maintien dans le concert des Nations.
Albert S. MIANZOUKOUTA
