Comme un peu partout dans le monde, au Congo, il n’existe pas d’écoles dédiées à la formation au journalisme économique. Mais à Pointe-Noire, l’heure est désormais à l’auto formation. Du moins, c’est la mission que s’assigne le tout nouveau Cercle de la presse économique.

«Que signifie pays de transit?», demandait récemment un enfant du quartier Mongo-Kamba (au Nord de Pointe-Noire) à son père, après le reportage d’une chaîne locale qui expliquait que le Congo est un pays de transit.
Impossible pour l’auteur du reportage d’exaucer le vœu du jeune garçon afin de parler de la position géographique du Congo qui, grâce à son ouverture sur l’Atlantique, son port en eau profonde, son chemin de fer et sa longue route fluviale, constitue un point d’entrée et de sortie de marchandises pour de nombreux pays de la sous-région n’ayant pas d’ouverture sur la mer.
Si ce cas de Mongo-Kamba paraît isolé, il est toutefois symptomatique de la réalité dans un pays qui compte de nombreux organes de presse. Des organes qui, en revanche, consacrent peu ou pas de temps ni d’espace pour expliquer le plus clairement possible les sujets ayant trait à l’économie.
La faute? Le manque de journalistes ayant une parfaite maîtrise des questions économiques étant donné qu’il n’existe pas au Congo, comme dans d’autres pays de la planète, de structures spécialisées dans la formation des journalistes économiques.
Il faut donc se former, et même s’auto former. C’est l’ambition que nourrit le cercle de la presse économique mis en place le 10 février dernier à Pointe-Noire sous l’impulsion de Jean Banzouzi-Malonga, chef de bureau départemental du Bi-hebdomadaire «La Semaine Africaine» et Christian Herbert Massamba, chargé de communication à la chambre consulaire de Pointe-Noire.

Une lourde tâche pendant la présidentielle
S’ils n’ont pas étudié l’économie dans des écoles, Christian et Jean ont néanmoins acquis une certaine expérience pour avoir travaillé dans des revues économiques de la place ou de l’étranger.
«Le journaliste économique doit savoir lire un état financier, un bilan ou un rapport annuel. Il trouve souvent une base d’articles en notant les variations des recettes et des dépenses d’une année à l’autre. Il compare les entreprises d’un même secteur ou d’une même région», a indiqué Christian Massamba.
«Des concepts comme balance commerciale, PNB, taux de croissance ne sont pas souvent bien compris par le public. Il revient au journaliste de bien les leur expliquer», a appuyé Jean Banzouzi Malonga développant le thème: «Journalisme économique: Approche, exigences et défis».
Trois collègues journalistes ayant une forte expertise sur les questions économiques ont été mis à contribution à travers des interventions par vidéo. Il s’agit du Français Olivier Caslin de Jeune Afrique, du Camerounais Jacques Junior Schule, ancien journaliste au magazine «Marchés tropicaux» aujourd’hui à la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale (Cosumaf) et du Congolais Alphonse Ndongo, ancien rédacteur en chef du magazine «TerrAfrica» et actuellement consultant pour plusieurs médias.
C’est donc peu de dire que ces retrouvailles ont été celles de la prise de conscience pour les journalistes congolais qui ont la lourde tâche de montrer au public la pertinence, les forces et les faiblesses, les limites et les mérites des programmes économiques des différents candidats à la présidentielle du 21 mars prochain. Une élection qui se tient dans un contexte de grave crise économique que les autorités attribuent à la chute des cours du pétrole, principale source des revenus du pays (près de 80 % du budget national).

John NDINGA-NGOMA